La mode, c’est cyclique. Un éternel recommencement. Aussi, personne – si ce n’est celles et ceux qui ont vécu cette période et en portent encore les stigmates – ne sera étonné de voir revenir en force le style vestimentaire des années 1980. Et à ce petit jeu, on ne va pas se mentir, ce sont les jeunes générations qui maîtrisent le mieux.
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Encore une fois, on rappelle que les enfants des 80’s ont été traumatisés par ses couleurs mal assorties, ses motifs moches et ses coupes super mal taillées. On laisse donc volontiers les plus frais des millennials reprendre la main sur cette tendance. La fièvre rétro est sérieusement attisée par la pop culture depuis quelques années, et Stranger Things, depuis trois saisons, souffle aussi sur les braises.
On les a vus grandir sous nos yeux depuis le lancement de la série en 2016 sur Netflix. Dustin, Eleven, Mike, Lucas et Will, rejoints par la pétillante Max en saison 2, ainsi que les “grands”, dont Steve et Billy sont l’alpha et l’oméga : chacun·e a son style bien précis. Des looks qui ont évolué avec les saisons, reflétant le difficile passage de l’enfance à l’adolescence, ou de l’adolescence à la vie de jeune adulte.
Et, alors que nos héros et héroïnes inspirent des collections en dehors de la série, lesquelles s’arrachent dès leur sortie dans les magasins, les acteurs et actrices qui les incarnent sont aussi des icônes fashion IRL. Sur les tapis rouges, Millie Bobby Brown, Finn Wolfhard, Gaten Matarazzo, Caleb McLaughlin, Noah Schnapp, Sadie Sink, Joe Keery et Dacre Montgomery n’ont plus rien à prouver et les maisons de couture se pressent pour les habiller.
Dans Stranger Things, il a fallu pas moins de quatre costume-designers, au fil des saisons, pour créer ces looks évolutifs, reconnaissables entre mille et fidèles à leur époque.
(© Netflix)
Celles qui ont créé le style vestimentaire de chaque personnage de Stranger Things, d’Eleven au figurant le plus discret, ce sont Kimberly Adams-Galligan et Malgosia Turzanska. On leur doit en particulier le look désormais iconique de la jeune télépathe jouée par Millie Bobby Brown, copié par les fans à chaque Halloween. Cette robe smockée rose n’a évidemment pas été choisie au hasard, comme en témoigne Kimberly Adams-Galligan pour le site Tyranny of Style :
“La robe que les garçons trouvent dans le grenier devait être spéciale, un vêtement qui aurait appartenu à Nancy et qui n’aurait jamais été jeté. J’ai testé plusieurs types de robes d’époque pour fille provenant des années 1970 pour trouver la bonne coupe, et on a fait plusieurs répliques pour les faire vieillir au fil des épisodes.”
© Stranger Things – Costume Design by Kimberly Adams
Pour le reste du gang, adultes et enfants, les designeuses ont remué pas mal de poussière en exhumant du passé des albums photo de collèges et de lycées. Elles ont notamment mis la main sur des pièces vintage, dont beaucoup ont été copiées en plusieurs exemplaires pour les besoins de la production, mais ont aussi créé de toute pièce des tenues avant les vieillir artificiellement. La pop culture des 80’s a évidemment beaucoup influencé les costumières, comme le raconte Kimberly Adams-Galligan :
“J’ai vraiment fouillé pour trouver des images et créer des ‘moodboards’ afin de trouver la meilleure façon de distinguer les looks de chaque personnage. Mes recherches m’ont amené des personnages de films de l’époque aux catalogues en passant par les magazines et les albums de famille, et en particulier les albums photos d’écoles du midwest de l’année 1983.”
Déterminer le style d’un personnage ne se résume pas à des considérations purement esthétiques. Il faut connaître ces protagonistes. À l’instar de Game of Thrones, dont les costumes ont été pensés selon l’origine sociale ou géographique de celles et ceux qui les portent, les vêtements des stars de Stranger Things sont aussi déterminés par leurs goûts personnels et leur contexte familial.
Kim Wilcox, costume-designer sur la saison 2, a parfaitement illustré cela dans l’épisode 2, lorsque les garçons se déguisent en Ghostbusters pour Halloween. On remarque assez rapidement que Will n’a pas exactement le même que ses copains et que la coupe est trop grande pour lui. L’explication vient du fait que l’ado est élevé par une mère célibataire, gérante d’un petit commerce de proximité, Joyce, qui n’a ni les moyens de lui acheter le déguisement officiel, ni le temps (ou l’envie) de lui coudre une réplique.
