Cette dernière semaine du mois d’avril 2019 est historique pour la pop culture. D’un côté, on trouve Game of Thrones, qui va balancer la plus grande bataille de l’histoire de l’entertainment ce dimanche 28 avril. Et de l’autre côté, en même temps que cet évènement du petit écran, Marvel nous a enfin délivré un quatrième Avengers ce mercredi 24 avril.
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Un moment incontournable, que les fans attendent depuis plus d’un an – voire plus. L’aboutissement de tout ce qu’a entrepris Kevin Feige depuis Iron Man, et qui clôt les aventures de Thanos, de l’arc des Pierres d’Infinité, mais surtout cette troisième phase du MCU constituée de pas moins de 22 films dévoilés depuis 2008. Et c’est un cas unique dans son genre. Littéralement.
Jamais une franchise n’a eu autant de longs-métrages, sortis en aussi peu de temps, avec autant de personnages (et donc de vedettes devant la caméra), de styles différents (Doctor Strange n’a rien à voir avec les Gardiens de la Galaxie, Spider-Man : Homecoming ou Black Panther) pour raconter une grande et belle histoire.
C’est la force de Marvel, et sa faiblesse. Car au fil des sorties, les productions se sont avérées être de plus en plus fructueuses, donc de plus en plus assujetties à une fanbase grandissante, et exigeante. Plus les films gagnaient en qualité, plus les aficionados de comics en demandaient, et toujours mieux. Force est de constater que l’écurie ne s’est que rarement plantée.
Mais comment conclure cette histoire immense et unique en son genre, dont le but est de mettre un terme aux aventures de Tony Stark, Steve Rogers et les autres, sans décevoir les fans ? Sans surprise, les frères Russo ont la réponse. Endgame, dans sa promesse, est parfait. Et le fan de Marvel et cinéphile qui écrit ces mots ne pouvait pas être plus ravi.
Avant de se plonger tête baissée dans Endgame, voici pourquoi le fan en moi a été subjugué.
Avant Endgame, du premier X-Men à Infinity War
Petite remise en contexte : je lisais des comics, jouais à des jeux vidéo et connaissais les aventures de certains de mes personnages préférés, dont un certain Peter Parker, par cœur, et depuis quelque temps déjà. Il me semble que le premier film de super-héros que j’ai vu est X-Men de Bryan Singer.
En 2000, j’étais trop jeune pour aller le voir au cinéma – j’avais à peine 7 ans. Il a donc fallu attendre la sortie DVD pour me manger une énorme claque et devenir encore plus fan de ces personnages. Le film n’est pas génialissime, mais il permettait de donner vie, un visage définitif, une voix, à ces protagonistes que j’admirais déjà. Les scènes d’action me semblaient folles, et le scénario dingue.
Depuis, j’ai vu tous les films qui touchaient de près ou de loin à Marvel ou DC Comics, à quelques exceptions près (Elektra et Ghost Rider 2) et ai même rattrapé mon retard sur des films sortis plus tôt. Je ne me nourrissais, en très grande partie, que de ça, et suis devenu ce qu’on appelle communément un “fan”.
Un fan capable de trouver The Amazing Spider-Man très chouette (on ne m’enlèvera pas de l’esprit qu’Andrew Garfield ressemble parfaitement à la version Amazing de Peter Parker), et de ne pas trouver du tout naze The Green Lantern.
Avec le temps, ma passion est devenue mon métier, et j’ai la chance, depuis plusieurs années, de pouvoir couvrir ces sorties pour Konbini. Comme le nombre de productions liées au catalogue Marvel ou DC Comics n’a fait qu’augmenter, j’ai dû tout digérer. Et comme la plupart d’entre vous, je suis devenu plus exigeant. La faute à certaines pépites, rendant le reste des films un peu plus fade.
Il y a d’abord eu la trilogie Dark Knight, qui a repoussé les limites du héros réaliste avec une sobriété et une intelligence rares. Au même moment, il y a eu Iron Man, qui a défini la nouvelle norme du cinéma de super-héros en prenant un contre-pied jouissif. Et puis il y a Avengers premier du nom, qui a réuni avec brio pour la première fois les protagonistes que Marvel nous a présentés sporadiquement pendant quatre ans dans les films Iron Man, L’Incroyable Hulk, Thor et Captain America.
C’est ainsi qu’on s’est retrouvés devant Infinity War, les yeux ébahis. La promesse était dingue. Et après un Avengers 2 décevant, un Captain America : Civil War quasi parfait (seul défaut, un méchant pas assez crédible) et une pléthore de très bons Marvel mais d’une importance moindre, il fallait rattraper le niveau. Et putain, ça a été le cas.
On y trouvait le vilain le mieux écrit de tout le MCU et de loin, les plus belles scènes de combats que Marvel ait pu entreprendre, une construction parfaite, un casting XXL au poil et un final historique. Pas le meilleur film du MCU, mais franchement, c’était pas loin.
