Autoportraits, ironie et kitsch : lumière sur Nicole Gravier, la reine du roman-photo

Autoportraits, ironie et kitsch : lumière sur Nicole Gravier, la reine du roman-photo

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© Nicole Gravier

Entre auto-mise en scène et ironie, focus sur les images résolument pop de Nicole Gravier.

“Guido ne sait pas embrasser. Quand il va au cinéma… il ne va voir que des westerns ou des films policiers”, pense une Nicole Gravier nostalgique en pressant un oreiller contre elle. Les textes qui alimentent les romans-photos de l’artiste sont issus de véritables fotoromanzi italiens des années 1970, époque à laquelle Nicole Gravier se penchait sur des media populaires pour les détourner avec humour. L’exposition “Mythes et Clichés”, présentée à l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles dans le cadre des Rencontres de la photographie d’Arles, revient sur les images décalées et ironiques de l’artiste.

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C’est en se détournant de l’art traditionnel et de ses contraintes pour s’intéresser aux images populaires et anonymes que Nicole Gravier est tombée dans la photographie et l’art du détournement. Poussée par des motivations d’analyse et de décodage d’images du quotidien, comme les cartes postales ou les clichés de photomatons, l’artiste se focalise sur un format largement diffusé et apprécié dans l’Italie des années 1970 : les fotoromanzi. Reprenant leurs poses douces, leur esthétique kitsch et leurs dialogues à l’eau de rose, Nicole Gravier se met elle-même en scène dans sa série Mythes & Clichés.

Le souvenir s’estompe, Mythes et Clichés, Photoromans, 1976-1980. (© Nicole Gravier)

Animée par les concepts sur lesquels elle travaille, elle traduit ses idées à l’aide de son petit appareil argentique et, se faisant, se réapproprie des media largement répandus mais peu questionnés artistiquement. Loin de s’en tenir uniquement aux romances sur fond de papier glacé, l’artiste détourne également des publicités, des images de photomatons, et agrémente ses œuvres et ses collages de textes légers.

“Oscillant entre démarche conceptuelle, esprit pop teinté d’humour et fiction autobiographique, Nicole Gravier développe une œuvre singulière dans le contexte de mutation politique et sociétale qui touche l’Italie et plus généralement les sociétés occidentales des années 1970”, détaille Damarice Amao, commissaire de l’exposition en partenariat avec six étudiant·e·s de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles.

Des années plus tard, l’œuvre de l’artiste visuelle gagne à être examinée d’un point de vue féministe. Son ton, ses collages et ses installations témoignent en effet d’un renouveau dans l’histoire de la photographie comme de la place des artistes femmes dans un contexte post-Seconde Guerre mondiale. En quête de liberté et de fraîcheur, Nicole Gravier est de celles qui se sont rapprochées de la photographie à une époque où le médium était peu plébiscité pour créer un art qui leur ressemble.

Mythes et Clichés, Publicités, 1976-1980. (© Nicole Gravier)

Mythes et Clichés, Publicités, 1976-1980. (© Nicole Gravier)

L’exposition “Mythes et Clichés” est à voir jusqu’au 3 septembre 2023 à l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles lors des Rencontres de la photographie d’Arles.

Konbini, partenaire des Rencontres de la photographie d’Arles.