Après des piranhas ce week-end, Banksy révèle deux nouvelles œuvres à Londres en moins de 24 heures

Après des piranhas ce week-end, Banksy révèle deux nouvelles œuvres à Londres en moins de 24 heures

Image :

© Banksy

Par Donnia Ghezlane-Lala Konbini avec AFP

Publié le , modifié le

Après une chèvre, des éléphants, des singes, un loup, un pélican, un chat et des piranhas révélés ce dimanche, voilà qu’un rhinocéros et qu’un gorille surgissent en 21 heures.

Dimanche, des poissons transformant une cabine vitrée en aquarium se sont ajoutés aux animaux du graffeur Banksy, apparus quotidiennement depuis une semaine dans les rues de Londres, pour parfois disparaître rapidement. Cette cabine vitrée sert à abriter les forces de l’ordre régulant le trafic dans la City de Londres. L’agence PA a vu sur place des agents prendre des photos, l’un d’eux expliquant attendre de savoir quoi en faire.

À voir aussi sur Konbini

Depuis, deux autres animaux ont été révélés dans l’espace public en moins de 21 heures : un rhinocéros posé en trompe-l’œil sur une voiture avec un cône de signalisation en guise de corne sur le capot et un gorille libérant d’un zoo un phoque, des oiseaux et d’autres animaux, posté il y a huit minutes au moment où j’écris ces lignes. La crise climatique, la guerre à Gaza ou tout simplement un peu de légèreté créative dans une période sombre ? Les spéculations vont bon train sur les raisons qui ont poussé le mystérieux street artiste, peu prolixe habituellement, à revendiquer chaque jour cette semaine une nouvelle œuvre via son compte Instagram.

Cette frénésie animalière a commencé lundi avec l’apparition d’une chèvre perchée sur le conduit d’une façade dans l’arrondissement de Richmond, dans l’ouest de Londres. Ont suivi des éléphants sortant la tête de fenêtres condamnées dans le quartier cossu de Chelsea mardi, des singes suspendus à un pont ferroviaire à Shoreditch mercredi, un loup hurlant sur l’antenne parabolique d’une devanture de magasin à Peckham jeudi, des pélicans attrapant des poissons au-dessus d’une vitrine d’un vendeur de fish and chips à Walthamstow, puis un chat s’étirant sur un panneau d’affichage au nord-ouest de la capitale.

L’apparition quotidienne de ces animaux a provoqué d’intenses spéculations sur leur signification, de la part d’un artiste aux œuvres souvent très engagées dans la défense des réfugié·e·s, de la cause palestinienne – il a peint des œuvres dans les territoires palestiniens et ouvert un hôtel à Bethléem – ou sur la crise climatique. Des témoins interrogés par l’AFP devant les œuvres londoniennes ont avancé l’hypothèse d’un lien avec le conflit en cours à Gaza ou des émeutes d’extrême droite récentes au Royaume-Uni, voire avec les Jeux olympiques.

Travail éphémère

“Banksy essaye de nous faire réfléchir sur la crise écologique”, avance Fawaz Gerges, un universitaire venu observer les singes, relevant la forte présence de la nature dans les œuvres récentes du graffeur. Il y voit “un message d’amour de l’humanité” et “un antidote à la haine”, cruciaux dans un contexte d’“extrémisme de droite destructrice”. “C’est peut-être lié aux émeutes, avec tous les animaux de la jungle”, tente Matthew Brown en contemplant le chat : “C’est difficile à dire avec lui !”.

Au même endroit, Mitul Patel admet aussi ne pas savoir. “J’aimerais simplement que les gens laissent son travail tranquille”, poursuit cette dentiste. L’antenne avec le loup a en effet été rapidement enlevée par trois hommes masqués, tandis que le panneau avec le chat a été démantelé sous les huées du public peu après avoir été revendiqué.

Les ouvriers ont expliqué aux médias britanniques avoir été envoyés à la demande de la police pour des raisons de sécurité en raison du trafic routier sur place. Les œuvres de l’artiste de Bristol, dont l’identité reste inconnue, se vendent des millions d’euros aux enchères et un panneau de signalisation graffé de drones de combat avait déjà été volé en décembre dernier dans le sud de Londres. La police avait plus tard annoncé deux arrestations.

Banksy a lui-même mis en avant le caractère éphémère de son travail de manière spectaculaire en provoquant en 2018 l’autodestruction d’une œuvre qui venait de se vendre aux enchères pour plus d’un million d’euros car il refuse que son art soit vendu pour faire profiter un système capitaliste. Malheureusement, l’œuvre a probablement gagné en cote après ce geste de destruction.

Malgré toutes ces théories, pour The Observer, l’objectif est en fait, en créant surprise et amusement, de remonter le moral du public dans une période où l’actualité est sombre. L’artiste, croit savoir le journal dominical, veut “souligner la capacité humaine à se montrer créatif et ludique plutôt qu’à détruire et faire preuve de négativité”. “Seul Banksy le sait”, résume Peter McCarthy, un musicien venu voir les pélicans. “Mais c’est très sympa de voir ça dans ce pays à un moment où il y a tellement de problèmes.”