Après le whisky, les cosmétiques ou le prêt-à-porter, la nouvelle lubie des rappeurs, c’est la weed. Aux États-Unis, ils sont légion à se lancer dans cette industrie florissante depuis sa légalisation dans une grande partie du pays. Le cannabis médicinal est légal dans 33 États sur 50, ainsi qu’à Washington. L’usage récréatif, quant à lui, a été légalisé dans 11 États et dans la capitale fédérale. Et cela risque encore d’évoluer.
Le 4 décembre dernier, un pas de plus vers la dépénalisation de cette drogue a été franchi aux États-Unis. La chambre basse du Congrès américain a approuvé un projet de loi visant à retirer la marijuana de la liste des drogues dites dangereuses. Une avancée prometteuse pour le marché du cannabis récréatif et une aubaine pour certains artistes qui ont décidé d’investir. Et ils sont de plus en plus nombreux. Ces dernières années, le marché du cannabis a attiré beaucoup de grands noms de l’univers du hip-hop. De Jay-Z à Lil Wayne en passant par Ice Cube, voici les nouveaux patrons du rap US qui se sont lancés dans le business de la weed, allant parfois jusqu’à créer leur propre marque.
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Ice Cube
C’est le dernier rappeur en date à avoir investi dans le business. En janvier dernier, Ice Cube a créé sa propre marque de cannabis, qu’il a appelée Fryday Kush. L’artiste et homme d’affaires originaire de Compton propose une gamme de produits : de l’herbe bien sûr, mais aussi des blunts (joints roulés avec des feuilles de cigares) et différents types de concentrés (produits contenant une plus grande concentration de cannabinoïdes et terpènes que les fleurs de cannabis brutes). Ces produits seront disponibles directement dans les dispensaires prévus à cet effet, dans les États américains où l’usage récréatif de cannabis est légal pour les personnes de plus de 21 ans.
En choisissant ce nom pour sa marque, Ice Cube fait bien évidemment un clin d’œil au film Friday, sorti en 1995. Le rappeur tenait le premier rôle de cette comédie dépeignant les aventures de deux fumeurs paresseux avec un trafiquant de drogue. Rappelons aussi que l’artiste était une des têtes d’affiche de la tournée américaine “Up in Smoke Tour” en l’an 2000. Cette série de concerts dédiée à la culture hip-hop (dont la weed fait partie) avait réuni des rappeurs de la West Coast dont Eminem, Dr. Dre, Snoop Dogg et Ice Cube.
Jay-Z
Rappeur et entrepreneur de renom, Jay-Z est connu pour investir dans de nombreux domaines. En octobre 2020, il annonce officiellement le lancement de sa marque de produits de cannabis, baptisée Monogram. Elle est commercialisée en partenariat avec Caliva, une entreprise de cannabis implantée en Californie, comme l’avait annoncé Jay-Z en juillet 2019. Il avait à cette occasion indiqué : “Tout ce que je fais, je veux le faire correctement et au plus haut niveau. Avec tout le potentiel de l’industrie du cannabis, l’expertise et l’éthique de Caliva en font le meilleur partenaire pour cette entreprise.”
Fin octobre 2020, la société Caliva déclarait dans un communiqué : “Avec sa sélection minutieuse des souches, ses pratiques de culture méticuleuses et sa qualité sans compromis, Monogram cherche à redéfinir ce que le cannabis signifie pour les consommateurs d’aujourd’hui.”
Le rappeur a dévoilé en décembre dernier les premiers produits, disponibles sur le site Internet de la marque. On retrouve différentes variétés de cannabis non roulées, vendues entre 40 et 70 dollars. Mais un produit bien particulier a attiré l’attention des consommateurs : un joint nommé “OG Handroll” est vendu au prix de 50 dollars l’unité. Selon Monogram, il “s’inspire de l’expérience de la fumée d’un cigare haut de gamme et met en œuvre une technique de roulage exclusive”. La qualité est peut-être là, certes, mais ça fait quand même cher le blunt.
Lil Wayne
En décembre 2019, Lil Wayne lance sa propre marque nommée GKUA Ultra Premium, en partenariat avec la société GKUA. Il promet une gamme aux effets très puissants, “vouée à offrir au consommateur la promesse de planer plus que jamais”, et des produits “goûtés et approuvés” par lui-même, peut-on lire sur le site Internet. Selon le rappeur, les fleurs utilisées pour ses produits proviennent de producteurs expérimentés et les brins sélectionnés sont faits à partir du plus haut niveau de THC (abréviation de tétrahydrocannabinol, le cannabinoïde le plus abondant et le plus présent dans la plante de cannabis).
“Avant, je fumais pour me défoncer. Maintenant, je fume pour l’inspiration que ça me procure”, explique Lil Wayne dans un article de Forbes. Avant d’ajouter : “Avec GKUA, je partage cette sensation que j’adore.”
Dans cette gamme, on trouve des fleurs de cannabis, des résistances chauffantes pour doser la vapeur inhalée, des cigarettes électroniques au THC et des concentrés. Après avoir été disponibles dans certains dispensaires de Los Angeles seulement, les produits sont maintenant accessibles dans toute la Californie, le Colorado, le Michigan et l’Oklahoma.