J’ai dû voir six fois Infinity War (IW) : sur un écran Imax géant, sur un écran de ciné classique, sur mon ordinateur ou même sur un petit écran d’avion. À chaque fois, mes glandes lacrymales se sont vidées au moins à trois reprises. Face à la mort de Gamorra et au chagrin de Thanos, ou encore à la disparition de Spider-Man, il n’y a rien à faire. Rien.
Donc forcément, l’attente pour Endgame a été longue. Très longue. Je faisais partie de ceux qui scrutaient tous les trailers, toutes les analyses de trailers, toutes les théories sur Reddit, à la recherche de la moindre info à se mettre sous la dent. Jusqu’au jour où j’ai décidé d’arrêter, pour garder un peu de cette surprise pour laquelle je comptais les heures et les minutes. Oui, c’est grave.
J’ai même commencé à me dire que, si ça se trouve, le film serait raté, pour me préparer à une potentielle déception et ne pas tomber de trop haut. Jusqu’au moment où j’ai finalement regardé une septième fois IW la veille de la projection d’Endgame. Même là, j’ai essayé de ne plus y penser. J’ai tenté de tenir en place. De ne pas être dans l’état dans lequel je suis la plupart du temps…
Résultat ? Les frères Russo ont réussi à me faire frissonner, me faire pleurer (de tristesse, mais aussi de plaisir), et me surprendre.
Une promesse plus que tenue
Il est difficile de parler d’un film comme celui-ci sans spoiler. À commencer par le pitch : c’est le plus grand mystère, et donc plaisir du film, que de découvrir la structure des aventures de nos personnages préférés. En soi, vous le savez déjà : les Avengers sont dévastés après le claquement de doigts de ce cher Thanos, et cherchent un moyen de le vaincre “une fois pour toutes”.
Allons droit au but : ce film fait fichtrement plaisir. Évidemment que, comme certains se sont empressés de le signaler, il y a probablement des choses à redire. Pour certains cinéphiles, il y a des lourdeurs de mise en scène, de photographie, de scénario, etc. Soit, mais le film atteint des paroxysmes de beauté du côté du MCU, que ce soit visuellement ou émotionnellement, et le scénario est très malin dans son traitement du post-claquement de doigts.
La critique principale qu’on retrouve sur les réseaux est que “c’est du fan service, il n’existe pas seul, il faut avoir vu tous les films Marvel pour le comprendre”. Et ça, ça ne passe pas. Trop souvent, le genre a été méprisé, et Endgame mérite plus que ces critiques qu’on retrouve sans cesse, de même que “de toute façon, on en a marre du cinéma de super-héros, overdose”. Non.
Évidemment qu’il y a du fan service. C’est un film pour les fans, conçu dès le départ pour remercier ces derniers de leur fidélité durant les onze dernières années. Un film cadeau, qui remplit toutes les cases de ce que veulent les fans. C’est le postulat de base. On le savait. Ceux qui sont allés voir le film en espérant autre chose sont au mieux un peu trop candides, au pire de mauvaise foi.
Sauf que les frères Russo font plus que du fan service. Ils t’attrapent par la main, t’amènent dans une direction à laquelle tu ne t’attends qu’à moitié, puis te font dériver par d’autres chemins. Il y a des passages obligés, un peu clichés, mais d’autres qui sont inattendus. Tu te retrouves à frissonner, à craindre pour la vie de personnages, à chialer, à crier dans la salle (véridique), et à te prendre des claques. Pas une. “Des” claques.
Il faut remercier le service marketing de Disney, qui a accepté la requête des frères Russo d’exploiter au maximum des images issues des 15 premières minutes. Une astuce qui a permis de conserver au maximum le contenu final de son blockbuster de trois heures, et d’offrir une pléthore de surprises aux fans, qui ne demandaient que ça. Il faut le notifier : certains craignaient la durée, exceptionnellement longue pour un Marvel, de 3 h 02. Le fait est qu’on ne voit pas le temps passer. Mais alors pas du tout !
Le bouquet final que nous offre Marvel est exactement ce que j’attendais, et probablement ce que 99 % des fans attendaient. C’est l’accomplissement parfait de cet arc, de ces 22 films inégaux mais qu’on ne peut s’empêcher d’adorer. Une espèce d’au revoir complètement assumé, d’adieu grandiloquent pour lequel on ne trouve pas les mots en sortant de la salle.
L’écriture des personnages sur le long terme, au fil de ces 22 films, est un exploit scénaristique à part entière. L’évolution de Tony Stark et de Steve Rogers est une leçon d’écriture, et encore plus ici. On savait que ce film serait historique, mais on ne pouvait pas se douter qu’il le serait à ce point. Vous ne trouverez pas plus épique, plus fort que ça.
C’est simple : il y aura un avant et un après Endgame.
Peut-être trouverez-vous que j’en fais trop, que j’exagère, que le côté fan ressort plus que l’aspect journalistique. Qu’importe. Le gosse de 15 ans qui a découvert Iron Man avec des étoiles plein les yeux vient de voir quelque chose qu’il n’aurait jamais imaginé, même dans ses rêves les plus fous. Et c’est peut-être le plus important.