Ce n’est pas tous les jours qu’on cause avec de tels monuments de la SF à la française. Pourtant six mois avant la sortie du film de Luc Besson, Konbini a eu le privilège de s’entretenir avec les créateurs de la bande dessinée Valérian et Laureline, Jean-Claude Mézières et Pierre Christin.
À voir aussi sur Konbini
“C’est malsain de penser au cinéma lorsqu’on exerce un autre art”, confie le scénariste de Valérian, Pierre Christin dans l’interview qui suit. Pourtant les adaptations de bandes dessinées au cinéma n’ont jamais été aussi nombreuses. Si on pense forcément aux poids lourds hollywoodiens que sont les films de super-héros, la bonne vieille BD franco-belge se taille petit à petit une place dans les salles obscures. Entre les justiciers encapés de Marvel ou DC Comics et les personnages tout aussi charismatiques des maisons d’édition francophones (Spirou avec Alex Lutz, les ados livrés à eux-mêmes de Seuls, Zombillénium, Tamara, mais aussi Les Profs, Boule et Bill, etc.), l’idylle qui se noue entre le septième et le neuvième art ne fait sans doute que commencer.
Sans surprise, l’adaptation la plus remarquable à Angoulême cette année était celle de Valérian et Laureline, dont l’atterrissage au cinéma est prévu le 26 juillet sous le nom de Valérian et la Cité des mille planètes, sous la houlette de Luc Besson. Un véritable événement pour la BD comme pour le cinéma : les aventures des deux agents spatio-temporels interprétés par Cara Delevingne et Dane DeHaan deviendront alors non seulement l’adaptation la plus ambitieuse d’une BD française, mais également le film le plus cher de l’histoire du cinéma français. Le budget ? 170 millions d’euros. À titre de comparaison, il y a vingt ans Le Cinquième Elément en avait coûté près de deux fois moins. Et les prophètes de misère d’estimer qu’Europa Corp pourrait y laisser plus que des plumes si le film faisait un flop.
C’est pourtant à des années-lumière de toute pression que s’est déroulée notre rencontre avec Pierre Christin et Jean-Claude Mézières, illustres et vénérables auteurs de la saga Valérian en bande dessinée. Ces deux pionniers d’une alternative intelligente à la SF en BD nous ont accordé un entretien au cœur de l’effervescence de la 44e édition du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême. Avec les deux vieux sages du phylactère on a parlé du mépris qui régnait pour la science-fiction dans les années 1960, du boom des adaptations BD, du génial Mad Magazine, de la finesse de l’esprit de Snoopy et, pour finir, de leur confiance en Luc Besson pour faire de leur œuvre de papier “le plus grand film de science-fiction français”.
Konbini | C’était comment d’être auteur de science-fiction dans les années 1960 ?
Pierre Christin | Je peux vous dire qu’être auteur de SF plus auteur de BD, c’était être auteur de crétins. C’était rien. Zéro dans le meilleur des cas, mal vu dans le pire. D’ailleurs la preuve : comme beaucoup d’auteurs que j’admirais, j’ai pris un pseudonyme – je trouvais ça très chic. C’était aussi par égard pour mes collègues professeurs de l’université : ils n’avaient pas besoin de le savoir. Ce que représentaient la BD et la SF se trouvait dans de toutes petites poches intellectuelles très raffinées et généralement parisiennes. Mais pour le grand public, la BD c’était pour les gosses et la SF pour les allumés.
Malgré cette défiance populaire, qu’est-ce qui vous a attirés vers la SF ?
Jean-Claude Mézières | C’était ce qu’on aimait lire ! Mais nos références ne sont pas vraiment cinéma, parce que la SF en 1966-67 [date d’apparition de Valérian dans Pilote, ndr], c’était encore beaucoup de nanars, notamment issus des années 1950. 2001 : l’Odyssée de l’espace n’était même pas encore sorti. D’ailleurs c’était plutôt ridicule à l’écran : des toiles peintes, des effets spéciaux de l’époque comme le ventilateur avec un peu de fumée, les câbles apparents… Tout ça faisait que ce n’était pas très sérieux ! Mais on a conservé ce côté léger parce qu’on faisait une BD plutôt humoristique. J’ajoute qu’on vivait aux États-Unis, où Christin était prof et moi cow-boy.