Drake
Un peu plus tôt, en novembre 2019, l’interprète de “God’s Plan” annonçait la création de sa marque, la More Life Growth Company, en partenariat avec le géant canadien de la weed Canopy Growth. Drake possède 60 % des parts de la société et Canopy Growth, qui s’occupe du fonctionnement, détient 40 %.
Un communiqué affirme que More Life est dédiée “au bien-être, à la découverte et plus généralement au développement de soi, avec l’espoir de faciliter les connexions et les expériences partagées autour du globe”. Parmi les produits présentés sur le site, on retrouve de l’herbe et toutes sortes de produits contenant du THC, du CBD ou les deux. Le cannabis est cultivé par l’entreprise elle-même à Scarborough, en banlieue de Toronto, ville canadienne d’origine du rappeur.
2 Chainz
Fin 2018, le rappeur 2 Chainz se lançait lui aussi dans l’industrie de la marijuana. Baptisée Gas Cannabis, la marque ultra premium de cannabis de l’artiste originaire de Géorgie est créée en association avec Green Street Agency. Joints préroulés, fleurs séchées, concentrés, comestibles… la gamme est adaptée à tous les goûts. Elle est disponible uniquement en Californie, où la weed récréative est légale, mais l’interprète de “It’s a Vibe” espère étendre la vente au-delà de cet État.
La où 2 Chainz a voulu marquer une différence, c’est avec une variété haut de gamme mais vendue à des prix abordables, comme on le constate sur le site Internet. Dans un communiqué, l’artiste indique : “Je reconnais la qualité de Gas par son apparence, les sensations qu’elle procure et la fumée. […] C’est haut de gamme, mais à un prix abordable, car je veux que tout le monde comprenne que Gas, c’est vraiment le feu.” La marque propose ainsi trois types de marijuana “ultra premium”. Il y a la plus abordable, la 87, la plus puissante, la 89, et la plus qualitative, la 93. Ces chiffres correspondent aux taux d’octane que l’on trouve dans les stations-service américaines.
Wiz Khalifa
En 2016, Wiz Khalifa rejoint l’industrie du cannabis en annonçant un partenariat exclusif avec River Rock. Les produits sont alors disponibles dans deux dispensaires River Rock de Denver dans le Colorado. Avec cette marque, le rappeur exprime son envie d’éduquer les gens sur la plante et sa volonté de faire changer les politiques fédérales du cannabis. “Ces produits ont pris des années de perfectionnement”, affirme Wiz Khalifa. “Je suis vraiment excité de pouvoir enfin les partager avec le public et de travailler avec River Rock pour sensibiliser et mettre fin à la prohibition du cannabis à l’échelle nationale”, ajoute-t-il. Une variété de cannabis appelée Khalifa Kush est disponible dans certains dispensaires de Californie pour des usages médicaux et récréatifs. L’interprète de “The Thrill” a aussi commercialisé sa propre marque de papiers à rouler et un jeu mobile éducatif appelé Wiz Khalifa’s Weed Farm.
En juin 2019, Wiz Khalifa ajoute une corde à son arc. Il fait prospérer son business en lançant sa marque d’huiles de cannabis au Canada. Le rappeur a choisi pour cela de s’associer avec Supreme Cannabis, principal distributeur au Canada. Wiz Khalifa met en avant la teneur élevée en THC de ses produits.
Snoop Dogg
Le père de la weed aux États-Unis, c’est lui. Il est un des premiers rappeurs à avoir créé sa marque de cannabis en 2015, appelée Leaf By Snoop, qui connaît un énorme succès ces dernières années. On y trouve, entre autres, des fleurs et des concentrés de cannabis de huit souches différentes, toutes testées et approuvées par le rappeur. Comme Drake, l’artiste s’est associé à l’entreprise Canopy Growth Corps pour commercialiser la gamme en Californie depuis 2016 et au Canada depuis 2018, années respectives de légalisation de la marijuana dans l’État et le pays.
“Comme le hip-hop, le cannabis est autant un style de vie qu’une culture. Leafs By Snoop est une expression de mon expérience avec cette culture pendant ces dernières décennies. […] Maintenant que Leafs By Snoop rejoint Tweed, je vais avoir la possibilité de partager ma passion du meilleur cannabis sur la planète avec le Canada”, a raconté Snoop Dogg dans un communiqué.
Plus qu’un effet de mode passager, l’investissement des rappeurs dans le business du cannabis a pris une grande ampleur ces cinq dernières années. Une tendance qui n’est pas propre au milieu du hip-hop. Depuis sa légalisation dans de nombreux États américains, l’industrie de la weed récréative a attiré beaucoup d’investisseurs. En 2020, le marché du cannabis a été estimé à 11,3 milliards de dollars aux États-Unis seulement, et risque encore d’exploser. Les projections indiquent que ce montant atteindra 146 milliards de dollars d’ici 2025, c’est-à-dire un taux de croissance annuel de 25 %. En France, la légalisation du cannabis n’est toujours pas d’actualité, bien que plébiscitée par 80 % de la population.