Comme chaque année, il y a eu son lot de surprises et de déceptions pendant la cérémonie de remise de prix des Golden Globes. Outre le sacre d’Emilia Pérez côté cinéma et de Shōgun côté séries, la catégorie Meilleure actrice dans un film dramatique était particulièrement relevée. Angelina Jolie (Maria), Nicole Kidman (Babygirl), Pamela Anderson (The Last Showgirl) mais aussi Tilda Swinton (La Chambre d’à côté) et Kate Winslet (Lee Miller) se sont inclinées face à une outsideuse, Fernanda Torres, comédienne d’origine brésilienne qui a fait sensation à l’international grâce à son rôle dans Je suis toujours là de Walter Salles.
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Avec cette victoire d’une actrice non américaine, les Golden Globes continuent dans cette volonté d’être une cérémonie plus à l’écoute des productions étrangères, comme en témoigne aussi l’énorme succès d’Emilia Pérez. Mais alors comment expliquer la victoire inattendue de Je suis toujours là ? Il s’agit d’un film qu’on ne pourra voir qu’à partir du 15 janvier en France, mais qui s’est déjà fait remarquer à la Mostra de Venise (prix du Meilleur scénario) et qui peut compter sur l’expérience de son réalisateur sexagénaire et chevronné, une légende au Brésil, Walter Salles.
Production franco-brésilienne, Je suis toujours là est un drame biographique, adaptation du roman Ainda estou aqui de Marcelo Rubens Paiva. Cet auteur et journaliste originaire de São Paulo raconte dans cette chronique historique l’exil de son père, Rubens Paiva, député socialiste, pour échapper à la dictature militaire du début des années 1960 au Brésil menée par le maréchal Castelo Branco.
Cette décision courageuse et dissidente lors du “golpe” de 1964 mènera à la torture et à la disparition de Rubens Paiva quelques années plus tard. Traumatisé par l’absence de son père, Marcelo Rubens Paiva lui rendra hommage avec cette œuvre puissante, dont l’adaptation sur grand écran semble aussi s’attirer les louanges du public et de la critique.
Quarante ans auparavant, Fernanda Torres avait déjà créé la surprise, cette fois au Festival de Cannes, en remportant le prix d’interprétation féminine à seulement 19 ans pour Parle-moi d’amour d’Arnaldo Jabor (ex æquo avec Barbara Sukowa). Lors de son discours aux Golden Globes, elle a rendu hommage à sa mère, Fernanda Montenegro, nommée 26 ans plus tôt dans la catégorie Meilleure actrice dans un film dramatique, pour un long-métrage signé… Walter Salles, qui sortait alors Central do Brasil, considéré comme l’un des meilleurs films brésiliens de tous les temps.