Or raconter du western c’était fait par les meilleurs depuis longtemps ; les flics, merci mais c’était pas ma tasse de thé ; les militaires non plus… Il restait ce terrain complètement vierge que personne, ou presque, ne faisait en BD à l’époque : la science-fiction. Les Pionniers de l’Espérance étaient déjà une BD ancienne… Il y avait aussi une tentative de Gillon et Forest, Les Naufragés du temps, qui s’est interrompue pour reprendre plus tard… Mais à part ça, ça n’existait presque pas !
Diriez-vous que pendant votre aventure américaine, vous étiez inspirés par les plus célèbres des BD d’outre-Atlantique, les fameux comics ?
Jean-Claude Mézières | [Catégorique] Niet, c’était pas notre truc !
Pierre Christin | C’est même le contraire des comics qu’on a essayé de faire. Ce qui ne veut pas dire qu’une certaine BD américaine n’a pas eu d’influence sur nous. Ça a été un ravissement pour moi de découvrir les strips des Peanuts de Schulz, avec Snoopy et Charlie Brown, tellement c’était un humour pas du tout français : c’était psychanalytique, en douceur, en délicatesse. Alors que l’humour que j’aimais à l’époque, c’était Hara-Kiri : plus ça tapait, plus ça faisait mal, plus c’était vulgos et mieux c’était. Mais tout était en understatement dans Peanuts et ça m’a beaucoup marqué. Faut dire que c’est la meilleure présentation de l’Amérique qu’on pouvait avoir : on comprenait comment étaient les Américains – même les chiens américains, d’ailleurs [rires]. Il y a aussi eu Mad Magazine, qui était alors au pic de sa forme… Graphiquement comme politiquement, c’était une remarquable tentative de mélange.
Les revues humoristiques illustrées existent en France et aux États-Unis depuis le XIXe siècle… mais là c’était un vrai mélange inédit : c’était d’abord de la BD, et ensuite de la politique. C’était très au point, très informé, très drôle, très bien dessiné. C’était une autre voie que celle des comics et, bien sûr, il n’y avait pas que nous parmi nos compatriotes à nous nourrir de cela : René Goscinny connaissait bien et était copain avec la bande de Mad quand il vivait à New York. Il y a donc bien une BD américaine qu’on revendique. Mais les comics à super-héros, pfrrt !
Comment expliquer votre rejet pour ce style ?
Jean-Claude Mézières | Je ne pouvais tout simplement pas en lire ! D’un point de vue graphique, je trouvais cela stéréotypé. Les dessinateurs dessinaient tout dans le même style : les gros biscotos, les gueules de face, les mâchoires carrées, les poings fermés… Moi je venais de l’époque Franquin, Morris, Hergé et tout ce qui était franco-belge se voulait inventif. Les comics ? Ça ne nous semblait pas aussi intéressant : y a que des grosses têtes ! Des gros culs ! Des gros poings ! Pas de décor, pas de création, aucune invention, ils sont tout le temps en train de flotter dans les airs ! Donc ça ne m’intéresse pas.
Aviez-vous alors le sentiment de produire une alternative à ces comics pour les fans de SF ?
Pierre Christin | Non, on ne cherchait pas à faire ça ! On n’en avait pas conscience non plus. On essayait seulement de faire quelque chose.
C’est sans doute la littérature qui vous a davantage inspirés dans le développement de Valérian ?
Pierre Christin | Oui, c’est d’ailleurs ce qui était curieux à une période de rejet si fort pour le genre : la littérature SF était si raffinée. Je pense par exemple aux grandes fresques d’Isaac Asimov, qui s’écoulent sur des siècles et des siècles, ça nous a enthousiasmés et surtout inspirés. Quand je me suis lancé dans Valérian, j’avais déjà en tête non pas d’imiter Asimov, mais de le suivre dans une vision de l’univers qui s’étend très loin, telle une fenêtre ouverte sur quelque chose d’inconnu. On peut tout raconter ! Il y a des auteurs malheureusement un peu oubliés aujourd’hui comme Alfred Van Vogt et sa Faune de l’espace : c’est la création inouïe d’un bestiaire galactique, et pour moi qui ai toujours aimé les atlas et les travaux liés aux explorations, tout à coup, c’était encore mieux : on s’est rendu compte qu’on pouvait faire des atlas imaginaires sur des planètes qui n’existaient pas ! Voilà la genèse de Valérian.
