Depuis quinze ans, on reçoit des artistes et personnalités mondialement connu·e·s de la pop culture, mais on a aussi à cœur de spotter les talents émergents dont les médias ne parlent pas encore.
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En 2024, après une première édition des Talents of tomorrow, on repart en quête de la relève. La rédaction de Konbini vous propose une série de portraits sur les étoiles de demain, qui vont exploser cette année. Des personnalités jeunes et francophones qu’on vous invite à suivre et soutenir dès maintenant.
© @worldwidezem/Konbini
Portrait. Lorsque Arianne débarque en France pour la première fois en 2016, elle ne se doute pas qu’elle retournera bien vite (et bien souvent) de l’autre côté de l’Atlantique. Cela n’arrivera pas avant quelques années, mais entre-temps, Arianne devient Cocotte. Ah oui, et petit point de lexique québécois : son pseudo n’a aucun rapport avec une poule ou même une marmite : “Pour nous, une ‘cocotte’, c’est ce que vous les Français appelez une ‘pomme de pain’ ! C’est aussi un petit surnom affectif qu’on peut donner à sa ‘blonde’ [sa copine, ndlr]. J’ai pris ce pseudo comme ça, j’ai trouvé ça mignon.”
Si Cocotte est aujourd’hui une des streameuses et youtubeuses les plus émergentes du Québec, rien ne la destinait pourtant à une carrière sur les réseaux. Pour cette originaire de Coteau-du-Lac, petite ville “vraiment cute” sur les berges du fleuve Saint-Laurent, Internet est arrivé tardivement dans son quotidien : “Je ne regardais pas YouTube, pas même les réseaux sociaux, j’étais vraiment zéro là-dedans.”
Jusqu’à il y a quelques années, la vie d’Arianne se résumait à des passions plus IRL telles que le sport (football, volleyball), ses missions de sapeur-pompier volontaire ou encore sa longue expérience chez “les cadets”, institution canadienne à mi-chemin entre les scouts laïques et notre Service national universel (SNU) français. Sans même savoir qu’un jour elle finirait par truster le haut du YouTube francophone, Cocotte a néanmoins toujours eu de la suite dans les idées. “À la base, je faisais des études pour être ‘project manager’ dans une compagnie [entreprise, ndlr] !” nous dit-elle. Mais un beau jour, Cocotte lance une partie sur le célèbre battle royale Call of Duty: Warzone.
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Cependant, comme pour beaucoup de carrières sur Internet, il y a un début hasardeux, et pour Cocotte, l’alignement des planètes va paradoxalement se faire avec la pandémie de Covid-19. Si, comme beaucoup, elle avait déjà joué à Mario Kart et d’autres classiques party games familiaux, le confinement imposé va l’amener à tester le FPS Warzone. “J’ai vraiment eu un coup de foudre pour ce jeu, je connaissais pas du tout ! Puis un jour, j’ai un ami qui m’a dit que je pouvais aussi live en même temps que je joue, j’étais pas du tout au courant !”
Fin 2020 et en quelques clics, Cocotte lance déjà ses premiers streams sur Twitch, et le succès vient très vite. “La première semaine, j’avais 70 viewers, c’est énorme déjà !” Sa bonne énergie communicative n’est pas étrangère à son succès, et, de raid en raid, elle attire bien vite un premier public – d’abord essentiellement québécois. Car non contents de passer sur son stream, les viewers restent fidèles, permettant à Cocotte d’obtenir le statut de “Partenaire Twitch” dès le premier mois. “Au début, je faisais surtout du ‘Just Chatting’ [de la discussion avec le tchat, ndlr] parce que mon PC laptop n’était pas assez performant pour streamer des jeux. Une semaine plus tard, j’ai décidé d’acheter une tour gaming.”
Et l’onéreux investissement paie, puisque un an plus tard, Cocotte s’installe en colocation avec quatre autres créateurs de contenu québécois. “C’était un vrai risque, mais au bout de trois mois, j’étais officiellement à plein temps en stream !” Les streams marchent toujours aussi bien, mais Arianne se détache peu à peu de l’ambiance “gaming house”. “Je suis finalement revenue chez mes parents, j’ai découvert que je n’aimais pas trop la colocation, en fait ! Quand je suis rentrée, j’ai commencé à publier sur TikTok. Et c’est là que les Français ont débarqué !”
Pour une raison qu’elle-même ignore, l’algorithme du réseau social montant de ces dernières années met énormément en avant le contenu de Cocotte auprès du public français, une toute nouvelle audience qui va aussi la suivre massivement sur Twitch. La bonne humeur naturelle de Cocotte conquiert tout le monde. Son accent québécois joue évidemment en sa faveur pour les “maudits Français” que nous sommes, mais c’est surtout sa capacité à s’amuser tout en amusant son audience qui fait son succès. “Il y a beaucoup de monde qui dit que je vis pour les satellites [les caméras, ndlr] mais je reste moi-même, je mets toute mon énergie à chaque fois, si tu n’aimes pas, t’es pas obligé de me regarder !”
