Sa “vague” géante argentée incrustée d’empreintes digitales trône au milieu de la place Vendôme à Paris : une façon de “capturer l’instant”, dit son créateur, le plasticien suisse Urs Fischer, qui s’est entretenu avec l’AFP. Malgré la pluie, cette sculpture monumentale arrête les passant·e·s, curieux·ses devant cette forme percée d’un jour, qui laisse voir l’environnement à travers elle, dans ce haut lieu de la joaillerie française.
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“L’idée de départ vient d’une vague juste avant qu’elle ne se casse pour former une sorte de tube allongé et vide”, explique l’artiste représenté par la galerie Gagosian. “C’est comme un mouvement qu’on aurait figé.” Il précise avoir réalisé sa sculpture “à partir de petites maquettes, mais l’avoir conçue très rapidement, comme pour capturer un petit instant”. “J’ai travaillé avec des centaines de petits mouvements que j’ai sélectionnés car j’aime l’énergie du mouvement et j’ai trouvé un moyen de la capturer”, ajoute-t-il, en dressant un parallèle avec “l’enregistrement de quelques notes improvisées à la guitare”.
Quant au motif de l’empreinte – comme dans les dernières œuvres de l’Italien Giuseppe Penone exposé aussi par Gagosian –, Urs Fischer dit qu’il lui vient “du jazz, comme quelque chose qu’on laisse tel quel, en l’état, sans chercher à le rendre parfait” et qui nous rappelle que “nous ne sommes pas grand-chose” sur Terre, “face à des paysages grandioses” comme ceux de sa Suisse natale.
La sculpture fait partie du parcours gratuit “hors les murs” (aux côtés d’une installation de Sheila Hicks sur le parvis de l’Institut de France et d’une œuvre de Daniel Buren et de l’Italien Michelangelo Pistoletto au Palais d’Iéna) dans le cadre de la foire Paris+ par Art Basel, qui débute au Grand Palais Éphémère et dure de vendredi à dimanche pour le grand public. Plus de 150 galeries venant d’une trentaine de pays sont présentes.
Photographe de formation, Urs Fischer, né en 1973 à Zurich, a débuté son travail dans les années 2000 en alternant dessins, installations, sculptures et collages. Ses œuvres bousculent les habitudes de pensée et de perception du public. Elles sont réalisées à partir d’une grande variété de supports ou conceptuelles, parlant d’un monde étrange et immersif, souvent à la lisière de l’absurde. L’autodestruction en constitue un motif récurrent. Il a notamment répliqué en cire la sculpture florentine de L’Enlèvement des Sabines de Giambologna, qui s’est consumée au fil du temps comme une bougie, pour l’inauguration de la Bourse de Commerce, à Paris.