L’icône de l’underground vient de sortir un opus introspectif et apaisant.
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Chan Marshall, aka Cat Power, a écrit l’album qui l’a rendue célèbre en une seule nuit. En 1996, dans une grande ferme qu’elle louait seule en Caroline du Sud, elle a fait un cauchemar éveillé :
“J’ai senti quelque chose sortir de la terre, c’était des mauvais esprits, confiait-elle au Telegraph il y a quelques années. J’ai couru pour fermer les fenêtres mais ils étaient là, des centaines à frapper à la fenêtre de la cuisine. Ils étaient noirs comme la nuit et essayaient d’entrer dans mon âme. J’ai attrapé ma guitare et un enregistreur. Si on trouvait mon corps, je devais laisser une cassette avec des preuves. Puis, je me suis mise à chanter les chansons qui sont devenues celles de Moon Pix. C’était horrible.”
En 1998, l’album Moon Pix a permis de lancer la carrière de l’une des figures les plus emblématiques du rock indé américain des dernières décennies. Vingt ans plus tard, l’aura mystique de l’artiste reste intacte. Avec Wanderer, paru ce vendredi 5 octobre, la chanteuse signe son premier album en six ans (et le dixième de sa discographie).
À l’image de son titre (qui veut dire “vagabond·e” en français), la tracklist de Wanderer n’a pas de destination précise. Chan balade sa voix profonde entre le blues, le rock et le folk, au son d’un piano ou d’une guitare, avec peu d’ornements et zéro prétentions. Même “Horizon”, qui surprend par son court passage d’Auto-Tune, est d’une simplicité désarmante. Une simplicité qui n’est pas sans rappeler “Sea of Love”, un son R’n’B des années 1950 qui, repris par Cat Power, s’était faufilé dans la bande-son du film Juno.
Dans le livret de Lust For Life, en 2017, Lana Del Rey remerciait Cat Power “de continuer de l’inspirer à travers sa musique et son travail”. Comme quoi, malgré les hauts et les bas, les passages en cure de désintoxication, la dépression et son hospitalisation après la sortie de son neuvième album en 2012, Cat Power, l’artiste torturée qui annulait ses concerts et s’effondrait sur scène, n’a jamais vraiment disparu.
Même avec 25 ans de carrière derrière elle, sa voix est dans l’esprit du temps, notamment dans “Woman”, qu’elle chante accompagnée de sa fan dévouée, Lana Del Rey. “Stay”, l’autre single de l’album, est tellement réussi qu’on en oublie qu’il s’agit d’une reprise du hit de Rihanna. Pour la petite histoire, Cat Power avait d’abord entendu le titre à la radio, dans la voiture de son ex, et avait détesté. Quelque temps plus tard, elle l’écoute une deuxième fois à la radio dans un taxi et comprend alors pourquoi Rihanna est adulée. “J’étais sur le chemin du dentiste, ou quelque part, et putain, je hurlais”, a-t-elle raconté au Guardian.