Devenue publique en novembre 2024, l’affaire opposant Nekfeu et son ex-femme de 32 ans est un cas complexe et épineux mêlant plusieurs accusations de violences et de profondes divergences de témoignages derrière une seule et intense bataille judiciaire : la garde de leur enfant.
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Quel est le point de départ de l’histoire ?
La relation de couple entre Ken Samaras, dit Nekfeu, et celle que certains médias surnomment anonymement Mme B. démarre en 2018. Le Monde indique dans son article du 28 janvier que les noces civiles des deux ex-époux ont eu lieu le 26 décembre 2020. Quant au divorce, il est prononcé officiellement le 28 mars 2024. Comme c’est le cas sur la quasi-entièreté de l’affaire, les récits des ex-époux se confrontent sur les dates de dégradation du couple et son état au moment de la grossesse, reflétant une période de séparation difficile. D’après Mme B., elle a quitté Nekfeu au printemps 2021 après deux ans de dégringolade. Quant au rappeur, Le Monde rapporte qu’il aurait confié “envisager une séparation” fin 2020.
Durant le jugement du divorce, la garde principale de leur enfant âgé de 3 ans et demi est donnée à Nekfeu. Une décision delaquelle Mme B. a fait appel. C’est avant tout la situation autour de la garde qui semble être le point de départ de l’engrenage judiciaire maintenant lancé à pleine vitesse et auquel s’ajoutent de nouveaux éléments.
Pourquoi la garde de l’enfant a-t-elle été confiée à Nekfeu ?
C’est tout le sujet du jugement qui s’est déroulé le mercredi 29 janvier dernier à huis clos au tribunal correctionnel de Paris. Mme B. est jugée pour non-représentation d’enfant. Selon Libération, Nekfeu “accuse Mme B. de ne pas lui avoir remis leur enfant à de multiples reprises, entre 2022 et 2024.” Pour sa défense, Le Monde rapporte ses propos où elle déclare notamment “craindre la violence multiforme de son ex-conjoint et vouloir en préserver leur fils”. La mère accuse le rappeur d’avoir plusieurs fois emmené l’enfant en dehors de Paris durant les périodes de visite de Mme B. sans l’informer de la destination. Le jugement a été mis en délibéré au 19 mars prochain.
Quelles sont les plaintes contre Nekfeu et où en est le dossier ?
Depuis les premières procédures en 2023, presque toutes ont été classées sans suite par la justice par manque de “caractère précis et circonstancié”, dont une plainte pour mauvais traitement et violences sur mineur s’appuyant sur des vidéos, un certificat médical et une attestation de psychologue. Nekfeu et son avocat parlent eux d’une “logique d’escalade” de Mme B. qui ne “recule devant rien”.
Une relation toxique décrite par l’avocate du rappeur qui pointe du doigt un couple instable qui a rapidement déchanté après le mariage “quand ils ont vraiment vécu ensemble”. Du côté de Mme B., celle-ci évoque également des violences physiques et avance des SMS de Nekfeu afin de prouver ses accusations. Messages que le camp du rappeur décrit comme “tronqués”, Ken Samaras niant la violence physique de son côté mais admettant avoir déjà “crié lors de disputes bruyantes” ou encore “claqué des portes”, écrit Le Monde.
Les avocats de Mme B. formulent de vives critiques sur ce qu’ils nomment de “l’asymétrie de traitement” (par la police et la justice) “entre les faits extrêmement graves susceptibles d’être reprochés à M. Ken Samaras et l’attitude d’une mère qui a toujours eu le souci de protéger son enfant”.
Pourquoi parle-t-on de contrôle coercitif ?
Le contrôle coercitif est une notion peu connue et actuellement en plein dans l’actualité. En effet, le 31 janvier, l’Assemblée Nationale a voté une loi le concernant. Ce concept préviendrait les drames en faisant entrer dans le droit pénal les actes répétés de contrôle sur la vie quotidienne, d’isolement et de domination dans le couple comme l’explique le podcast “La Question du Jour” sur France Culture.
Cette notion est évoquée dans le cas de l’affaire Nekfeu. Mme B. raconte que plusieurs cas de contrôles répétés à partir du printemps 2019 sur ses tenues, ses réseaux sociaux, ses relations ou encore ses sorties, l’ont “vampirisée, dépossédée de son identité”, rapporte Le Monde. Le média ajoute que l’ex-épouse du rappeur serait en possession d’un certificat de psychiatre pouvant “correspondre à la description du contrôle coercitif” selon ses avocats.
Nekfeu réfute ces accusations, parlant d’un contrôle coercitif plutôt dirigé vers lui et l’ayant isolé de ses proches et du monde de la musique. Il semble reconnaître des abus de jalousie “réciproque”, des “gamineries” : “Je ne me reconnais pas, j’en ai honte.”
Les prochaines échéances ?
- Le Monde partage le témoignage de Mme B. qui accuse Nekfeu d’un viol en octobre 2020. Une attestation écrite a été transmise à la justice par une amie de Mme B. séjournant dans la même pièce lors des faits. Si Nekfeu réfute l’accusation, la qualifiant de “mensonge total”, son ex-épouse a dévoilé une conversation avec le rappeur dans laquelle elle revient sur cet épisode : “J’ai pas à exprimer ces trucs normalement juste basiques en fait. Comme j’ai pas à t’expliquer que c’est juste ultra-malsain de chercher à baiser quand ma meilleure pote est dans la même pièce.”
- Dans le cadre de la procédure d’appel du divorce, l’avocate de Mme B., Me Fekom, demande 2,39 millions d’euros et 500 000 euros de dommages-intérêts. Des sommes qu’elle justifie par la durée de leur “vie conjugale” et les revenus importants de l’artiste. Pour sa part, Mme B. maintient qu’elle est à l’origine de la rupture et rappelle que son intérêt financier n’était pas de quitter un époux aussi riche – ils se sont mariés sous le régime de la communauté.
- De nouvelles informations sont à prévoir et viendraient encore bousculer le dossier. Les avocats de Mme B. ont assuré l’avancée d’une enquête préliminaire pour “faux” et “usage de faux” sur de potentiels documents falsifiés par son ex-mari, et d’autres plaintes sont en chemin, avec comme objectif premier qu’un juge d’instruction s’empare du dossier.