Pour sa sixième édition, le Paris Ass Book Fair retourne au Palais de Tokyo pour célébrer l’édition imprimée “comme un médium à part entière, un vecteur d’expressions individuelles et collectives, un moyen de rendre la création accessible au plus grand nombre”. Des fans de papelard (c’est-à-dire des “artistes, libraires, éditeur·ices et zinesters”) présentent du papier en pagaille, sous la forme de fanzines, livres, magazines, vêtements et affiches.
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Avec son nom cocasse et coquin, cette “foire aux livres du cul” se veut disruptive et différente, “née de la volonté d’accorder une place importante à des sensibilités, des désirs et des aspirations marginales, intempestives, discordantes, et d’affirmer une approche joyeuse de l’art et de l’édition, un goût pour la provocation et l’absurde, une envie de stimuler les esprits et les corps”.
Au milieu d’un monde de l’édition encore bien poussiéreux, la Paris Ass Book Fair a à cœur de privilégier des artistes ayant “un accès limité au marché, dont les créations ne se trouvent pas dans les circuits habituels de distribution, mais aussi donnent voix à des expériences, des questionnements, des désirs, qui vont à l’encontre des normes majoritaires, qui peuvent nous ouvrir les yeux”.
C’est ainsi que l’événement “accorde une très large place aux personnes LGBTQIA+ et se fait caisse de résonance de leurs questionnements et de leurs expressions”. En écho à cette volonté, le Centre d’archives LGBTQIA+ de Paris s’est greffé, pour la première fois, à la foire. Il y présente une exposition de ses archives intitulée “Alice X au pays des archives LGBTQIA+”. Sur un chemin de 150 mètres, “le Centre d’Archives LGBTQIA+ Paris IDF invite le public à toucher ses archives et à se laisser toucher par elles”.
Bien décidé à faire vivre de façon physique son histoire, le centre a conçu “cinq zones de consultation pour fréquenter nos archives sous toutes leurs formes : physiques, numériques, orales, en papier, en bois, en plastique, en images”. Ainsi, le public est invité à “voir, entendre, toucher, prendre, feuilleter” une partie de l’histoire queer. On y trouve aussi bien une vidéo de Marianne Chargois, “travailleuse du sexe, performeuse et militante”, qu’un exemplaire de Masques, revue des homosexualités, intitulé “Les Gouines Rouge à la mutualité 1972”, un tas de godes, ou une affiche pour la soirée “Halloween Trans-genre” du fonds du Tango, bal gay et lesbien.
Le plus important pour le Centre était de “provoquer la rencontre matérielle” entre le public et “les histoires de nos vies”, une rencontre “plus que jamais utile face à la vague mondiale anti LGBTQIA+ qui se déchaîne dans le monde”, rappelle l’établissement. Dans l’idée que “si on ne le fait pas nous-mêmes, qui le fera ?”, le centre inscrit les communautés LGBTQIA+ au sein d’une histoire et d’une historicité qui les ont longtemps mises de côté. De quoi regarder vers le passé pour aborder sereinement l’avenir et célébrer le présent.
Le Paris Ass Book Fair aura lieu du 17 au 19 mai 2024 au Palais de Tokyo.