“Ma vocation, je l’ai trouvée chez les fous”, lance Niki de Saint Phalle dans le biopic présenté à Cannes, avec Charlotte Le Bon, formidable dans le rôle de l’artiste luttant contre ses démons intérieurs. Pour son premier long-métrage, l’actrice Céline Sallette (L’Apollonide, Les Revenants) s’est penchée sur la plasticienne franco-états-unienne (1930-2002) rendue célèbre par ses plantureuses Nanas, ainsi que ses Tirs, performances où elle tire à la carabine sur des poches de peinture. Avec l’artiste Jean Tinguely, qui deviendra son mari, elle a aussi créé la fontaine Stravinsky et ses automates près du Centre Pompidou à Paris.
À voir aussi sur Konbini
Plutôt qu’un biopic des débuts jusqu’à la reconnaissance, Céline Sallette s’est concentrée sur une période de dix ans et a choisi d’explorer comment les traumatismes de Niki de Saint Phalle ont façonné son art. En particulier l’inceste, dont elle ne parlera ouvertement que sur le tard, sous la forme d’une lettre adressée à sa fille. Niki peut être vu comme “le portrait d’une femme qui se donne naissance”, estime d’ailleurs la réalisatrice.
Qui d’autre que Charlotte Le Bon pour interpréter ce rôle ? Personne, répond sans ambages Céline Sallette. Comme Niki de Saint Phalle, la Québécoise a débuté dans le mannequinat et s’y est vite sentie à l’étroit. Passée par le petit puis le grand écran, elle est aussi une illustratrice à l’imagination fertile et depuis deux ans, réalisatrice (Falcon Lake, également présenté à Cannes).
“Pour moi, Niki est une grande conquérante de sa propre vie”, explique Charlotte Le Bon à l’AFP. “L’inceste a fait naître chez elle d’énormes démons mais ce n’est qu’une partie de son travail, ce n’est pas qu’une réponse à l’inceste”, souligne la comédienne, voyant dans son personnage une “héroïne”. Le film s’ouvre sur Niki, mannequin gracieuse avant de la retrouver les cheveux courts, un 22 long riffle à la main, comme sur l’affiche. “Entre ces deux images, on voit le chemin”, s’amuse Céline Sallette. La famille n’ayant pas collaboré au projet, aucune œuvre de l’artiste n’est montrée à l’écran. C’est un mal pour un bien qui permet de se focaliser sur le processus de création : les mains dans la peinture, les assemblages pour donner naissance à des sculptures, l’obsession de la couleur…