Banshee, la plus culte
© Cinemax
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Diffusée entre 2013 et 2016, Banshee s’est attiré les faveurs de nombreux sériephiles amateurs de combats de rue et d’œuvres pulp. Les aventures de Lucas Hood, propulsé shérif du comté de Pennsylvanie malgré lui, furent riches en sensations fortes. Il faut dire que la loi de la jungle régnait dans cette ville de rednecks où agents du FBI corrompus, mafieux juifs, dealers de drogues et tribus indiennes en colère se tiraient la bourre pour le contrôle du territoire.
Avec son ambiance pastorale, ses personnages cartoonesques et ses twists mortels, Banshee a été propulsée au rang de série culte. Même si le pulp a continué d’exister sur le petit écran à travers des productions plus confidentielles comme Hap and Leonard ou la canadienne Pure, le show de Jonathan Tropper et David Schickler reste l’un des ténors des séries testostéronées de la dernière décennie.
Si on ne devait retenir qu’une scène, on opterait forcément pour le plan-séquence jouissif et impressionnant de l’épisode “A Fixer of Sorts” de la saison 3. Pendant près de 4 minutes, Burton et Nola se livrent un combat sans merci, où la puissance des coups se ressent jusque dans nos entrailles de spectateur ébahi. La séquence se termine dans un torrent de sang, alors que le bras droit de Kai Proctor plonge sa main dans la gorge de Nola et lui arrache sa trachée de rage, coup final punitif digne d’un “Fatality” de Mortal Kombat. Une scène qui incarne toute la désinhibition de la série par rapport à sa violence brute et spectaculaire.
Les quatre saisons de Banshee sont disponibles en intégralité sur OCS Go.
Into the Badlands, la plus esthétique
© AMC
Injustement boudée par le public, Into the Badlands fait partie de ces pépites sérielles dissimulées par la montagne de la Peak TV. Diffusée tardivement en France et à l’étranger, la série d’AMC a fini par être annulée, la saison 3 mettant un terme aux jeux de guerre entre Sunny, la Widow et les barons des Badlands. Pourtant, le show d’Alfred Gough et Miles Millar (Smallville) est un ovni, une création 100 % originale qui mélange avec brio récit post-apocalyptique, fantasy lyrique et chorégraphies aériennes inspirées du cinéma d’Ang Lee.
Into the Badlands avait pour elle des interprètes parfaits de stoïcisme, une production value de grande qualité et des personnages féminins absolument impitoyables. La série a su par ailleurs développer une mythologie à part entière, avec pouvoirs magiques (le fameux Don maléfique), décors entre naturalisme et industrialisation, et photo aux couleurs chatoyantes.
En termes de scènes musclées, Into the Badlands propose tout bonnement ce qu’il y a de mieux sur le marché, combinant rixes aux sabres, affrontements à mains nues et grandes envolées acrobatiques à la croisée de Tigre et Dragon et Le Secret des poignards volants. Du grand spectacle souvent over-the-top, mais décomplexé et qui a toujours su se réinventer au fil des épisodes.
Difficile de ne retenir qu’une scène culte tant la série multiplie les conflits et tente de nouvelles choses. Pour la nostalgie, on pourrait opter pour la séquence d’introduction du pilote, qui pose tout de suite l’ambiance alors que Sunny déboule à moto et massacre une poignée de mercenaires, tranchant les membres de ses victimes comme une feuille de papier. Ou bien une compilation des passages sanglants avec la Widow, puisqu’on n’a jamais vu un autre personnage de pop culture se battre aussi bien en talons aiguilles.
Les saisons 1 et 2 et la première partie de la saison 3 d’Into the Badlands sont disponibles sur Amazon Prime Video.
Daredevil et The Punisher, les plus réalistes
© Netflix
S’il y a bien deux personnages légitimes pour parler de castagne de rue, c’est sans conteste Matt Murdock et Frank Castle. L’univers étendu Marvel de Netflix est mort, mais on en gardera des souvenirs marquants grâce à leurs justiciers, et en particulier Daredevil et le Punisher. Outre leur génial interprète respectif, le Diable de Hell’s Kitchen et l’ancien Marines ont relancé la mode du polar dans les adaptations de super-héros, quitte parfois à être visuellement trop sombre pour en apprécier tous les contours lors des scènes de combat.
Nos antihéros ont profondément souffert au cours de leur quête justicière. La force de leurs séries réside dans l’écriture et la gestion humaine, très réaliste, des enjeux entourant Matt et Frank. Le jeu des interprètes et la mise en scène ont toujours pris le soin de montrer les limites des personnages au cours d’un affrontement.
Ils sont loin d’être des surhommes, contrairement à ce que laisse penser leurs capacités hors normes. Matt et Frank encaissent plus souvent qu’ils ne donnent, s’épuisant inévitablement après plusieurs minutes d’échanges de coups contre les ninjas de La Main ou les mercenaires de Jigsaw, qui se relèvent du sol pour toujours plus de réalisme. On pense notamment aux débuts complexes de Daredevil, qui terminait toutes ses nuits héroïques avec de nouvelles cicatrices sur le corps.
