Une juge californienne a débouté mardi 25 août le cinéaste Roman Polanski, qui avait saisi la justice contre son exclusion de la prestigieuse Académie des Oscars. Ce revers judiciaire marque une étape supplémentaire dans la prise de distance d’Hollywood vis-à-vis du réalisateur franco-polonais, qui a fui les États-Unis il y a quatre décennies après avoir plaidé coupable de détournement de mineure.
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La magistrate Mary Strobel, qui siège dans un tribunal de Los Angeles, a estimé dans sa décision que l’Académie des arts et des sciences du cinéma “était fondée” pour exclure de ses rangs M. Polanski. Cette exclusion était “motivée par des preuves” et “ne relevait pas d’un caprice ou de l’arbitraire”, a ajouté la juge.
Le 3 mai 2018, l’Académie des arts et sciences du cinéma, qui remet les Oscars et compte plus de 7 000 membres, avait annoncé l’exclusion de M. Polanski en même temps que celle de l’acteur Bill Cosby, condamné pour agression sexuelle.
La décision avait été transmise par courrier le jour même au réalisateur, “avec effet immédiat”. Roman Polanski, qui a fêté ses 87 ans la semaine dernière et qui a vu son étoile nettement pâlir avec le mouvement #MeToo, soutenait dans son assignation que l’Académie aurait dû lui donner un “préavis raisonnable” avant toute mesure d’exclusion, et “une chance raisonnable de se faire entendre”.
Le cinéaste avait plaidé coupable en 1977 pour détournement de mineure après avoir eu des relations sexuelles illégales avec Samantha Geimer, alors âgée de 13 ans. Ce seul chef d’accusation retenu était le résultat d’un accord négocié avec la justice, après que Polanski eut été inculpé initialement de chefs d’accusation plus graves, notamment viol de mineure sous l’emprise de stupéfiants. Samantha Geimer, qui a déjà expliqué avoir pardonné à M. Polanski, l’avait appuyé dans sa démarche de réadmission.
Au total, le cinéaste est accusé de douze agressions sexuelles. S’il fait rayonner le cinéma français à l’international, le réalisateur franco-polonais s’est retrouvé au cœur d’une violente polémique lors de la dernière cérémonie des César, où son film J’accuse lui a permis de remporter le César de la Meilleure réalisation, ce qui a fait fuir Adèle Haenel de la salle et incité les collectifs féministes à prendre la parole en France. Reste à savoir si l’Hexagone sera influencé par cette décision symbolique et radicale de l’Académie des Oscars.
Konbini avec AFP