Boouuuuuh : cette exposition vous demande si vous “croyez aux fantômes”

Boouuuuuh : cette exposition vous demande si vous “croyez aux fantômes”

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Ⓒ Universal Pictures

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le , modifié le

Esprit, es-tu là ?

Le 24e Prix de la Fondation Pernod Ricard et sa commissaire Fernanda Brenner ont monté une exposition autour des fantômes et de notre relation à eux. Le titre, “Do You Believe in Ghosts?”, vient du film Ghost Dance de Ken McMullen et de cette scène dans laquelle “une étudiante demande à un professeur s’il croit aux fantômes”. L’œuvre de Jacques Derrida a participé à réhabiliter l’image que nous avons des fantômes : on appelle ce moment le “tournant spectral”, “c’est-à-dire le moment où les fantômes, ou les spectres, cessent d’être perçus comme des figures obscurantistes pour susciter une prise de conscience, porteuses qu’elles sont d’un potentiel éthique et politique spécifique”, définit la commissaire. Elle décrit :

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“Vivre avec des fantômes diffère du ghosting ou de l’expérience faite par le sujet d’un effacement social, puisque hanter est l’une des manières par le biais desquelles les systèmes de pouvoir abusifs se font connaître et dont les impacts se répercutent dans la vie quotidienne, en particulier lorsqu’ils sont censés être terminés (comme pour les invasions coloniales et l’esclavage transatlantique, par exemple). Ce qui relie le groupe d’artistes sélectionné·e·s pour participer à cette édition, c’est leur désaccord avec les interprétations univoques ou les représentations simplifiées du présent actuel.

Leur travail pointe différemment vers ce qui est formellement absent mais qui, d’une certaine manière, affirme sa présence. L’essence même d’un fantôme – ou de toute bonne œuvre d’art, d’ailleurs – est de réclamer son dû et d’attirer votre attention. Notre objectif ici n’est pas d’exorciser ni de résoudre un quelconque problème, mais plutôt de parler des fantômes et d’apprendre à vivre avec eux, de (ré)imaginer le présent et l’avenir à travers eux. Vivre avec les fantômes, c’est aussi se rendre compte que sous la surface de l’histoire avec un grand H se cache un autre récit, composé de nombreuses histoires non dites et effacées. Ainsi que l’exprime le philosophe Avery Gordon, adopter une perspective autre que celle autorisée et officielle, et écrire des histoires qui portent sur les exclusions et les invisibilités, c’est écrire des histoires de fantômes. En ce sens, le long processus déroulé à travers cette exposition, présentée en septembre, pourrait être considéré comme une histoire de fantômes écrite en collectif.”

Au cours de cette exposition qui se tient à la Fondation Pernod Ricard jusqu’au 28 octobre 2023, vous verrez les œuvres d’Ethan Assouline, de Sophie Bonnet-Pourpet, d’Anne Bourse, de Pol Taburet, d’Eden Tinto Collins et d’Ana Vaz, tous·tes faisant partie de ce 24e prix. Il s’agira de peintures, de techniques mixtes, d’installations audiovisuelles autour de thèmes comme l’effacement, l’hospitalité ou la vulnérabilité. Ces travaux artistiques et leurs fantômes vous rappelleront à coup sûr que “rien n’est jamais stable”, tout est en mouvement constant, entre la vie et la mort.