Bye bye Breton et ses potos : coup de projecteur sur les artistes femmes qui ont marqué le surréalisme

Bye bye Breton et ses potos : coup de projecteur sur les artistes femmes qui ont marqué le surréalisme

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© Jacqueline Lamba/Collection Guy Ladrière – Ancienne Collection Charles Ratton

Le musée de Montmartre fait la part belle à celles qui ont marqué ce mouvement artistique du XXe siècle.

Avec pour thèmes majeurs le rêve et la métamorphose, de nombreuses artistes femmes ont fait partie du surréalisme, cadre de leur expression sans équivalent avec les autres mouvements d’avant-garde, dont elles ont su aussi s’émanciper, comme des hommes qui l’ont fondé. C’est ce que révèle l’exposition “Surréalisme au féminin ?” jusqu’au 10 septembre 2023 au musée de Montmartre, creuset des mouvements artistiques d’avant-garde à Paris, à travers une sélection de 150 peintures, dessins, sculptures, photographies et extraits cinématographiques des années 1930 aux années 2000.

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Il s’agit également “d’un travail de recherche en forme de questionnement et d’hypothèse” à partir des œuvres d’une cinquantaine d’artistes françaises, belges, danoises et britanniques, précisent à l’AFP ses commissaires, Alix Agret et Dominique Païni. C’est souvent en s’appropriant et en étendant des thèmes initiés par les fondateurs du mouvement (André Breton, Louis Aragon, Paul Éluard, Philippe Soupault…), dont certaines ont été les compagnes, que ces artistes ont exprimé leur liberté.

Dorothea Tanning, Un tableau très heureux, 1947. (© Centre Pompidou, Paris/Musée national d’art moderne-Centre de création industrielle, AM)

“C’est aussi en se dégageant de ce qui devint parfois une ‘doxa surréaliste’, entre la création du mouvement en 1924 et sa dissolution officielle en 1969, qu’elles se sont affirmées”, explique Alix Agret. “Ces artistes, aux pratiques pluridisciplinaires, n’ont jamais été plus surréalistes que lorsqu’elles se sont échappées du mouvement. Elles vont le quitter d’autant plus qu’elles ont une tendance abstraite beaucoup plus affirmée que leurs homologues masculins”, ajoute-t-elle.

Le sein rond d’une femme picoré par un oiseau noir, qui le découvre sous une sobre tunique rouge d’inspiration asiatique, tableau de la Belge Jane Graverol, en est une allégorie. Jacqueline Lamba, Marion Adnams, Dorothea Tanning, Ithell Colquhoun, Suzanne Van Damme, Valentine Hugo, Joyce Mansour, Isabelle Waldberg… souvent inconnues du grand public, “elles ont pourtant été des actrices majeures du surréalisme, encore mésestimées des musées et du marché de l’art et comme effacées”, selon M. Païni.

L’exposition propose un parcours thématique. Elle s’intéresse d’abord à la nature et à “la manière dont les peintres vont inscrire le corps féminin dans le paysage”. Suivent les “féminités plurielles avec le désir de détourner les poncifs masculins avec ironie” et “la métamorphose, l’hybridation des corps, thème de prédilection du surréalisme”, détaille Mme Agret. Un passage par le cinéma de Maya Deren (At Land, 1944) conduit le public à la figuration avant le volume, puis à la sculpture qui s’intéresse au fantasme. Elle se conclut par un voyage vers l’abstraction.

Konbini, partenaire du Musée de Montmartre.