L’année 2016 a sans conteste été celle des plateformes de streaming, qui remettent en cause notre mode de consommation de la musique.
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Les gourous qui prévoyaient des chutes de revenus pour l’industrie avaient tout faux, et c’est en grande partie grâce aux plateformes de streaming comme Spotify, Apple Music ou Pandora. Leur fréquentation a augmenté de 76% (!) sur la seule année 2016, en grande partie boostée par les géants du rap et du R&B comme Rihanna ou Drake. Le chanteur de 30 ans a ainsi totalisé pas moins de 5.4 milliards d’écoutes cette année, toutes plateformes de streaming confondues.
Des chiffres hallucinants qui dépassent aujourd’hui ceux des téléchargements légaux de musique (sur l’Apple Store ou Amazon par exemple) aux États-Unis. Si le téléchargement était pourtant vu comme la relève de l’album physique, il est aujourd’hui submergé par la vague du streaming, bien plus adapté à gérer le flot continuel des nouveautés qui sortent chaque semaine.
Les ventes d’albums physiques se portent quant à elles assez bien, même si l’artiste qui vend le plus de disques au monde n’est pas celui qu’on croit. Car c’est Mozart qui s’impose comme le patron des bacs, avec 1.25 millions de disques écoulés. On se doute bien que le profil type de l’acheteur de CD de Mozart n’a pas grand chose à voir avec celui du streamer de Drake. Dès lors le streaming apparaît comme l’apanage d’une nouvelle génération mélomane.
Le signe d’une société qui change
Le streaming est en fait un mode de consommation de la musique révélateur d’une évolution des comportements dans notre société. Dans son livre L’Âge de l’accès, l’essayiste américain Jeremy Rifkin explique avec brio que ce n’est plus le désir de possession qui motive nos achats, mais bien le souhait d’accéder à une expérience. Louer “son” smartphone, aller sur Airbnb plutôt qu’acheter une maison de vacances, écouter un titre en streaming plutôt que le posséder : autant de comportements qui permettent de développer une plus grande flexibilité dans le temps et le (cyber) espace, quitte à remettre en cause le principe même de propriété privée. L’homme du 21ème siècle est plus léger. Il ne possède plus : il accède.
Les plateformes de streaming sont l’expression de ce phénomène nouveau, en grande partie lié à l’explosion d’Internet, qui fait passer la musique du statut de bien à celui de service. Moyennant un abonnement au prix relativement bas, le consommateur se voit ouvrir l’accès à une base de donnée musicale phénoménale qu’il lui serait virtuellement impossible de constituer en tentant d’acheter chaque titre un par un. Le téléchargement (légal) est mort, vive le streaming !