Imaginez que vous vous réveillez au milieu de la nuit et que vous apercevez une terrifiante silhouette au pied de votre lit. À cet instant, vous réalisez que vous ne pouvez ni bouger, ni parler, et la silhouette se met à lancer des éclairs dans votre chambre…
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Vous ne pouvez ni crier, ni vous échapper. Tout ce que vous pouvez faire, c’est rester allongé dans votre lit, pris de panique, en espérant que tout cela soit bientôt fini… Cela ne vous rappelle pas ces rêves effrayants que vous essayez immédiatement d’oublier ? Au lieu d’effacer ses cauchemars de sa mémoire, Nicolas Bruno ravive ses terrifiantes hallucinations à travers des images surréalistes et remarquables.
Vivre ses cauchemars
Ce photographe souffre de paralysie du sommeil. Pendant ses crises, son esprit est conscient mais son corps reste totalement paralysé. Le tout est souvent accompagné d’hallucinations, d’une sensation d’écrasement de la poitrine et d’un sentiment d’effroi. Bruno se souvient d’épisodes sporadiques de paralysie du sommeil depuis ses sept ans. Mais à quinze ans, ces troubles chroniques faisaient partie de sa routine et amplifiaient l’horreur de ses rêves. Il nous explique :
“Mes épisodes de paralysie du sommeil contiennent des sentiments et des personnages répétitifs, comme des silhouettes sans visage qui rôdent dans ma chambre, ou le sentiment de gravité qui écrase ma poitrine. Ces silhouettes sinistres me tourmentent au pied du lit et me narguent avec de l’électricité statique et des hurlements. Peu importe à quel point je me bats, je me tords dans cette longue sensation de mort imminente ou de combat-fuite, alors que je suis emprisonné dans mon lit et dans mon corps.”
Bruno s’est tourné vers l’art en voyant cela comme un remède thérapeutique pour soigner cette terrifiante condition. Il illustre ces épisodes à travers la photographie au lieu de puiser son inspiration dans le travail d’autres photographes. Il a tout de même étudié la peinture, la sculpture et la mode afin d’exécuter ses incroyables compositions :
“En étudiant la forme et l’exécution de ces œuvres d’art, je suis capable d’améliorer directement la façon dont je crée une composition dans mes clichés. En fusionnant mes rêves avec le symbolisme que j’ai relevé lors de mes études ou que je me suis inventé, je suis capable d’illustrer mes épisodes de paralysie du sommeil avec une approche qui propose toujours une nouvelle exploration artistique.”
Chaque photo de sa série commence par un épisode de paralysie du sommeil. Dès qu’il est à nouveau capable de bouger, il s’empare du cahier qu’il garde près de son lit pour écrire et dessiner ses expériences. Ses esquisses lui serviront ensuite de base pour composer son imagerie.
Une attention particulière aux accessoires
Il conçoit ou achète des accessoires et des vêtements capables de transmettre l’effet de ce qu’il a ressenti pendant sa paralysie, comme par exemple des masques à gaz, une baignoire rouillée, des chapeaux melon et même un vieux casque de plongée. Une fois qu’il est prêt à photographier, Bruno capture une multitude d’images de façon stratégique sur un tripode à l’aide d’un retardateur ou d’un bouton déclencheur à distance pendant qu’il prend la pose. Il édite plus tard ses images sur Photoshop :
“Chaque jour qui passe, je gagne de plus en plus de contrôle sur ce qui arrive pendant ces épisodes et je commence à comprendre ce qui s’y déroule. En traduisant mes expériences de rêves en œuvres, j’élève mon esprit coincé dans un endroit sombre auquel je suis habitué. Je crois qu’il est important de rendre nos expériences tangibles et de savoir contrôler son stress.”
Bruno espère en tout cas que sa série aidera à attirer l’attention sur la paralysie du sommeil et à inspirer les gens pour qu’ils apprennent de leurs propres expériences à travers le médium qui les attire le plus.