Mignonnes fait définitivement l’actualité cinéma du mois de septembre. Sous le feu des projecteurs pour les mauvaises raisons, le film de Maïmouna Doucouré pourrait impacter le taux de croissance des abonnés Netflix.
À voir aussi sur Konbini
#CancelNetflix
Après avoir bénéficié d’une critique enthousiaste en France, Mignonnes a reçu, de l’autre côté de l’Atlantique, un accueil bien plus mitigé. La raison : un marketing hasardeux de la part de Netflix, qui distribue le film aux États-Unis. Alors que l’œuvre dénonce l’hypersexualisation des jeunes filles, notamment sur les réseaux sociaux, Maïmouna Doucouré a été accusée de tous les maux, et surtout de l’exact inverse de ce qu’elle a voulu dénoncer dans son film.
Le long-métrage a été mis en ligne le 9 septembre dernier sur Netflix alors que la campagne pour les présidentielles américaines de novembre s’intensifie. S’en était suivi un appel au boycott via le hashtag #CancelNetflix, très largement relayé, notamment au sein des conservateurs américains, et plusieurs membres du parti républicain s’étaient faits les porte-voix de cet appel au boycott.
Un extrait de 1 minute 40 sorti de son contexte était venu ajouter de l’huile sur le feu et Mignonnes a même été accusé de faire l’apologie de la pédophilie.
Chargement du twitt...
Un appel au désabonnement massif
Comme pour chaque polémique, cette fronde a nourri l’intérêt et la curiosité malsaine pour le film de Maïmouna Doucouré. Forbes rapportait que, le 12 septembre dernier, Mignonnes était le 4e film le plus vu sur Netflix. Sans polémique, comment un drame indépendant sur une adolescente issue de l’immigration, réalisé par une cinéaste franco-sénégalaise sans renommée à l’international, aurait pu se retrouver sous le feu des projecteurs ?
Selon une étude relayée par The Hollywood Reporter, plus de la moitié des utilisateurs Netflix qui ont visionné le film l’ont fait uniquement en raison de la polémique, tandis que 29 % l’ont fait en majorité pour cette même raison. Les 3/4 de ces utilisateurs auraient finalement trouvé les accusations exagérées après visionnage.
Mais tandis que Mignonnes se frayait une place sous le feu des projecteurs, la gronde continuait d’enfler et 626 000 personnes outrées signaient une pétition pour annuler leur abonnement à Netflix.
Un boycott fort, mais à nuancer
Des désinscriptions en masse ont effectivement suivi le lancement du hashtag #CancelNetflix. Dans les jours qui ont suivi la mise en ligne de Mignonnes, le taux de désabonnement à Netflix était cinq fois supérieur à celui de janvier 2019. Le 12 septembre, ce taux était même huit fois supérieur que sa moyenne un mois auparavant, selon une étude de 7Park Data relayée par Variety.
Ces désabonnements se concentraient majoritairement dans les États du centre et du sud des États-Unis, en majorité acquis au parti républicain.
Index de désabonnements Netflix entre le 10 et 13 septembre 2020. (© 7Park Data)
Une autre étude, menée par YipitData et relayée par The Hollywood Reporter, prédit également un ralentissement de la croissance des abonnés de Netflix. En se basant sur le chiffre d’un taux de désabonnement à Netflix cinq fois supérieur à la moyenne, l’institut prévoit 28 millions de désabonnements au troisième trimestre.
Un chiffre cependant à nuancer, puisque si l’augmentation du taux des désabonnements a été significative, il a également été de courte durée. Le 18 septembre, soit une semaine après le lancement du hashtag #CancelNetlfix, il était même revenu à la normale.