Début février, Gims dévoilait un court extrait d’un futur single appelé “SHAOLINE”. Une vidéo qui a fait réagir sur les réseaux sociaux, certains dénonçant le caractère dérangeant d’une potentielle caricature raciste, ou au minimum de la promo malvenue de la part de Gims, chargée d’appropriation culturelle.
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À la suite de la publication de cette vidéo, Linh-Lan Dao, journaliste, activiste et autrice du livre Vous les asiates… Enquête sur le racisme anti-asiatique en France s’est exprimée sur les réseaux sociaux. Une réponse qui a suscité chez certains internautes “beaucoup de messages de haine et d’arguments infondés”, rapporte la journaliste à Konbini :
“J’ai vu plein de gens en commentaires dire que Gims rendait hommage aux cultures asiatiques, mais il y a un déni pas possible, moi je n’y vois pas un hommage. Je n’ai pas ouvertement lâché le terme ‘appropriation culturelle’ mais pour moi c’est le cas ici. Je différencie l’appropriation de l’appréciation. C’est vrai que la frontière est assez fine entre les deux, mais dans l’appropriation culturelle, tu as cette dimension de domination, de rapport de force. C’est-à-dire que tu dépossèdes les gens de leur culture, étape 1. Après tu fais n’importe quoi avec et puis tu te l’appropries sans vraiment rendre hommage, sans vraiment respecter. Et c’est ça qui manque dans cette vidéo, c’est vraiment le respect et l’authenticité.”
Gloubi-boulga des cultures asiatiques
Linh-Lan Dao précise que Gims porte un chapeau conique, l’emblème du Vietnam, mais réalise également un salut avec les mains, plutôt typique de la culture thaïlandaise. Ajouté à cela la présence d’idéogrammes, cela renforce le sentiment de flou et de non-connaissance des cultures asiatiques : “Ce que je dénonce, c’est vraiment le fait de prendre un truc culturel et d’en faire un costume, un accessoire. Qu’est-ce qu’il veut raconter avec ce costume ? On ne comprend rien en fait. Je ne suis pas là pour dire qui doit faire quoi, porter quoi… personne n’interdit rien. Mais en fait, tu ne peux pas juste reprendre des codes asiatiques, de plusieurs cultures, et faire n’importe quoi avec. Bien sûr, il peut porter ce qu’il veut mais il faut qu’il prenne ses responsabilités et s’attende à ce que des personnes qui ont été heurtées par son comportement s’expriment. Et je ne suis pas toute seule.”
Si Gims est au centre de l’affaire ici, c’est plus globalement le phénomène de mélange aléatoire des éléments culturels asiatiques qui est pointé du doigt. Un phénomène qui se répète sans fin : “Je parle en mon nom mais je pense aussi au nom de plein de personnes asio-descendantes, des Français d’origine asiatique, qui en ont marre de voir leur culture malmenée.” La journaliste se rappelle le sketch raciste de Kev Adams et Gad Elmaleh diffusé en 2017 en prime time, “c’était la même chose et je l’avais déjà dénoncé à l’époque. Là, on est en 2025. Le temps passe, et il n’y a rien qui change. C’est ça qui me désespère.”
“Quand les personnes sont hyper-suivies, je les engage à faire gaffe et à être hyper inclusives”
Sans le vouloir, dans sa vidéo, Gims reprend “des comportements qui sont racistes”, ajoute la journaliste. En réponse aux propos de la journaliste, certains internautes ont posté des vidéos de personnes asiatiques arborant, par exemple, des dreadlocks. Des pratiques que Linh-Lan Dao remet également en question : “J’ai plein de gens autour de moi qui sont très inspirés par les cultures urbaines, qui kiffent le rap etc. Je trouve que c’est plutôt une bonne chose mais de là à carrément se faire la coupe afro ou des dreads dans un salon… Si tu veux la coupe, eh bien prends aussi le stigmate. Ce n’est pas un jeu.”
Linh-Lan Dao regrette le manque de consultants autour de Gims : “Dans le meilleur des mondes, il prendrait des consultants qui pourraient lui indiquer que c’est un peu ridicule, au-delà de ça, tu perds une partie de ton public. C’est quelqu’un d’hyper-suivi. Donc moi, quand les personnes sont hyper-suivies, je les engage à faire gaffe et à être hyper inclusives, tu vois. Donc Gims, ne véhicule pas des stéréotypes sur les Asiatiques, s’il te plaît.”