Une deuxième plainte pour agression sexuelle visant l’acteur Gérard Depardieu a été déposée par la comédienne Hélène Darras, a-t-on appris mercredi, à la veille de la diffusion d’un Complément d’enquête consacré à ces faits. Hélène Darras a porté plainte le 10 septembre contre l’acteur de 74 ans, qu’elle accuse d’agression sexuelle en 2007, lors d’un tournage du film Disco, réalisé par Fabien Onteniente, a indiqué le parquet de Paris.
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Cette plainte, qui porte a priori sur des faits prescrits, est “en cours d’analyse”, a précisé la même source à l’AFP, pour en déterminer l’orientation : classement ou lancement d’investigations. La comédienne, qui avait déjà témoigné devant la justice et dans Mediapart, a ainsi “voulu répondre à la défense qui minimise nos dénonciations en disant que ce ne sont que des témoignages”, a-t-elle expliqué à l’AFP, faisant allusion aux multiples accusations parues dans la presse contre Gérard Depardieu.
Pour rappel, au total, ce sont seize femmes qui accusent l’acteur d’agression sexuelle. L’avocat de l’interprète de Cyrano, Christian Saint-Palais, n’a pas répondu aux sollicitations de l’AFP. L’annonce de ce dépôt de plainte est faite dans un numéro du magazine d’investigation Complément d’enquête, qui sera diffusé ce soir sur France 2. Hélène Darras y accuse la star de l’avoir “pelotée” en 2007, alors qu’elle avait 26 ans et était figurante dans le film Disco.
“Je dis non”
Pendant le tournage, Gérard Depardieu “passe sa main sur [ses] hanches, sur [ses] fesses” puis “[lui] dit carrément : ‘Est-ce que tu veux monter dans ma loge ?’“. L’actrice lui dit “non”, mais “ça ne change rien”, affirme-t-elle dans Complément d’enquête : “Entre les prises, il va continuer à [la] peloter”.
“J’ai mis un an à passer du témoignage à la plainte”, a-t-elle expliqué à l’AFP. “Passer la porte du commissariat, dire à un policier qu’on vous a touché les parties intimes, ce n’est pas évident, ça prend du temps d’y réfléchir”, a-t-elle ajouté. En outre, Gérard Depardieu fait l’objet d’une information judiciaire à Paris : il a été mis en examen le 16 décembre 2020 pour viols et agressions sexuelles après une autre plainte de la comédienne Charlotte Arnould, qui a dénoncé fin août 2018 deux viols au domicile parisien de l’acteur.
Elle avait obtenu à l’été 2020 que l’enquête, d’abord classée par le parquet en juin 2019, soit confiée à un juge d’instruction. Depuis, une dizaine d’autres femmes ont accusé dans la presse Gérard Depardieu de violences sexuelles. L’acteur, qui a été confronté cet été à Charlotte Arnould devant la juge d’instruction en charge du dossier, a aussi été interrogé sur ces nouveaux témoignages, selon une source proche du dossier. Début octobre, il a démenti les accusations, martelant n’être “ni un violeur ni un prédateur” dans une lettre ouverte publiée dans Le Figaro.
“Grosses salopes”
S’appuyant sur une vidéo inédite tournée en 2018 lors d’un voyage avec l’écrivain Yann Moix en Corée du Nord, Complément d’enquête affirme également qu’à chaque fois que l’acteur est en présence de femmes durant ce voyage, il ne peut s’empêcher de tenir des propos à caractère sexuel.
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Propos déplacés, gestes et bruits de gorge mimant l’acte sexuel ponctuent ses échanges avec des femmes. Dans un haras, il affirme que “les femmes adorent faire du cheval [car] elles ont le clito qui frotte sur la selle […] elles jouissent énormément”. Et de poursuivre : “C’est des grosses salopes”.
Côté plateaux de cinéma, plusieurs témoignages, dont ceux de Sarah Brooks, dans l’enquête de Mediapart, et Anouk Grinberg, dans une interview au magazine Elle en octobre, pointent une “ambiance sexualisée” où règne l’omerta. Complément d’enquête exhume aussi une interview réalisée en 1978 avec un magazine américain. Il y raconte avoir été impliqué dans des viols à l’âge de neuf ans. “Il n’y avait rien de mal à ça”, aurait-il déclaré. Ce sont des propos qu’il a maintenus des années plus tard face à une journaliste de Time Magazine.
Ces allégations n’ont jamais pu être vérifiées et sont battues en brèche par ses proches. Pour le président du syndicat des producteurs, Marc Missionnier, le seul à avoir voulu témoigner à visage découvert, “le cinéma français n’ignorait pas les comportements problématiques de Gérard Depardieu”.