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La Mileymania n’est jamais finie. Après vous avoir compilé les dix meilleurs morceaux de la discographie de Miley Cyrus, et retracé toute sa vie à travers sept ères iconiques, il est temps de vous livrer notre avis sur le tant attendu Endless Summer Vacation, huitième album de la pop star, un disque qu’elle décrit comme une lettre d’amour à Los Angeles, avec le glamour et le chic que la ville renferme. L’interdit et la luxure aussi, avec une dose de sujets personnels et intimes qu’elle partage ici sans filtre.
Endless Summer Vacation est pensé comme un récit en deux actes : AM et PM, comprenez “jour” et “nuit”. La première moitié représente alors “le matin, ce moment d’effervescence, rempli d’une énergie et d’un potentiel de possibilités nouvelles” tandis que la seconde célèbre ce côté nasty et sensuel, “le moment idéal pour soit se reposer et récupérer, ou alors sortir et expérimenter le côté sauvage de la ville”, comme le partage la chanteuse.
Du coup, en bons “Smilers” que nous sommes, on a scolairement écouté l’album dans l’ordre au fil de notre journée, en divisant l’écoute selon les deux tranches horaires de “jour” et de “nuit”.
Partie “AM” | l’effervescence matinale, le champ des possibles
8 h du matin – “Flowers”. Rien de mieux que les lignes de basses funky de “Flowers” pour nous sortir du lit. Placé stratégiquement en ouverture du disque, le tube qui fait la loi depuis sa sortie en janvier dernier demeure toujours aussi efficace, et nous met en jambes de la meilleure des manières pour n’importe quelle journée de travail.
On ne saurait trop vous l’expliquer, mais le titre est contagieux et addictif, ses paroles sont émancipatrices et parlent à tou·te·s les célibataires qui l’écoutent. La fibre disco capture l’oreille rapidement et, dès le second refrain, on se retrouve à entonner les “I can buy myself flowers” déjà culte. Parfait pour oublier les cauchemars de la nuit dernière ou l’insomnie digestive due au lactose ingurgité le soir d’avant.
10 heures du matin – “Jaded” et “Rose Colored Lenses”. On quitte la maison pour un trajet en métro qui sent bon la transpiration et l’agoraphobie, mais qui se trouve adoucit par la qualité des deux pépites qui vont suivre. Alerte au bop : voilà deux titres pop d’une efficacité bluffante. Sur “Jaded”, la voix puissante de Miley se déploie dès le début du disque pour nous offrir une claque et un coup de cœur. Le titre parle de rupture et de regret, mais aussi et surtout de changement, du fait d’aller de l’avant. Un doux mélange revigorant et nostalgique.
Avec “Rose Colored Lenses”, elle lâche la tension subtilement installée avec “Jaded” pour nous envoyer tout droit en Californie, à parcourir les routes de Los Angeles à bord d’un cabriolet rose sous le soleil doux du matin, avec son ou sa crush assis·e sur le siège passager. On voit la vie en rose au paradis ensoleillée, avant de se rappeler que la seule source de chaleur qu’on ressent, c’est celle de la barre de métro full bactéries. Un morceau qui romantise n’importe quel trajet en transports en commun et qui vous colle sur le visage le plus beau des sourires à offrir à vos collègues une fois arrivé·e au bureau.
15 h – “Thousand Miles”. Il est 15 heures, le travail du matin commence à nous taper le crâne et on digère encore notre steak frites un peu trop saignant du midi. On se passe le quatrième morceau du disque, sa collaboration avec la sensation folk country actuelle Brandi Carlile. Accusez la digestion ou la fatigue, mais la vibe country-folk nous ennuie un peu.
Alors, certes, ça reste une chanson magnifique qui donne envie de faire table rase du passé et de sauver son couple tout en ayant conscience que c’est une mauvaise idée, mais par rapport au début du disque, c’est moins fun. Bon, après tout, c’est l’heure creuse, donc le titre s’y prête peut-être parfaitement, après tout ?
17 h – “You” et “Handstand”. C’est déjà bientôt la fin de la journée, on se réfugie à la machine à café avec sa collègue “potins” préférée puis on s’octroie un moment de break dans le patio, dans le froid illégal du mois de mars. Et on se passe cette ballade piano-voix douce comme une caresse et chargée comme un ristretto bien serré. C’est élégant comme du satin et généreux comme du miel, la voix de Cyrus glisse en mode lounge sur un morceau qui semble hors du temps.
Et là, grosse surprise : “Handstand”. Le genre d’ovni qu’on n’attendait pas vraiment, mais qui nous fait évidemment sourire. Les sonorités sont à la fois aériennes et badass, dans un morceau aux allures d’interlude qui existe finalement très bien tout seul. Un titre qui ouvre la voie à toute la luxure très sexuelle du reste du disque, notamment grâce à des paroles plus explicites que jamais, à l’image de cet entêtant et lubrique “You don’t understand how I’m doing what I’m doing on a fucking handstand”. On imagine déjà tous les édits qu’on va pouvoir faire dessus — là, c’est la graphiste qui parle, évidemment.
En clôturant la partie diurne de l’album, “You” et “Handstand” sont de ces morceaux qui nous font contempler le soleil se coucher avec le sentiment aigre-doux que la journée est terminée, mais que la nuit reste à nous, toute entière.
