En 1898 s’installait à la Courneuve, en Seine-Saint-Denis, la Compagnie française Babcock et Wilcox. Pendant 112 ans, l’immense bâtiment de quatre hectares vibrait au rythme de la fabrication de chaudières et de chaudronnerie. Après une dizaine d’années d’inactivité (et l’installation, en 2017, de la Banque de France dans la partie nord), trois street artistes ont transformé le lieu “en véritable musée clandestin”, détaille la fiche explicative des visites gratuites du lieu, surnommé la Babcockerie.
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Grâce au bouche-à-oreille, les graffeurs Zkor, Sto et Namaste ont invité plus de 130 artistes à “peindre in situ, construire des installations à base d’objets trouvés sur place ou réaliser des performances, danses et chants”. Depuis trois ans, cette “cathédrale industrielle” de 15 mètres de haut a repris vie et est désormais “envahie de lettrages, vitraux, dessins figuratifs et anamorphoses”. Deux spécialistes – l’historienne de l’art Thomasine Zoler et le graffeur Meuh – se chargent chaque week-end de retracer l’histoire de l’usine et de la ville et de faire visiter, gratuitement, ce site artistique vivant et mouvant.
“Tout va disparaître”
Les visites ne sont pas permanentes, elles se termineront en octobre prochain et les nombreuses œuvres qui habitent actuellement les bâtiments finiront par disparaître. En 2018, le site a été retenu dans l’appel à projet “Réinventons la métropole du Grand Paris”. Dans plusieurs mois, il sera réhabilité en “Fabrique des Cultures”, un lieu regroupant un “pôle culturel” et des logements, déjà mis en vente sur plan. Les travaux sont en cours depuis le mois de mars dernier.
De musée sauvage à projet immobilier mastodonte, reste à voir à quel point le projet, financé par la Compagnie de Phalsbourg et le groupe Emerige, accélérera la gentrification de la banlieue nord. En attendant, le collectif composé de Zkor, Namaste, Sto et Thomasine Zoler continue de “faire découvrir l’endroit avant qu’il ne soit trop tard” et que “tout ne disparaisse”.