Benjamin Clementine, vainqueur du Mercury Prize britannique, dédie sa victoire à Paris

Benjamin Clementine, vainqueur du Mercury Prize britannique, dédie sa victoire à Paris

Benjamin Clementine a remporté le Mercury Prize, qui récompense le meilleur album britannique de l’année. Très ému, il a dédié son prix à la ville de Paris à la suite des attentats du 13 novembre.

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Perfide, perfide Albion ! Même dans les domaines les plus guindés, telles la cérémonie des Mercury Prize, le Royaume-Uni est capable de surprendre. Alors que les bookmakers pariaient sur la victoire de Florence + The Machine, du vétéran de la britpop Gaz Coombes ou des prodiges électro de deux générations différentes Aphex Twin et Jamie xx, c’est finalement l’outsider Benjamin Clementine qui a raflé la statuette, vendredi 13 novembre, à la BBC Broadcasting House. Il succède aux Young Fathers, sacrés en 2014.

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Le Britannique remportait donc le prix récompensant le meilleur album britannique de l’année pour son disque At Least For Now, une consécration pour ce chanteur âgé de 26 ans seulement, totalement inconnu du grand public il y a encore deux ans.

Emu, le chanteur-compositeur à la voix si troublante a invité ses concurrents sur scène avec lui avant de dédier son prix à Paris après les attentats du 13 novembre“Je sais que cela concerne la musique, mais je dédie [mon Mercury Prize] à ce qui est arrivé il y a environ quatre ou cinq jours à Paris”, a déclaré Benjamin Clementine.

Il faut dire qu’il fait partie de ces musiciens ayant transité par Paris pour tenter sa chance, puisqu’il a chanté dans le métro parisien à l’âge de 19 ans. Il a plusieurs fois raconté avoir vécu sans un sou en poche, dormant parfois au seuil des portes cochères avant d’être découvert par un producteur. Hier soir, il a ajouté ces mots à l’adresse de la capitale française et de ses habitants :

Parfois, quand des personnes meurent et ne font pas partie de votre famille, vous envoyez vos condoléances. Mais si elles font partie de la famille, à qui envoyez-vous vos condoléances ? Voilà comment je me sentais, comme si une partie de ma famille m’avait été volée.

A la conquête des deux côtés de la Manche

Si l’engouement populaire commence tout doucement cette année avec la sortie de son premier album, Benjamin Clementine a déjà goûté au succès critique depuis quelques temps. En France, il a déjà été invité à jouer aux Francofolies de la Rochelle et aux Transmusicales de Rennes en 2013. Il a remporté la Victoire de la musique catégorie “Révélation scène” en 2015.

La presse s’est montrée élogieuse à propos de son premier album, At Least For Now. Ainsi, The Guardian a applaudi un disque “osé, courageux et beau, et même parfois plutôt brillant”. En France, Le Monde ne se souvient pas d’avoir été aussi impressionné depuis longtemps par un chanteur, évoquant “un charisme, une puissance et l’évidence d’un avenir triomphant”.

Le parcours de Benjamin Clementine est étroitement lié à la France. Son premier album est d’abord sorti chez un label indépendant parisien, Behind Records, avant de ressortir chez Virgin EMI. Inspiré par des artistes aux talents aussi indéniables que divers, le jeune chanteur-compositeur a pour influences Nina Simone, Jacques Brel ou encore Erik Satie. Un cocktail d’intensité et de fragilité tout en nuances. Découvrez ou redécouvrez sa musique et sa voix si délicates avec le titre “Condolence”.