En 1991, l’écrivain Bret Easton Ellis publiait American Psycho, un sulfureux roman qui racontait l’histoire de Patrick Bateman, golden boy charismatique à Wall Street le jour, tueur en série psychopathe et sadique la nuit, le tout se déroulant à la fin des années 1980. Beau, riche et intelligent, obsédé par son corps et son statut social, égocentrique, ce jeune cadre dynamique à qui tout réussit cache (de plus en plus mal au fil du récit) une haine des animaux, des étrangers, des homosexuels ou encore des femmes, ces dernières étant ses proies de prédilection.
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Dans le livre, Bateman est le narrateur peu fiable (il a des hallucinations, prend des drogues, et d’autres protagonistes contredisent parfois ses dires) de sa propre histoire. Il a connu une version sur grand écran en 2000, quand Christian Bale lui a prêté ses traits dans le film réalisé par Mary Harron, resté dans les mémoires pour son ultraviolence, son humour très noir et un casting trois étoiles (Jared Leto, Reese Witherspoon et Justin Theroux y figurent). Il a même connu une suite médiocre, American Psycho 2 (2002), avec Mila Kunis dans le rôle principal.
Vingt ans plus tard, c’est la firme Lionsgate qui annonce une nouvelle itération d’American Psycho, en série cette fois. À ce stade, on ne sait pas grand-chose de l’intrigue ou des personnes impliquées. Screen Rant nous explique qu’un premier projet d’adaptation sérielle non abouti avait germé en 2013, avec FX en partenaire. La série aurait impliqué un Bateman plus âgé, qui aurait formé un apprenti pour poursuivre ses activités meurtrières. Impossible de savoir en l’état si le futur script reprendra cette trame.
Si les antihéros aux tendances meurtrières ont encore la cote en 2021 – en témoignent le retour de Dexter et le succès de You –, on reste quand même sur nos gardes quant à ce projet. Le personnage de Patrick Bateman était ouvertement misogyne et raciste et s’il disait quelque chose des horreurs du capitalisme et de la mentalité des golden boys – comme d’autres œuvres du genre Le Loup de Wall Street de Martin Scorsese (2013) –, la ligne est mince entre exploration de la masculinité toxique et glamourisation de la figure du tueur en série, qui s’en prend en écrasante majorité aux femmes. La société dans laquelle nous vivons, qui a davantage ouvert les yeux sur les violences faites aux femmes dans la vraie vie, a-t-elle besoin de voir débarquer à nouveau Patrick Bateman, qui plus est en narrateur cynique de ses propres méfaits ?