À 30 ans, Léonard de Vinci venait de quitter l’atelier dans lequel il avait fait ses armes et avait côtoyé de grands noms de la Renaissance, tels que Botticelli ou Le Pérugin. Déterminé comme jamais, le peintre eut l’idée de présenter ses services à Ludovic Sforza, alors régent du duc de Milan. Mécène, celui qui devint enfin duc en 1494, commanda à Léonard de Vinci un de ses tableaux les plus connus : La Cène, réalisée entre 1495 et 1498 pour le réfectoire du couvent dominicain de Santa Maria delle Grazie. Mais l’opportunité n’est pas tombée du Ciel : pour se faire connaître de l’homme politique, Léonard de Vinci avait fait comme tout le monde, en lui envoyant un CV.
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Avant de noter qu’il est capable de réaliser “des sculptures en marbre, en bronze et en plâtre” et des peintures “du mieux possible, aussi bien que quiconque”, l’artiste résume en dix points ses compétences et connaissances en ingénierie. Malin, Léonard de Vinci oriente son CV en fonction de son destinataire, insistant sur le versant belliqueux de ses sciences. Il propose de créer des “chariots couverts, sécurisés et inattaquables” et “en cas de besoin, des gros pistolets, des mortiers”.
Il indique également “avoir des moyens silencieux permettant d’atteindre certains lieux secrètement […], même sous des tranchées ou des rivières”. Le CV a fonctionné (peut-être aussi grâce au fait que Léonard de Vinci donne du “Mon Excellence” à tire-larigot) et l’artiste-ingénieur a intégré les petits papiers du duc jusqu’à devenir un de ses artistes fétiches. C’est la preuve qu’il ne suffit pas de traverser la rue pour trouver un emploi, mais que l’histoire des CV ne date pas d’hier – au moins de 1482.