Partie “PM” | la luxure de la nuit, l’énergie sauvage
19 h – “River” et “Violet Chemistry”. C’est en sortant de la bouche du métro sur le trajet du retour qu’on observe le ciel s’obscurcir avec les nappes de synthé glossy de “River” dans les oreilles. Le titre se réapproprie des gimmicks pop accrocheurs, pas vraiment révolutionnaires, mais diablement efficaces. C’est entraînant et moderne, tout en empruntant des sonorités vintage et disco. Les “You’re like a river” du refrain éveillent en nous des images toutes plus nasty les unes que les autres, et son potentiel libidineux revigore pour le reste de la nuit. Voilà un morceau qui a du chien.
Avec “Violet Chemistry”, elle continue d’exploiter cette vague disco dansante avec des “Stay awhiiiiile” puissants qu’il nous tarde d’entendre débités en live. Un morceau qui ne laisse pas indifférent·e, sans pour autant devenir le plus mémorable de la collection, mais qui fera l’affaire comme bande-son de nos folies nocturnes : en mode commander un Uber et se mettre minable à la teuf la plus proche ou inviter chez soi le crush Tinder qu’on a trop longtemps laissé poireauter en “vu”. Main character energy.
22 h – “Muddy Feet” et “Wildcard”. Il est 22 heures, assez tôt pour se laisser vivre, assez tard que pour remettre les actions qui vont suivre sur le dos de l’hérésie nocturne. Quoi que vous ayez décidé de faire face au dilemme de 19 heures, les deux prochains titres vont vous faire lâcher les fauves. À commencer par ce tonitruant “Muddy Feet” partagé avec Sia.
“Get the fuck out of my life with that shit”, entonne Miley, avec une hargne vengeresse qui nous rappellerait presque le Lemonade de Beyoncé. Un morceau bien vénère, sur lequel Miley Cyrus règle ses comptes avec les coucheries secrètes de son ex-mari. Le mood est à la fois rock et éminemment pop, balancé de sections piano grondantes et de percussions trap entraînantes, avant de dégainer un refrain plus rock que jamais. Frénétique et frissonnant de puissance.
Croyez-nous : “Wildcard” est un tube assuré. En tout cas, il devrait l’être. Au son des percussions qui battent le rythme avec ferveur, le morceau bat le fer sans s’arrêter pour raconter les amours impossibles. Un instant sans filtre pour Miley Cyrus, qui nous déchire le cœur et nous donne envie de hurler à nos ex les galvanisants “Loving you is never enough” qu’on prévoit déjà comme les prochains “You made me hate this city” de Billie Eilish. À écouter en boucle et sans modération — nous en tout cas, on n’en a aucune.
23 h 30 – “Island” et “Wonder Woman”. C’est déjà la fin de la soirée, l’heure de regretter nos bêtises de la soirée écoulée, ou bien celles qu’on ne s’est pas autorisées. Mais voilà qu’” vient tout arranger. Dans une vibe sableuse aux embruns marins (les mêmes qu’on retrouvait sur l’album Solar Power de Lorde), Cyrus nous prend par la main pour nous emmener sur une île. Le bruit des vagues, le chant des oiseaux nocturnes (ça existe, non ?) : la chanson idéale à partager main dans la main avec une secte de gens qui consomment de l’herbe — sans forcément en consommer soi-même, évidemment.
C’est tout naturellement que “Wonder Woman” nous emmène vers la fin de l’album. Au vu du titre du morceau, on pouvait s’attendre à une hymne féministe et revendicatrice, explosive et héroïque. À la place, Miley Cyrus installe sa voix puissante inimitable derrière un piano élégant, pour nous offrir une jolie ballade comme elle sait si bien le faire, qui met en valeur les femmes fortes. Une jolie conclusion qu’on imaginait tout de même un peu plus marquante, surtout au vu de la force de frappe des morceaux qui la précèdent.
Notre avis de fans. Ce nouvel album de Miley Cyrus est généreux. C’est la lettre d’amour à Los Angeles qu’elle promettait, mais également à toutes ces choses qui nous passionnent : l’amour, la désillusion, la déception, la résilience. Les titres sont inégaux, mais dans ses grands moments, le disque brille d’une force pop intemporelle.
Cette nouvelle ère que la chanteuse annonçait “New Year. New Miley.” Malheureusement, on est au regret de devoir contester ça. Mais ce n’est pas forcément une mauvaise chose : la chanteuse ne dévoile pas une nouvelle facette d’elle-même, ni même une nouvelle esthétique comme elle avait l’habitude de la faire sur chaque sortie précédente. À la place, elle sublime toutes les versions d’elle qu’on a tant aimées par le passé.
Elle a vécu toutes ses ères avec passion, et Endless Summer Vacation offre un beau condensé de tout ce qui la représente : de sa pop à sa country, de son esprit sulfureux à la robe plus élégante et adulte qui l’habille aujourd’hui. La “nouvelle Miley” est peut-être tout simplement celle qui est finalement en harmonie avec la musique qu’elle produit aujourd’hui, tout en respectant la discographie qui a soutenu sa carrière jusqu’ici. Un album “hommage” rempli d’amusement, de nostalgie et d’une pop de laquelle elle se fait reine.
Article réalisé en collaboration avec notre graphiste Gabrielle, alias la plus grande fan de Miley Cyrus ever.