Daredevil s’est fait une spécialité des longs combats en plan-séquence, concluant ses très attendus “Hallway fights” avec une scène de dix minutes en saison 3. Le Punisher a aussi eu droit à ses heures de gloire herculéennes, notamment en saison 2 avec la fusillade du commissariat de police, filmée comme un western des frères Coen. Crues, énervées, intenses, les scènes d’affrontement des séries Marvel de Netflix nous laisseront une empreinte indélébile, qui aura comblé les spectateurs déçus de l’Arrowverse édulcoré de la Digne Concurrence et offert une approche radicalement différente du Marvel Cinematic Universe family friendly de Kevin Feige sur grand écran.
Toutes les saisons de Daredevil et The Punisher sont disponibles sur Netflix.
Titans, la plus dark
© DC Universe
Annoncée à grands coups de “fuck Batman” dans son trailer, Titans s’est avérée aussi irrévérencieuse qu’on l’espérait. DC Universe a profité de sa liberté créative pour faire comme Netflix avec ses super-héros Marvel : créer un univers entre la télévision édulcorée (l’Arrowverse de la CW) et le cinéma trop sérieux (le très clivant Worlds of DC), résolument tourné vers la noirceur, la maturité et la quête d’indépendance de ses jeunes justiciers. Dick Grayson, Rachel, Koriand’r et Gar composent ainsi une équipe particulièrement instable.
Les quatre Titans sont consumés par leurs pouvoirs, allégories de leurs pulsions intérieures, bestiales, qu’ils ne parviennent pas à surmonter : même à Détroit, Robin répète le schéma de violence enseigné par Batman, Gar a une faim incontrôlable quand il se change en tigre tandis que le double maléfique de Rachel fait ressortir les aspects les plus sombres de sa personne. La violence de la série est donc principalement psychologique, mais la castagne est aussi une grande partie de la vie de nos justiciers.
Titans s’appuie sur des scènes de baston crues, où le sound design des coups et des os qui craquent est appuyé. C’est parfois à la limite du kitsch, mais les réalisateurs s’en sortent suffisamment bien dans la pénombre pour retranscrire l’ADN des comics. Le style de Robin, qui se fatigue vite et finit régulièrement par être blessé, le rapproche d’ailleurs de Daredevil (tout comme la photographie généralement crépusculaire du show).
La fameuse séquence du “fuck Batman” dans le pilote est particulièrement marquante, puisqu’elle permet d’iconiser Dick Grayson, tout en inscrivant la série dans l’héritage de l’univers de Batman. Mais on gardera surtout en tête la baston galère de Robin dans l’épisode “Asylum”, clairement empruntée à Daredevil et ses plans-séquences.
La première saison de Titans est disponible en intégralité sur Netflix.
Warrior, l’héritière
© Cinemax
À la croisée de Peaky Blinders et Banshee (Jonathan Tropper est une nouvelle fois crédité comme créateur), Warrior est la quintessence des séries de baston. Il faut dire que Bruce Lee en personne est à l’origine du pitch de l’œuvre, concocté avant sa mort au début des années 1970. C’est sa fille Shannon qui, 40 ans plus tard, est allée trouver Cinemax et Tropper pour réadapter sur le petit écran Warrior, dont le concept avait été volé en 1972 par Warner Bros. pour la série Kung Fu portée par David Carradine.
Le maître des arts martiaux décédé, c’est Andrew Koji (The Innocents) qui a dû reprendre la partition du héros, apprenant avec persévérance les mouvements du jeet kune do, cet art martial imaginé par Bruce Lee. Le résultat est spectaculaire, Warrior apparaissant dès son pilote comme une alternative jouissive à Banshee et Into the Badlands.
La série diffère toutefois par son aspect pop, souligné par une BO alliant guitares saturées et sonorités asiatiques, ainsi que des excès de violence hérités du cinéma de Tarantino. Les fans de Peaky Blinders apprécieront également la mise en scène stylisée (gros plans sur des visages enfumés par des clopes, ralentis quand le gang se déplace dans les rues de Chinatown) qui s’attarde sur les tongs, ces clans de mafieux chinois qui sévissaient à San Francisco à la fin du XIXe siècle.
Après seulement un épisode diffusé, il est bien trop tôt pour tirer une scène culte de Warrior. En revanche, on peut déjà souligner les vibrants hommages à Bruce Lee qui parcourent ces séquences, dont le combat entre Ah Sahm et le bras droit de Long Zii, en plein échange de poses de JKD envoûtantes. À son apogée en Chine, l’acteur avait pour objectif de conquérir les États-Unis en démocratisant les films d’arts martiaux chez eux, car jugés trop violents. Warrior est très violente mais c’est dans ces moments de grâce qu’elle sublime la technique de Bruce Lee et continue de marquer son empreinte dans la pop culture.
La première saison de Warrior est diffusée en US+24 sur OCS Choc.