Alors que vous étiez auteurs de BD, qu’est-ce que ça vous a fait de retrouver des parties de votre travail au cinéma, comme par exemple dans Star Wars en 1977 ?
Jean-Claude Mézières | Tout d’abord, notons que ce sont de petits emprunts. Entre Star Wars et Valérian, il y a un fossé. Mais il y a effectivement de petits détails d’inspiration graphique. Et il y a des morceaux de scénario qu’on peut retrouver, mais ce n’est pas ça qui compte. Esthétiquement, George Lucas s’est dit qu’il y avait une idée à creuser derrière notre BD. Vous connaissez la suite. Mais évidemment, je bavais d’admiration en me disant “Putain, les salauds, ils m’ont doublé !” [Rires.]
“on ne s’imaginait pas gagner beaucoup d’argent avec quelque chose d’aussi mal vu. L’idée d’adapter Valérian au cinéma ne pouvait tout simplement pas nous venir à l’idée”
Est-ce à partir de ce moment-là que vous avez imaginé un avenir au cinéma pour Valérian ?
Pierre Christin | À l’époque, il y avait peu ou pas de BD adaptée au cinéma : les super-héros, c’est arrivé plus tard, et quel décalage ! Car au passage les super-héros connaissent une deuxième vie ces temps-ci, après une première vie qui était d’ailleurs inconnue d’un vrai grand public. Il s’agit de se souvenir que les magazines “pulp” se vendaient juste à côté des magazines porno… On se situait à des années-lumière de la reconnaissance qu’ils ont aujourd’hui. En France, les éditeurs ne parlaient pas au cinéma, ne serait-ce que parce que les gens de cinéma ne comprenaient pas les BD. La plupart des producteurs, ou en tout cas des décideurs financiers du cinéma, n’étaient pas des lecteurs de BD. C’était une autre génération ! Et c’est un comble, les éditeurs leur envoyaient parfois des BD, mais les mecs finissaient par leur demander un script car ils ne comprenaient pas la proposition en bande dessinée. Ce qu’on en disait ? Que des gamins de dix ans comprenaient et pas eux, alors ça nous paraissait étrange. Ça prouvait qu’ils ne savaient pas lire une BD.
Jean-Claude Mézières | C’était un temps où les producteurs ne cherchaient leurs adaptations que dans la littérature noble. Adapter Guerre et Paix de Tolstoï, ça c’était chic. Comme la BD était mal comprise et mal interprétée, on ne s’imaginait pas gagner beaucoup d’argent avec quelque chose d’aussi mal vu. Voilà pourquoi l’idée d’adapter Valérian au cinéma ne pouvait tout simplement pas nous venir à l’idée.
Pierre Christin | En fait, ça a basculé exactement quand Marvel et compagnie se sont emparés de vieux héros tombés complètement en déshérence, avec une nouvelle génération de cinéastes et de comédiens nourris à la BD dans leur enfance.
C’est grâce à ce genre de succès commerciaux que vous avez songé que Valérian aurait sa chance au cinéma ?
Jean-Claude Mézières | Eh bien, on remarquait que certains ne se gênaient pas pour nous piller nos idées… Et moi, en tant que dessinateur, ça me titillait ! Il faut se rappeler que dans les années 1980, monter cela en France était proprement impossible. Aucune production française ne pouvait ressembler à cela et on n’avait pas les moyens techniques. On n’a jamais été à la recherche d’une reconnaissance plus large grâce à une adaptation au cinéma, mais Luc Besson nous fait une belle révérence en tentant de restituer ce qu’il a appris de Valérian, ses lectures de jeunesse, aujourd’hui dans son travail de cinéaste.
