On l’attendait depuis sa sortie en salle outre-Atlantique le 27 juillet dernier, ça y est : Circus Maximus est disponible légalement en France, sur le compte YouTube de Travis Scott. Ce qu’on nous présentait comme un film choral avec plein de grands noms est en fait un agrégat de quatre, cinq clips entremêlés d’une discussion avec Rick Rubin et d’un concert filmé sans public (qui ressemble à des répétitions du désormais célèbre concert à Rome) dans les ruines de Pompéi. C’est une exploration dans la psyché du rappeur et dans son rapport à un monde utopique.
À voir aussi sur Konbini
Mais du coup, quid de Gaspar Noé, Nicolas Winding Refn et Harmony Korine, annoncés partout comme coréalisateurs du film ? Eh bien, chaque cinéaste est derrière un segment. Et vu qu’on ne savait pas franchement qui a fait quoi, on a creusé, et voilà ce que l’on sait.
Il va falloir démêler tout ça (© YouTube)
Intro/”TIL FURTHER NOTICE” : Valdimar Johannsson
Le premier clip/segment (le seul qui n’existe pas en solo sur la chaîne YouTube de Travis Scott, car plus qu’une introduction, celui de l’incroyable “TIL FURTHER NOTICE” produit par Metro Boomin et avec James Blake et 21 Savage), est réalisé par Valdimar Johannsson, un cinéaste islandais qui a fait ses armes sur différents projets avec des postes divers et variés (électricien sur Game of Thrones ou technicien effets spéciaux sur Rogue One), avant de réaliser son premier long-métrage, le remarqué Lamb — où Noomie Rapace a un enfant mi-humain mi-chèvre.
C’est plus une introduction qu’un clip, et on y voit Travis être attrapé par une espèce de pieuvre, qui le transforme en une nouvelle version de lui-même.
Le clip est tourné en Islande — d’où vient le réalisateur.
“HYAENA” : Andrew Dosunmu
Le deuxième, “HYAENA” (titre qui ouvre l’album et est produit par Mike Dean), est le premier à être un vrai clip. Il est d’ailleurs sorti à part, comme les autres, sur la chaîne YouTube de Travis Scott. Ce clip est réalisé par l’artiste nigérian, photographe et réalisateur Andrew Dosunmu. C’est un cinéaste que l’on connaît principalement pour des clips réalisés pour Common, Wyclef Jean, Tracy Chapman ou Talib Kweli, et pour certains longs-métrages, dont le plus connu demeure Mother of George.
Il ne se passe pas grand-chose, il est purement illustratif et montre Travis se balader dans un village, à dos de chameau, de bus ou de motos.
Le clip est réalisé au Nigeria — d’où vient le réalisateur.
“SIRENS” : Travis Scott ?
Le troisième clip, “SIRENS”, sur lequel a bossé un certain John Mayer, est un peu plus compliqué. Cette virée avec toute la jeunesse d’une ville en Catalogne espagnole, qui se transforme en pyramide géante, n’a techniquement, dans le générique de fin, pas de réalisateur attitré. On peut juste voir que c’est Canada, la boîte de prod de plusieurs clips de Rosalía notamment, qui est derrière.
Contactée par nos soins, la productrice Laura Serra Estorch nous explique que le clip est réalisé par Travis Scott et bien produit par Canada. Ce qui n’est indiqué nulle part ailleurs.
Ce qu’on sait en revanche, c’est que le clip a été tourné en Espagne — d’où viennent les personnes bossant pour Canada.
“DELRESTO (ECHOES)” : Nicolas Winding Refn
Pour ce quatrième et avant-dernier clip de Circus Maximus, Travis Scott a choisi d’illustrer son featuring avec Beyoncé, “DELRESTO (ECHOES)”. Et pour celui-ci, c’est Nicolas Winding Refn qui s’y colle. Bon, la virée en taxi, et ses lumières néons auraient pu nous le faire deviner. Pour rappel, NWR a réalisé Pusher, Bronson, Le Guerrier silencieux, Drive, Only God Forgives, The Neon Demon et a créé les séries Too Old to Die Young et Copenhagen Cowboy.
Le clip est réalisé au Danemark — d’où vient le réalisateur.
“MODERN JAM” : Gaspar Noé
Le dernier clip illustre le tube signé par l’un des deux ex-Daft Punk, Guy-Manuel de Homem-Christo, avec en featuring Teezo Touchdown : “Modern Jam”. Pour garder cette touche française, Travis Scott a fait appel à Gaspar Noé — le réalisateur certes italo-argentin mais francophone de Seul contre tous, Irréversible, Enter the Void, Love, Climax, Vortex et de nombreux clips (pour SebastiAn ou Nick Cave). Pour ce clip, il reprend l’esprit festif de Climax, avec un Travis DJ devant une foule de teufeurs. Il se pourrait même que vous reconnaissiez certains danseur·se·s, comme Mounia Nassangar par exemple (déjà présente dans le film à la sangria de Noé).
Le clip est réalisé en France, donc.
“POMPEII” : Harmony Korine
Une fois le dernier clip passé, l’on a donc 40 minutes d’une performance filmée — même s’il semble que ce soit en playback et pas une vraie performance chantée. Travis, seul dans une arène romaine (à Pompéi visiblement), devant un mur d’enceinte, et avec quelques invités : Teezo Touchdown pour “MODERN JAM”, Sheck Wes pour “FE!N”, Yung Lean pour “PARASAIL” et James Blake pour “TIL FURTHER NOTICE”.
À la réalisation de ce long segment, est crédité le réalisateur américain Harmony Korine, réalisateur américain derrière Gummo, Mister Lonely et surtout Spring Breakers — et des clips pour Rihanna, Die Antwoord, et… Travis Scott (“Last Time” de Gucci Mane, avec Scott en featuring).
ET LE RESTE, TRAVIS ?
Il y a encore des parts d’ombres sur ce projet. Déjà, “SIRENS”. Mais pas que.
Quid des segments de discussion avec Rick Rubin, où ce dernier se voit interrogé sur sa famille, la tragédie qu’il a vécue récemment (il dit qu’il n’est pas venu le voir pour ça, mais le clip de “SIRENS” avec cette pyramide humaine sous une immense foule qu’il tient sur ses épaules, semble l’évoquer frontalement) ? On ne sait pas qui est derrière la caméra.
Autre mystère, que l’on pourrait facilement recouper avec ce qu’on vient d’énoncer : dans les réalisateurs annoncés en fin, et que l’on vous a mis plus haut, est cité un certain Kahlil Joseph, un cinéaste avec un CV incroyable, qui va de clips pour FKA Twigs et Flying Lotus à un court-métrage pour Kendrick Lamar, et surtout Lemonade de Beyoncé. Sauf qu’on ne retrouve nulle part quelle a été l’implication précise de Joseph sur le film.
Plus encore, l’implication de Travis est trouble. Il est indiqué comme étant l’auteur et réalisateur de l’ensemble du film.
(© YouTube)
Donc il aurait chapeauté l’ensemble du projet et aurait laissé les rênes à certaines cinéastes, mais pas tous. C’est à peu près ce qu’on peut deviner au vu des informations que l’on a jusque-là. Affaire à suivre.