“Parasyte ? Euh ? Lequel ?” : c’est un running gag avec mes collègues ou mes potes quand je parle de ma fiction du moment et, en effet, c’est compliqué sans vraiment l’être. Parasyte: The Grey est un K-drama qui n’a rien à voir avec le film coréen Parasite de Bong Joon-ho, on vous voit venir. Il s’agit d’une adaptation libre du manga (donc japonais, vous suivez ?) iconique signé par Hitoshi Iwaaki qui jouit d’ailleurs d’une sublime réédition papier aux éditions Broché, si jamais ça vous intéresse ! Mais du coup, la série sur Netflix, de quoi ça parle ?
À voir aussi sur Konbini
Sans crier gare, des parasites dotés de conscience débarquent sur Terre et s’emparent d’humains qui vont leur servir d'”hôtes”. Leur but, dans un premier temps, est de survivre, et cela n’est possible qu’en mangeant d’autres humains. Jeong Su-in (campée par Jeon So-nee, bien connue par les amateurs de K-dramas) est victime d’un de ses envahisseurs, sauf que lorsque ce dernier veut prendre le contrôle de son cerveau, elle est déjà mortellement blessée. Conséquence : la créature n’arrive pas à prendre le pouvoir total et se voit dans l’obligation de cohabiter avec son hôte pour survivre. Un seul corps pour deux personnalités donc, à l’instar de Docteur Jekyll et Mister Hyde — une référence pleinement assumée et citée tout au long du programme. Le problème, c’est qu’une mutante, ça ne passe pas trop en société, tant côté humains que parasites. Les deux camps décident donc de la prendre en chasse…
Une mutation facile à digérer
Si vous n’avez jamais lu le manga ou maté l’anime (dispo également sur Netflix), pas de panique. Sans rien spoiler, la fiction prend assez de libertés pour être une œuvre indépendante qui se consomme de manière singulière. Évidemment, on reconnaît bien la recette des productions de la firme de Los Gatos. Le rythme frôle la perfection, chaque épisode se termine sur un twist qui pousse à binge-watcher le suivant, quitte à faire une nuit blanche et, pour ce faire, la durée est parfaite.
Il n’y a que six épisodes et hormis le premier et le dernier, chacun fait quarante minutes, comme à l’époque des écrans cathodiques. À une ère où chaque volet de fiction fait habituellement une bonne heure (et c’est tout particulièrement le cas pour les programmes coréens), cette respiration est ô combien salvatrice. Évidemment, qui dit production Netflix dit les habituels écueils. Il y a des paresses scénaristiques assez flagrantes qui peuvent faire souffler, des personnages ou des objets qui ne servent qu’à des moments bien précis, comme des PNJ… mais pas de quoi bouder son plaisir et arrêter de déguster.
Inhumains mais pas robotiques
Car il s’agit bien là d’une fringale éphémère et rien d’autre. Parasyte est un seau de pop-corn (salé ou sucré, à votre guise) dans lequel on se sert avec générosité mais dont on oubliera très rapidement le goût. Elle est pourtant peuplée de fulgurances et de clins d’œil : le thème de l’invasion horrifique évidemment, qui rappellera Kingdom ou The Last of Us ; le village et l’église paumée, plaque tournante, ont ce côté Resident Evil 4 qui n’est pas pour déplaire. La partition de chaque acteur est carrée et tous brillent quand il le faut, sonnant toujours juste, tant dans l’action qu’avec les émotions. Mention spéciale aux acteurs qui jouent des personnages abritant des parasites et dont les expressions faciales glacent le sang. Ceux-là doivent paraître inhumains mais pas robotiques, en pierre mais pas totalement insensibles, impassibles et pragmatiques. Côté effets spéciaux aussi, on est plutôt servis, du moins ce n’est pas dégueu alors qu’il s’agit souvent du gros point faible de ce type de drama – coucou, La créature de Kyŏngsŏng, on a adoré te binge-watcher mais que ta Némésis était vilaine, digne d’une cinématique de Nintendo 64 !
Un parasite dans Parasyte (© Netflix)
Enfin, on appréciera l’aspect plus philosophique. Encore une fois, on ne peut pas trop divulgâcher les interactions et opérations menées par un camp ou par l’autre, mais ce que les parasites apprennent de l’espèce humaine et vice versa est nappé de sarcasme et offre une critique sociétale bienvenue. Même si, of course, on reste sur du mainstream, digeste, léger et facile d’accès. Est-ce qu’on se souviendra de Parasyte et de chaque épisode avec précision dans un an ? Peut-être pas. Mais à son visionnage, on retrouve ce goût si particulier de première saison savoureuse, à la manière de Prison Break, The Walking Dead ou La Casa de Papel en leur temps. Alors si vous voulez juste mettre votre cervelle sur off avec un petit programme pour accompagner votre meilleure pizza, Parasyte est certainement le mutant qu’il vous faut.