Si on qualifie souvent Miloš Forman de cinéaste de la folie, c’est aussi et surtout le cinéaste de la liberté. Dans le bien nommé documentaire Miloš Forman, une vie libre, disponible sur Arte TV jusqu’au 8 juin, on comprend comment cette recherche de liberté a guidé à la fois l’existence mais également l’œuvre du cinéaste.
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Orphelin de parents victimes de la barbarie nazie, Miloš Forman est passé derrière la caméra en opposition aux films de propagande tchèque diffusés par le régime communiste. “Notre plus grande inspiration était en réaction à cet ennui“, se souvient le cinéaste.
Influencé par le néo-réalisme italien, il a tout d’abord voulu montrer de vraies personnes à l’écran, en opposition à cette “propagande stupide“. Ainsi, son premier film L’Audition est un quasi-documentaire et c’est certainement cette ambition du réel qui le fera d’abord préférer les acteurs amateurs aux professionnels.
Fasciné par le mouvement hippie, lui qui a grandi sous un régime communiste, déménagera à New York, abandonnant femme et enfants pour filmer ces communautés de beatnik dans Taking off. Il se rendra finalement compte qu’ils sont en réalité “extrêmement ennuyeux” et leur préférera donc leurs parents en tant que sujet d’étude. Il parviendra finalement à filmer ce “fameux esprit peace and love” qu’il recherchait tant dans sa comédie musicale Hair en 1979.
De cette “vie libre”, il est également question lorsque Miloš Forman porte à l’écran la vie du sulfureux éditeur et producteur américain Larry Flynt puisque c’est d’abord la liberté, “le vrai héros du film”, qu’il veut y filmer. Et c’est cette même liberté qu’il a voulu symboliser dans Vol au-dessus d’un nid de coucou, qui “pour les Américains est de la littérature mais pour moi c’est la vraie vie. Le parti communiste était mon infirmière en cheffe qui me disait quoi faire, quoi dire, quoi ne pas faire, pas dire.”
Pudeur et simplicité
Miloš Forman, une vie libre, constitué d’archives et d’extraits de films, raconté par la voix de Milos Forman lui-même, oscille entre autodérision, clairvoyance et objectivité, sans aucune fausse modestie, comme lorsqu’il analyse le succès des Amours d’une blonde qui l’a propulsé sur la scène internationale par un simple “nous étions une révélation.”
Mais le destin lui a également joué quelques tours dans sa vie personnelle et professionnelle, qu’il raconte avec beaucoup d’autodérision, par exemple lorsque le Festival de Cannes fut annulé en Mai 68 alors qu’il y avait été sélectionné pour la première fois pour Au feu les pompiers ou lorsqu’il est devenu deux fois père de jumeaux, ce qui est “statistiquement très improbable mais j’avais déjà vécu par mal de situations étranges.”
Miloš Forman parle également sans aucune fausse modestie des nombreux Oscars qu’il a reçus au cours de sa carrière (cinq pour Vol au-dessus d’un nid de coucou en 1976 et huit pour Amadeus en 1985), témoignant pour la caméra de leur importance professionnelle et de la crédibilité qu’ils offrent pour négocier avec producteurs et studios.
Récemment, Jim Carrey nous parlait de sa collaboration avec Miloš Forman, le “meilleur réalisateur du monde”, pour l’incroyable Man on the Moon, qui brille par son absence dans ce documentaire qu’on vous recommande cependant chaudement.