Après Le monde de demain, quelles histoires du rap français pourraient être adaptées en série ?

Après Le monde de demain, quelles histoires du rap français pourraient être adaptées en série ?

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PNL – Au DD

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Par Roch

Publié le

Très bien écrite, réalisée et jouée, la mini-série sur les débuts du hip-hop et de NTM en France donne envie de voir aussi bien filmée la genèse d’autres groupes. Mais qui ?

L’histoire du rap français regorge d’anecdotes fascinantes, de personnages virevoltants et d’échos criants de la société. Alors quelles aventures collectives méritent le même traitement qu’a connu NTM avec la série Le monde de demain mais également le film Suprême ?

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Ministère A.M.E.R.

Le Ministère et NTM sont un peu le Yin et le Yang du rap français des années 1990. Face aux défenseurs des valeurs du hip-hop (paix, amour et unité), le groupe de Sarcelles a choisi une position beaucoup plus radicale. Tout comme NTM, le MA est vu comme un duo (Stomy Bugsy et Passi), alors que de nombreux personnages hauts en couleur le composent. Entre le stratège Kenzy, le talentueux Moda, l’homme à tout faire Hamed Daye ou encore le fougueux Doc Gynéco, le terrain est propice pour raconter une histoire des Sarcellois tout aussi passionnante que celle des voisins du 93. Un épisode entier pourrait être consacré au jour où Stomy Bugsy a créé une mutinerie dans une caserne en Allemagne où il effectuait son service militaire, afin de s’échapper et de rejoindre le reste du groupe qui enregistrait Traîtres, leur premier morceau.

Si on creuse un peu plus loin, on trouve tout un pan du rap français des années 1990 dans leur sillage, puisqu’on parle des bases du “Secteur Ä”, le collectif derrière les plus grands succès de la fin de la décennie : les Neg’Marrons, Ärsenik, Bisso na Bisso… Allez, on signe pour plusieurs saisons !

IAM

L’autre groupe que l’on a longtemps opposé à NTM. Cette fois, la différence est avant tout géographique puisque la bande d’Akhenaton et Shurik’n est originaire de Marseille. Une série sur le groupe mettrait alors en avant l’arrivée du hip-hop dans la cité phocéenne. Contrairement à la capitale qui bénéficie de réseaux de disquaires, de soirées, de labels et de sièges de maisons de disques, le développement du mouvement importé de New York a nécessité beaucoup plus de débrouille. On pourrait suivre les 4 amis (Akh, Shu, Imhotep et Kheops) découvrir leurs passions communes : les arts martiaux, l’antiquité égyptienne et les samples de soul. Mais aussi les suivre dans leurs voyages à New York où ils ont découvert la véritable culture hip-hop et rencontré des piliers du milieu. L’histoire promet moins de remous – hormis Freeman, danseur du groupe, devenu rappeur sur quelques projets avant de se fâcher avec le reste de l’équipe – mais promet une belle fin, entre le concert donné aux pyramides de Gizeh en 2008 pour les 20 ans du groupe et surtout le fait que le crew tourne toujours aujourd’hui. Le groupe étant déjà cité dans la série d’Arte, Demain c’est loin ferait un excellent spin-off au Monde de demain.

Mafia K’1 Fry

C’est certainement l’histoire que tout le monde veut voir à l’écran. Quand les Américains ont sorti Straight Outta Compton, il était évident que l’équivalent français serait le mélange d’histoires de rue et de musique du collectif du Val-de-Marne. Dès le succès de Kery James à seulement 12 ans, toute une bande de potos-artistes venus de l’axe Orly-Choisy-Vitry se forme autour du grand frère Manu Key – qui raconte une partie de cette histoire dans son autobiographie (Les liens sacrés, Faces cachées, 2020). Arrivent ensuite les tubes de Rohff et le carton du 113 qui dépassent largement le cadre du rap. Dans le même temps, le collectif reste proche de la rue et plusieurs membres meurent dans des conditions violentes. Entre ces histoires et les nombreuses anecdotes qu’on peut entendre dans le documentaire Si tu roules avec la Mafia K’1 Fry, il y a de quoi alimenter les scénarios de plusieurs saisons de série. Les embrouilles entre certains membres font que ce projet va être compliqué à mettre en place, mais pas impossible. Et le tout serait rythmé par des prods de DJ Mehdi, ce qui en ferait d’office une des meilleures séries de l’histoire. 

Time Bomb 

Le rap français pré-Internet était souvent une affaire de collectif. Si la Mafia K’1 Fry est certainement le plus mythique, Time Bomb est sans contestation possible celui qui a le plus révolutionné le rap français dans sa forme. Une équipe de “Black Super Héros” comme ils aimaient s’appeler eux-mêmes, constituée des Lunatic Booba et Ali, des X-Men Ill, HiFi et Cassidy, Oxmo Puccino, Pit Baccardi… Bref, énormément de talent et d’égo qui font que l’aventure fut aussi brève qu’intense. En adaptant les techniques de flow et d’écritures de rappeurs new-yorkais de l’époque, les Parisiens ont donné au rap français ses freestyles radio les plus mythiques. Un succès alors mésestimé jusqu’au jour où un showcase du groupe à la FNAC des Ternes (Paris, 19e) tourne à l’émeute face à l’incapacité d’accueillir tout le public venu. Cette histoire et d’autres anecdotes autour de cette équipe sont à lire dans l’autobiographie d’un de ses membres les plus discrets, Kamal Haussmann (Time Bomb, Albin Michel, 2019).

Comme dans Le monde de demain, il serait pertinent de voir comment des destins aussi proches à un moment ont pu ensuite suivre des trajectoires radicalement différentes.

PNL

Les années 1990 c’est bien beau, mais après ? Après, le rap a quitté sa marginalité pour devenir le genre dominant. Ça indique la fin des histoires passionnantes ? Certainement pas, et dans le rap actuel, c’est peut-être le duo PNL qui mérite le plus de voir son aventure adaptée à l’écran. Malgré l’absence de communication avec les médias, l’histoire de N.O.S. et Ademo a été racontée à droite, à gauche par des proches des frangins des Tarterêts, agrémentée de quelques détails lâchés au gré d’une rime. Fils d’un voyou du 91, Tarik et Nabil ont connu une enfance marquée par l’absence de leur mère, la rivalité de leur père avec le maire de leur ville, l’influent millionnaire Serge Dassault, et des années d’exil en Corrèze. De retour dans la jungle, Mowgli et Simba veulent s’en sortir par tous les moyens. Après les échecs de leur musique en solo et un séjour en prison pour l’aîné, c’est la révélation et c’est en duo qu’ils vont tout écraser. En indépendant et en quelques années ils vont accumuler les disques de platine et de diamants, pour obtenir une reconnaissance internationale. On se croirait à Hollywood, non ? Le seul bémol, c’est qu’on ne connaît pas encore la fin de l’histoire. Mais on n’est pas pressés…