@cocottee_ VOICI BOB LE CACTUS🌵 #fyp #foryou #xyzbca #funny #drole #cactus #bob #laughing #laugh #rire #qc #montreal #tiktokquebec #chaotic #streamer #twitch ♬ Swing Lynn - Harmless
“Quand on m’a reconnue en France, j’étais choquée”
En stream, Cocotte fait désormais tout ce qui lui semble amusant, divertissant ou intéressant. Cela peut passer par des objets loufoques (un cactus qui se dandine, des Crocs Cars), un concept ou juste par son humour détonnant et sa répartie acérée. Et cela marche, très bien même. Petit buzz après petit buzz, cette nouvelle notoriété lui permet de traverser l’Atlantique. Si elle avait déjà visité Paris avec ses parents lorsqu’elle était encore adolescente, cette fois, c’est différent : on l’invite à venir assister en direct au premier GP Explorer. En octobre 2022, la course de F4 organisée par Squeezie voit s’affronter une vingtaine de créateurs de contenu internet, le tout retransmis sur Twitch devant plus d’un million de viewers. “J’en revenais pas d’être là ! C’était aussi la première fois que je me faisais reconnaître en dehors de mon pays. C’était dingue !”
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C’est par cet événement que Cocotte se fait de premiers amis. “La première, c’était Kaatsup”, se souvient-elle, “on s’était parlé sur Insta avant, j’ai même rencontré sa famille [rires]”. La machine est lancée, Cocotte revient maintenant régulièrement en France, que ce soit pour jouer au dernier Call of Duty avec Gotaga et Inoxtag, participer à un tournoi Fortnite avec Doigby ou apparaître dans les vidéos de divers influenceurs francophones. “Je viens quasiment tous les mois. Quand j’arrive, je remplis tout mon calendrier avec des tournages, je la joue ‘bac à bac'”, nous explique-t-elle en précisant que oui, les Québécois traduisent littéralement l’expression “back-to-back” – “l’un à la suite de l’autre” en “maudit français”.
Un an plus tard, c’est déjà une première consécration, puisqu’après avoir été spectatrice privilégiée à la première édition, on lui propose de venir coanimer la deuxième édition du GP Explorer en 2023. Un événement très marquant pour la jeune influenceuse, qui va la conforter dans son choix de vie. Cocotte assume de “grind” : bûcher, créer, innover et globalement participer à augmenter sa notoriété. La rencontre avec l’Internet français lui a fait comprendre quelque chose : il y a encore tout à faire dans la création web québécoise. “Le Twitch et le YouTube québécois, c’est genre ce qu’étaient le Twitch et le YouTube français en 2016 !”
“C’est que le début !”
Bien sûr, les youtubeurs québécois existent, et ce ne sont pas ses amis comme Gurky ou Shahin qui vont la contredire. Mais Cocotte a conscience que beaucoup de choses sont encore à faire dans la Belle Province, et elle ne compte pas rester sur le bas-côté. Ses armes ? Une énergie débordante, une bienveillance à toute épreuve et une québécoisité synonyme de fierté. “J’suis contente là, tu me comprends sans problème !” plaisante-t-elle. Déménager en France ? Ce n’est pas envisageable pour Cocotte pour qui le québécois est sa langue maternelle : “Je sais que ça a fait mon succès auprès des Français. Des fois, il y en a qui ne comprennent pas, alors que moi, j’vous comprends très bien [rires] ! Il y en a aussi qui disent que je force mon accent, c’est ridicule, c’est juste comment je parle !”
S’il y a barrière de la langue, Cocotte compte bien l’abattre. À 23 ans, la jeune créatrice a déjà plein de projets, d’idées, et ne manque pas d’ambition. “Quand je dis que j’veux être la Squeezie du Québec, c’est surtout pour dire que je veux couvrir beaucoup de sujets.” Pas d’album musical ou de documentaire en perspective, en revanche, les initiatives comme le GP Explorer l’ont beaucoup marquée. Elle admire grandement les projets d’Inoxtag, notamment son ascension prévue de l’Everest et tout ce qui précède cette incroyable expérience.
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Un projet fou ? Arianne veut inviter les créateurs français au Québec, et un match de hockey contre la France serait l’occasion parfaite. “Si tu me donnes budget illimité, je ramène même des hockeyeurs professionnels pour entraîner les Français, parce que vous êtes pas très bons [rires] !” Avec de bons moyens, elle se voit déjà louer le Centre Bell de Montréal, la plus grosse salle omnisports du Québec. “Allô les Français, les Québécois existent aussi ! C’est un peu ça, mon message !”
Désireuse de partager ses humeurs, son humour, son style comme sa culture, Cocotte amène un nouveau vent frais (un alizé canadien, forcément) dans la création internet francophone, et de feat en aiguille, nul doute que bientôt, toute la Gaule sera conquise par son charisme.
Les recos de Cocotte
- Un film : La trilogie Le Seigneur des anneaux de Peter Jackson
- Un youtubeur : Inoxtag
- Un streamer : Lewislefou
- Un jeu vidéo : Call of Duty: Warzone
- Un artiste musical : Juice Wrld