Pierre Christin | De toute façon, c’est malsain de penser au cinéma quand on exerce un autre art. À une époque, des tas de polars ont été écrits non pas pour être chez Rivages ou la Série noire, mais dans l’espoir de devenir des adaptations. Malheureusement, ça entraîne un certain type de séquençage un peu “forcé” : on sent que l’auteur a déjà pensé son texte comme un script de cinéma. Je suis désolé, mais ce n’est pas ce qui donne les meilleurs romans. Les plus belles adaptations sont souvent venues de romans qui ne sont pas pensés comme tels.
En BD, je constate le même phénomène depuis une dizaine d’années. Je ne peux parfois pas m’empêcher de songer “Tiens, le gars a sa petite idée”. On le voit surtout quand on est un vieux roublard, par exemple dans la pagination: fondamentalement, une BD ça ne marche pas très bien au cinéma parce que ça fait entre quarante et cinquante pages. Pour un film, ça ne va pas : ce n’est pas assez, ou c’est trop… enfin bon, ça ne marche jamais ! Parce qu’un film de 90 minutes ou de deux heures, c’est un autre rythme. Quand je commence à voir des BD calibrées, de préférence avec une héroïne pulpeuse, je flaire qu’il y a anguille sous roche… Il y a des exceptions évidemment, mais ça donne rarement les meilleurs résultats.
Alors justement, comment s’est passée la relation entre Luc Besson et vous ?
Jean-Claude Mézières | On se connaissait déjà ! J’ai travaillé sur Le Cinquième Elément et puisque ça s’est plutôt bien passé il est revenu à la charge. Ce n’est pas nous qui lui avons tiré la chemise pour lui dire de faire Valérian, quoi qu’il raconte… ça n’a pas trop d’importance.
Avez-vous tenu un rôle lors de la production ou du tournage du film ?
Jean-Claude Mézières | Non, parce que ce n’est pas le même métier. On laisse carte blanche, sinon l’adaptation au cinéma n’a aucun intérêt…
Pierre Christin | La grande doctrine de la plupart des scénaristes américains, que nous avons appliquée ici, c’est “take the money and run !” [Rires.] Sérieusement, moins vous vous en occupez, mieux vous vous portez puisque la suite est essentiellement matière à conflits, divergences…
“Les droits ont été vendus à quelqu’un sur qui on peut compter : le savoir-faire de Luc Besson est reconnu par tous”
Jean-Claude Mézières | Aucun dessinateur, aussi doué soit-il, ne peut se permettre d’arriver et de dire : “Ôte-toi de la caméra, je vais le diriger moi-même.” C’est comme si on était passagers et qu’on voulait prendre le volant du mec qui est en train de conduire à côté de nous : il faut faire confiance.
Pierre Christin | Les droits ont été vendus à quelqu’un sur qui on peut compter : qu’on aime ou pas ses films, le savoir-faire de Luc Besson dans le domaine des films à grand spectacle, et en particulier de la SF, est reconnu par tous. Il sait faire ça. Que le film soit réussi ou pas, c’est encore mystérieux… Mais nous avons pu le voir à l’œuvre et ça inspire confiance.
Jean-Claude Mézières | On a assisté à plusieurs journées de tournage, mais nous n’étions là qu’en tant qu’invités d’honneur, pas comme consultants. On était dans un petit coin, le plus discret possible pour ne pas gêner… Et on a vu une usine de fabrication énorme. Luc Besson sait ce qu’il fait.
Pierre Christin | Dans Valérian tout comme dans de nombreux films de Besson – et ça fait partie de ses qualités – il y a un côté enfantin. Parfois, sur le plateau, il était excité comme un gamin avant de nous montrer ses trouvailles de tournage pour adapter la BD en images animées. Et d’ailleurs, dans quelques cas, les décors nous ont vraiment impressionnés…
Et alors, ça fait quoi de voir son œuvre de papier transposée au cinéma en 2017 ?
