“Quand j’ai dit à mon conseiller d’orientation que je voulais être photographe, il m’a regardé comme si j’étais fou. “Ne sois pas idiot, mon garçon. Un photographe noir, cela n’existe pas”, m’a-t-il dit. Je ne l’ai jamais oublié”. Né en Jamaïque et émigré en Angleterre au début des années 60, Dennis Morris, aujourd’hui âgé de 65 ans, a largement donné tort à ce conseiller d’orientation qui tenta de lui faire ravaler ses rêves.
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Profondément marqué par la vision du développement d’une photo en chambre noire à l’âge de 8 ans, Dennis Morris ne lâchera jamais la photo. Ses clichés participeront à bâtir l’image publique de Bob Marley, à laisser des photographies iconiques de musicien·nes comme les Sex Pistols, et à documenter la communauté noire en Angleterre. Rendez-vous à la MEP jusqu’au 18 mai 2025 pour découvrir l’exposition “Dennis Morris — Music + Life” consacrée au photographe et directeur artistique féru de musique.

Dennis Morris, Sid Vicious et Nancy Spungen, Brunel University, Uxbridge, Royaume-Uni, 16 décembre 1977. (© Dennis Morris)
Cette première rétrospective, conçue en collaboration avec Dennis Morris et sa femme, Isabelle Chalard, débute ainsi par trois séries documentaires réalisées par le photographe à l’âge adolescent. Inspiré des photographes de rue comme Henri Cartier-Bresson et Don McCullin dans son projet “Growing Up Black”, Dennis Morris immortalise la communauté noire dans le district de Hackney, à Londres.
Avec “Southall”, l’artiste part à la rencontre de la communauté sikh du quartier de l’ouest londonien qui donne son nom à la série, tandis que “The Happy Breed” se présente davantage comme un joyeux panorama de l’excentricité des classes ouvrières anglo-saxonnes.

Dennis Morris, Une rue de Southall, 1976. (© Dennis Morris)
Sueur et énergie électrique
Le destin du photographe connaît un tournant lorsque son idole, Bob Marley, et The Wailers se produisent à Londres. Le jeune Dennis Morris sèche les cours et campe devant le Speakeasy Club pour attraper l’icône du reggae et lui demander la permission d’immortaliser le concert. C’est le début d’un lien amical et professionnel qui donnera un accès inédit sur les prestations et l’intimité de Marley, jusqu’à sa mort en 1981.
Outre Marley, le photographe collabore avec d’autres musiciens reggae et participe à façonner leur image publique, comme en créant les pochettes d’albums de The Cimarons, Burning Spear ou encore The Mighty Diamonds. L’artiste britannique met également un pied dans le rock et plus précisément dans le punk, en collaborant avec les Sex Pistols, dont il documente l’ascension, les prestations et la tournée secrète, pendant une année. Oasis, Patti Smith, Les Rita Mitsouko, Téléphone, Grace Jones… Éclectique et transcendée par la musique, l’œuvre de Dennis Morris nous propulse entre les années 70 à 90, aux premières loges d’une scène à l’énergie débordante.

Dennis Morris, Foule en délire, Coventry, Royaume-Uni, 1977. (© Dennis Morris)
“Dennis Morris — Music + Life” est visible à la MEP jusqu’au 18 mai 2025.
Konbini, partenaire de la MEP.