Affaire Weinstein : taxée d’hypocrisie par Rose McGowan, Meryl Streep répond

Affaire Weinstein : taxée d’hypocrisie par Rose McGowan, Meryl Streep répond

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ROME, ITALY – OCTOBER 20: Meryl Streep walks a red carpet for ‘Florence Foster Jenkins’ during the 11th Rome Film Festival at Auditorium Parco Della Musica on October 20, 2016 in Rome, Italy. (Photo by Elisabetta A. Villa/WireImage)

“Je n’ai pas sciemment gardé le silence. Je ne savais pas.”

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Si la décision des actrices américaines invitées aux Golden Globes de porter du noir à la cérémonie du 7 janvier, en signe de protestation face aux fléaux du harcèlement sexuel et du sexisme qui imprègnent l’industrie hollywoodienne, peut être saluée, elle n’a pas été accueillie favorablement par l’ensemble des victimes présumées d’Harvey Weinstein.

En première ligne, l’actrice Rose McGowan – à l’origine des premières révélations de l’affaire – a fustigé l’initiative de ces collègues dans un tweet publié le 17 décembre, et supprimé depuis :

“Les actrices, comme Meryl Streep, qui ont joyeusement travaillé pour ce porc monstrueux, vont porter du noir aux Golden Globes, comme protestation silencieuse. VOTRE SILENCE est LE problème. Vous accepterez un prix et n’entraînerez aucun réel changement. Je méprise votre hypocrisie. Peut-être devriez-vous toutes porter du Marchesa [en référence à la ligne de vêtements créée par Georgina Chapman, l’ancienne compagne d’Harvey Weinstein, ndlr].”

“Je suis vraiment désolée que Rose me voie comme une adversaire”

Épinglée personnellement par l’ex-star de Charmed, Meryl Streep a tenu à répondre à ses critiques dans un long communiqué relayé par le Huffington Post.

Dans la première partie de son texte, l’actrice insiste sur le fait qu’elle n’avait pas connaissance des agissements du producteur :

“J’aimerais qu’elle sache que je n’étais pas au courant des crimes de Weinstein, ni dans les années 1990 quand il l’a attaquée, ni durant les décennies suivantes, au cours desquelles il a pris d’autres femmes pour cible.

Je n’ai pas sciemment gardé le silence. Je ne savais pas. Je n’ai pas tacitement approuvé ces viols. Je ne savais pas. Je n’aime pas l’idée que des jeunes femmes se soient fait agresser. Je ne savais pas que cela avait lieu.

Je ne sais pas où Harvey habite, et il n’est jamais venu chez moi. Je n’ai jamais été invitée dans sa chambre d’hôtel. Je me suis rendue dans son bureau une seule fois, pour rencontrer Wes Craven pour La Musique de mon cœur en 1998.

Harvey Weinstein a distribué des films que j’ai faits avec d’autres personnes.

Harvey Weinstein n’est pas un réalisateur. Il était souvent producteur, principalement en charge du marketing de films faits par d’autres […]. Mais tous les acteurs, actrices et réalisateurs dont les films ont été distribués par Weinstein n’étaient pas au courant du fait qu’il agressait les femmes, ou qu’il a violé Rose dans les années 1990, ainsi que d’autres femmes avant et après elle. Pas jusqu’à ce qu’elles nous le disent. Nous ne savions pas qu’il achetait leur silence.”

Meryl Streep dénonce ensuite les procédés employés par Harvey Weinstein pour forcer ses victimes à garder le silence :

“Harvey Weinstein avait besoin que l’on ne sache pas, car notre association avec lui lui apportait une crédibilité qui lui permettait ensuite d’attirer d’autres jeunes femmes ambitieuses vers des situations où elles pourraient être blessées.

Il avait beaucoup plus besoin de moi que je n’avais besoin de lui, et il s’est assuré que je ne sois au courant de rien. Il a apparemment engagé d’anciens agents du Mossad pour éviter que ces informations deviennent publiques. Rose et les nombreuses autres victimes de ces hommes influents, riches et cruels ont dû faire face à un adversaire pour qui la victoire était la seule issue possible, et ce à n’importe quel prix.”

Enfin, après avoir annoncé la création d’un fonds d’aide aux victimes, pour les accompagner dans leurs démarches judiciaires et “faire tomber ces salauds”, elle rappelle à Rose McGowan qu’elles mènent le même combat :

“Rose a émis une fausse supposition à mon sujet et l’a diffusée, et je voulais qu’elle sache la vérité. À travers des amis que nous avons en commun, je lui ai transmis mon numéro de téléphone personnel à la minute où j’ai lu la presse. Je suis restée à côté du téléphone toute la journée d’hier et ce matin, espérant pouvoir lui exprimer à la fois mon profond respect pour son courage et celui de toutes les femmes qui ont démasqué ces monstres, ainsi que ma compassion pour la douleur incessante et trop longtemps tue qu’elle éprouve.

Personne ne peut rendre aux femmes – qui ont enduré des attaques physiques et psychologiques – ce que des hommes comme Bill O’Reilly, Roger Ailes et Harvey Weinstein leur ont pris. J’espérais qu’elle m’accorde un entretien. Elle ne l’a pas fait. Mais j’espère qu’elle lit ceci.

Je suis vraiment désolée que Rose me voie comme une adversaire, car nous nous faisons toutes deux – aux côtés de toutes les autres femmes de notre industrie – face au même ennemi : un statu quo qui veut désespérément nous ramener à d’anciens temps, à l’époque terrible où les femmes étaient utilisées, agressées, écartées du pouvoir de décision et des plus hauts postes de notre industrie, où toute cette mascarade était organisée. Il faut que l’on désinfecte ces sphères et qu’on les intègre, avant même de pouvoir espérer changer les choses.”

Si Rose Mc Gowan s’est depuis excusée pour ces propos sur Marchesa, elle ne semble cependant pas avoir été émue par les paroles de Meryl Streep.