Jean-Claude Mézières | Mouis, c’est impressionnant mais enfin bon, on est blasés [rires] ! La moitié de l’image est construite en dur, avec de formidables détails, et derrière il y a un grand bazar bleu sur lequel seront projetés le ciel, les planètes, les étoiles, etc. Enfin à ce moment-là c’était encore une toile bleue [re-rires].
Pierre Christin | Vous savez, si vous allez dans de grandes cuisines, voir les cuisiniers et les marmitons travailler, ça ne donne pas toujours envie de bouffer… C’est technique, quoi. Ce qu’on peut dire c’est qu’on a surtout vu une cuisine bien tenue… Donc ça devrait être bon !
Vous avez déjà expliqué que jusqu’il y a peu de temps, à cause de certaines prouesses techniques encore absentes, le cinéma aurait échoué à transposer votre œuvre convenablement. Comment être sûr que ces mêmes prouesses techniques ne seront pas ringardes dans cinq, dix, quinze ans ?
Jean-Claude Mézières | Personne ne peut être sûr de ça. Personne ne dit qu’il est en train de faire son chef-d’œuvre, même les plus cons ! En revanche, on peut dire qu’on essaye, et qu’on essaye de faire du mieux possible. Au cinéma, c’est pareil, qui peut prétendre préparer le film du siècle ? Seul compte le savoir-faire des vrais artisans. Et ça va au-delà de simples effets spéciaux.
Pierre Christin | Vous savez, la mode, ça va, ça vient… Ce qui me surprend c’est que ce soit finalement Valérian qui deviendra le premier grand film de SF français car il y avait des BD de SF qui étaient beaucoup plus à la mode ! Mais il y en a beaucoup dont on ne se souvient pas parce que le scénario n’était pas terrible – et pourtant, elles étaient davantage à la mode. On a pu croire que ça nourrirait le cinéma mais non, ça ne s’est pas passé comme ça.
Quels sont vos films de science-fiction favoris ?
Jean-Claude Mézières | On a vu tout ce qu’il fallait voir à un moment donné. J’ai bouffé énormément de pellicule, mais moins maintenant. Saturation, fatigue, gâtisme, je ne sais pas. Je vais moins au cinéma et ne peux pas regarder un film sur un ordinateur, donc je n’ai pas trop d’opinion sur les productions nouvelles.
Pierre Christin | J’ai de grands modèles, comme les Kubrick. 2001, c’est la première chose intellectuellement très passionnante – et même visuellement – pour les moyens de l’époque. C’était très impressionnant. Il y a beaucoup de petits films avec des moyens relativement restreints que j’ai trouvés fantastiques, comme Bienvenue à Gattaca. C’est un film terrestre d’anticipation avec beaucoup d’idées passionnantes. Il est très bien filmé, le sujet est passionnant, les acteurs épatants.
Et en BD ?
Jean-Claude Mézières | Je sais qu’il y a beaucoup de bandes dessinées de SF intéressantes mais… j’en lis peu. En fait quand les jeunes auteurs me montrent leur travail, comme par exemple ici à Angoulême, ils dessinent souvent vingt fois mieux que je ne dessinais à mes débuts, mais il y a des fautes de débutant où il faut réagir : cadrage, trop de détails… ça m’empêche de plonger en ouvrant la BD. Mais il y a des tas de talents et de jeunes dessinateurs qui valent le coup.
Pierre Christin | Ce qui a tendance à me plaire c’est plutôt ce que je ne sais pas faire. Je lis peu de BD de SF, voire pas du tout. Un des côtés extrêmement déplaisants d’Internet, c’est qu’il faut toujours chercher à savoir qui a copié qui. Surtout dans les commentaires, des gens passent leur temps à faire ça ! Des chroniques entières sont même consacrées au fait qu’un réalisateur s’autoplagie… Mais quel intérêt ? Ça s’appelle le style ! J’ai tendance à dire que je lis peu de BD aussi parce que j’en fais. Mais ce que j’adore, c’est la BD humoristique, parce que je ne sais pas bien en faire. Donc que ce soit Riad Sattouf ou René Pétillon, j’ai une admiration épatante pour ça. C’est ce qui est le plus éloigné de nous-mêmes.