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Une résurgence spontanée dès les débuts du hip-hop
Mais étrangement, c’est surtout avec les débuts du hip-hop que l’essence de Back in Black va le plus se faire sentir. Et surtout via un producteur de génie qui va façonner les années 1980 avec son label Def Jam : Rick Rubin. En effet, en 1983, quand Rick rencontre les Beastie Boys, c’est un groupe de punk rock qui cherche à canaliser son énergie. Et surtout à se marrer. Le producteur va les orienter vers un mélange totalement inédit de rap et de rock, qui va devenir une des tendances principales des années 1980. Rick est un fan du son blues rock un peu hard à la ZZ Top ou Aerosmith (qu’il va d’ailleurs connecter avec Run DMC quelques années plus tard) et donc à la AC/DC, dont il admire l’énergie électrique et le minimalisme brutal.
Le tout premier maxi des Beastie Boys version rap se nomme Rock Hard. Il sort en 1984 et Rick Rubin y sample amplement le titre “Back in Black” d’AC/DC. Le riff de guitare est une parfaite boucle pour ce que cherche Rick Rubin et surtout le minimalisme de la batterie rend la rythmique quasiment hip-hop. À l’époque, les boucles étant plutôt reprises par des groupes disco funk comme Chic, cette reprise hard rock est totalement novatrice.
Ainsi, un peu par hasard, AC/DC devient contre son gré l’un des fondements du hip-hop. Mais le maxi Rock Hard sera retiré de la vente et deviendra totalement illégal à cause de l’utilisation sans autorisation du groupe de ce sample. Une des premières affaires du genre. Pourtant le sample ressortira quasiment tel quel quelques années plus tard, sur le morceau “Dope Beat” de Boogie Down Productions, le groupe de KRS One avec leur album mythique Criminal Minded. Les guitares de “Back in Black” se font une fois de plus une place dans le hip-hop.
Mais la véritable marque immuable d’AC/DC sur le rap va finalement être plus subtile. Elle vient encore de Rick Rubin alors qu’il travaille avec le nouveau talent de Def Jam en 1984 : LL Cool J. Il reprend ce qui a fait le succès de sa formule pour les Beastie Boys et injecte des riffs hard rock à ses compositions. Mais sur le “Rock The Bells” de LL Cool J, il va être plus fin. Il va seulement reprend une note de guitare tout au début du morceau “Flick of the Switch”, sorti en 1983. Et il va le boucler, le scratcher, le jouer à l’envers et le rendre vivant.
Cet échantillon de guitare d’AC/DC va devenir au fil du temps un classique du rap, utilisé dans plus de 50 morceaux, des Beastie Boys à 2Pac, en passant par Eric B & Rakim, N.W.A., Ice-T ou Public Enemy. Cette guitare iconique va devenir un des outils principaux du hip-hop de l’âge d’or.
Une force visuelle et sonore qui rend le cinéma fou
L’autre influence importante de la musique d’AC/DC sur la pop culture est d’ordre visuel. D’abord, via son logo facilement reconnaissable, qui sera choisi par exemple pour les tee-shirts de Beavis et Butthead par Mike Judge. Mais c’est dans le cinéma d’action que la musique du groupe trouvera le plus de résonance, notamment en 1993 avec la sortie de Last Action Hero, un film de John McTiernan avec Arnold Schwarzenegger dans le rôle principal.
AC/DC réalise un titre phare pour l’occasion, “Big Gun”, qui va devenir un symbole du cinéma d’action des années 1990 : puissant, dangereux, électrique et extrême. Et le clip nous laissera l’image immuable de Schwarzy en costume d’écolier façon Angus, jouant de la guitare avec le groupe mythique.
Après ça, les bagarres et les poursuites en tout genre sont alors illustrées par les guitares des frères Young. Des titres comme “Highway to Hell” ou “Thunderstruck” ont été repris des dizaines de fois au cinéma, souvent pour ajouter de la puissance à une scène comme celle du retour des vétérans dans le blockbuster Battleship de Peter Berg.
Plus récemment encore, la musique d’AC/DC est devenue synonyme de l’identité d’Iron Man dans le Marvel Cinematic Universe. Même dans Avengers, Tony Stark apparaît souvent sur des riffs du groupe australien, preuve une nouvelle fois de l’impact colossal d’AC/DC sur la pop culture mondiale, avec une modernité intacte malgré les années.