(© Netflix)
L’avantage qu’a eu Kim Wilcox par rapport à ses prédécesseures, c’est que son budget était sensiblement supérieur, ce qui lui a permis de se constituer une plus grande garde-robe, de pouvoir salir ou détruire des pièces sans remords pour certaines scènes, et de faire des répliques en plusieurs tailles pour suivre l’inéluctable courbe de croissance des jeunes acteurs et actrices de la série.
Pour constituer sa collection, elle a shoppé un peu partout dans le pays, et notamment en Virginie, là où Stranger Things est tournée, en ligne ou dans des boutiques vintage, et s’est en particulier attachée à trouver des marques “historiques” comme Wrangler, Lee ou Levi’s, qui fabriquent toujours aujourd’hui des pièces qu’elles vendaient déjà dans les années 1980.
Si jusqu’ici Stranger Things se déroulait en automne-hiver, la saison 3 a pris pour décor un été à Hawkins. Voilà qui change tout ! Et ça tombe bien, puisque la série change une nouvelle fois de designeuse pour les tenues en embauchant Amy Parris, qui se voit donc confier la lourde tâche de réinventer la garde-robe de nos héros et héroïnes. Exit les blousons duveteux et les couleurs ternes, et bonjour les bermudas et chemisettes aux motifs bariolés ! Là encore, l’environnement joue un rôle essentiel dans la création des looks.
Nos personnages n’évoluent plus entre la maison et l’école, on les voit désormais à la piscine (Billy), au travail pour leur premier emploi (Nancy et Jonathan, ou Steve et Robin), et surtout, au centre commercial, le Starcourt Mall, temple de la consommation et de la fast fashion et haut lieu de pèlerinage pour les deux adolescentes Eleven et Max.
Séquence de relooking oblige, l’épisode 2 nous offre un beau panorama des marques qui régnaient à l’époque dans le cœur des jeunes filles et qui, aujourd’hui avec Internet, sont surtout présentes en ligne : Claire’s, JC Penney ou encore Gap (appelé The Gap à l’époque).
“Le thème de cette saison, en quelques mots, ce sont des couleurs plus vives, des motifs plus audacieux, des silhouettes différentes de ce qu’on a vu jusqu’ici”, raconte Amy Parris au site Bustle.
Et à mesure qu’Eleven découvre son style, c’est aussi son identité qu’elle affirme. Et c’est loin d’être anodin pour un personnage qui, jusqu’à récemment, ne connaissait pas ses origines et a pour prénom un numéro. Comme pour chaque saison, il y a un look emblématique qui sort du lot.
Cette fois-ci, c’est celui imaginé pour l’héroïne par la designeuse composé de chemises graphiques et colorées, d’un jean et de bretelles, sans oublier le chouchou dans les cheveux. Elle a associé des pièces vintage avec des vêtements qu’elle a loués, a customisé la plupart des hauts d’Eleven, toujours en plusieurs exemplaires… Parce que les scènes d’action, c’est salissant !
Max, quant à elle, est une Californienne pure souche, et ça se sent dans ses fringues. L’été venu, elle peut désormais exhiber sa garde-robe de la côte ouest, composée de pièces un poil plus féminines à mesure qu’elle grandit, sans pour autant renoncer à son look androgyne de skateuse.
Son grand frère, Billy, avait déjà fait tourner quelques têtes lors de son arrivée à Hawkins en saison 2. Ce dernier arborait avec une assurance folle un mulet un peu wild, et l’attirail du parfait bad boy : lunettes aviateur et total look jean.
(© Netflix)
Il faut bien lui reconnaître cette audace, la panoplie denim a connu son heure de gloire avant de devenir un fashion faux pas absolu. Mais comme on ne cesse de le répéter, la mode étant un éternel recommencement, la tendance est de retour !
Pour ce qui est du mulet en revanche, c’est toujours un No-No ! Cette saison, Billy n’a pas seulement été au cœur de l’intrigue, il a aussi été l’égérie, en dehors de la série, d’une collection capsule H&M constituée de pièces qu’il portait dans la série, au bord de la piscine.
(© Netflix)
L’autre garçon qui a filé des vapeurs aux fans, c’est Steve. Moins chanceux que ses camarades, Joe Keery n’a quasiment qu’un seul look durant les huit épisodes. Le jeune homme travaille tout l’été chez un glacier du centre commercial, Scoops Ahoy, et doit donc se plier à la tenue réglementaire. L’uniforme aurait pu détruire sa street cred, mais il n’en est rien.
“Les frères Duffer voulaient que ce soit embarrassant à porter, en particulier pour un mec qui essaye de draguer des filles, mais pas au point de dissuader les spectateur·rice·s de regarder toute la saison”, s’amuse Amy Parris, interrogée par le site Fashionista.
On parie qu’au prochain Halloween, les uniformes de Scoops Ahoy vont détrôner le déguisement d’Eleven en saison 1 ?
Les trois saisons de Stranger Things sont disponibles sur Netflix.