Le cinéma français va suivre une formation pour prévenir les violences sexuelles

Le cinéma français va suivre une formation pour prévenir les violences sexuelles

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Demonstrators hold banners during a protest against French-Polish film director Roman Polanski outside the “Champo” cinema hall in Paris on November 12, 2019. – Interviews to promote Polanski’s new film “An Officer and a Spy” have been either cancelled or pulled after a new rape allegation against the controversial director on November 8. (Photo by Christophe ARCHAMBAULT / AFP)

Elle s’adressera dans un premier temps aux producteurs, vendeurs internationaux et distributeurs.

Près d’un an après le séisme provoqué par les accusations de l’actrice Adèle Haenel visant le réalisateur Christophe Ruggia, le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) a lancé mardi une formation pour prévenir les violences sexuelles, à destination des employeurs du secteur.

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Dès novembre 2019, le cinéma se fait rattraper par la vague #MeToo née aux États-Unis deux ans plus tôt. Peu après les déclarations d’Adèle Haenel, qui affirme avoir été victime d’“attouchements” et de “harcèlement sexuel” de la part de Christophe Ruggia quand elle était âgée de 12 à 15 ans, de nouvelles accusations de viol portées par une photographe française s’ajoutent à celles visant le réalisateur franco-polonais Roman Polanski depuis une quarantaine d’années.

Dans la foulée, l’ancien ministre de la Culture Franck Riester a annoncé une série de mesures pour lutter contre le harcèlement sexuel dans le cinéma, dont le conditionnement des aides du CNC au respect d’obligations qui restent alors à définir.

Une longue formation

La formation inaugurée onze mois plus tard au CNC fait ainsi “dorénavant” partie de ces obligations, après une “longue” concertation avec les filières du “cinéma, de l’audiovisuel et du jeu vidéo”, a expliqué mardi le président du CNC, Dominique Boutonnat, devant une quarantaine de personnes. Prise en charge par le CNC et dispensée par l’Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT), la formation se déclinera en 90 sessions à l’intention de 9 000 professionnels d’ici “trois ans”, a ajouté M. Boutonnat.

Elle s’adressera dans un premier temps aux producteurs, vendeurs internationaux et distributeurs, puis en 2022 aux exploitants et industries, selon le CNC. Il s’agira notamment de rappeler aux employeurs leurs “obligations légales” et de les aider à identifier “les facteurs de risques” propres au secteur.

Dans une vidéo diffusée en début de session, trois techniciennes témoignent par exemple de la “proximité des corps” lors des tournages, qui peut faciliter les abus, ou encore des “rapports de domination” instaurés par des confrères masculins apportant leur “aide”.

Plus de protection

Outre la formation, d’autres mesures sont imposées aux demandeurs d’aides, parmi lesquelles la “désignation d’un référent” sur le harcèlement sexuel “pour les entreprises de plus de 250 personnes”, ou encore “l’élaboration d’une procédure interne de signalement”.

En revanche, rien n’est pour l’heure prévu à l’adresse des réalisateurs. Or, pour une technicienne de tournage qui s’exprime dans la vidéo : “C’est vraiment le réalisateur qui donne le la, ça va être la seule personne qui va être capable de mettre un stop sur le plateau puisqu’il le fait au sacrifice de son film.”

Pour la productrice Pauline Seigland (Films Grand Huit), qui salue une première session très instructive “notamment sur les recours juridiques”, “il faut absolument que cette formation soit étendue à 100 % des gens qui travaillent dans le cinéma”, y compris aux jeunes comédiennes ou comédiens avant d’ajouter que “c’est aussi en connaissant ses droits qu’on se défend le mieux”.

Pour son confrère Antoine Liétout (Laïdak Films) la sensibilisation des “garants du cadre légal d’un tournage” aux violences sexuelles a en tout cas le mérite de “faire progresser les choses”.

Konbini avec AFP