Après avoir survécu à un AVC, une artiste crée une typographie basée sur son difficile réapprentissage de l’écriture

Après avoir survécu à un AVC, une artiste crée une typographie basée sur son difficile réapprentissage de l’écriture

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© Eilish Briscoe

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Par Donnia Ghezlane-Lala

Publié le

Eilish Briscoe a fait un AVC à 25 ans. Elle veut dire au monde entier qu’écrire est "un luxe".

C’est un projet bouleversant qu’Eilish Briscoe vient de révéler dans les pages de It’s Nice That. Après un AVC à 25 ans, l’artiste a mis du temps à réapprendre à écrire. C’est cet exercice de formes, de tracés, de lettres, de boucles et de doigts que la graphiste a voulu mettre en avant à travers une typographie originale.

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La créatrice londonienne retranscrit une réflexion dans ses lettrages : écrire des lettres, formuler des mots, s’exprimer, communiquer, être comprise est “un luxe”. Sa volonté est de nous faire prendre conscience de ce “luxe”, mais aussi de sensibiliser les jeunes aux accidents vasculaires cérébraux, qui ne touchent pas que les personnes âgées.

Des lettres et une vie reconstruites

Le sien est survenu après une forte migraine et ne réunissait pas tous les symptômes facilement reconnaissables, comme le discours incompréhensible et la paralysie du visage. La designer n’a ressenti qu’un picotement, une désorientation et une vision double. Pourtant, elle était en train d’en faire un et n’a pu réagir que 25 heures après, relate It’s Nice That.

À l’hôpital, alors qu’elle tente d’écrire toutes les émotions qui la traversent dans un journal, elle remarque qu’elle souffre de dysgraphie : quand elle écrit, ses lettres ne forment que des gribouillis. Quelques semaines après, c’est sa communication orale qui est touchée, puis sa motricité qui la lâche. Eilish Briscoe se sent alors prisonnière dans son propre corps et se lance dans de longs mois de rééducation.

L’un de ses exercices consistait à recopier une lettre que sa mère lui écrivait, mot après mot, à ses côtés. C’est de là que lui est venue l’idée de créer une police de caractères, qu’elle a intitulée Maybe – “peut-être” –, en référence à l’incertitude mais à l’infini des possibles de cette période de sa vie.

Certains lettrages sont d’ailleurs directement tirés de ces lettres qu’elle écrivait aux côtés de sa maman. Pas de majuscules, ni de ponctuation, car l’artiste ne parvenait pas, à cette époque, à les dessiner. Aujourd’hui, Eilish Briscoe peut tout formuler, écrire, dessiner, communiquer, et c’est un beau projet qu’elle offre au monde.