Réputé pour ses drippings, ses tableaux qu’il réalisait comme des performances en éclaboussant et faisant gicler la peinture sur sa toile posée au sol, Jackson Pollock s’illustre comme une figure de proue de l’action painting. Du 15 octobre 2024 au 19 janvier 2025, le peintre états-unien fait l’objet d’une rétrospective au musée Picasso, qui se concentre sur ses premières œuvres, de 1934 à ses premiers drippings en 1947. Une première depuis l’exposition “Jackson Pollock et le chamanisme” à la Pinacothèque de Paris en 2008, qui examinait son œuvre à l’aune de l’intérêt du peintre pour le chamanisme des peuples premiers.
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“Ces années qui précèdent la production des grands drippings abstraits et numérotés, défendus par le critique et théoricien Clement Greenberg, montrent la construction complexe, artistique et intellectuelle, d’un des plus grands artistes états-uniens mais aussi, à travers son dialogue avec Picasso, l’ampleur de l’influence de ce dernier”, détaille le musée Picasso.
Conçue chronologiquement, l’exposition divise en cinq périodes les premières années du jeune Pollock, en commençant par son installation à New York en 1930 et sa formation auprès du peintre régionaliste Thomas Hart Benton et sa découverte des muralistes américains. À travers ces chapitres de vie, l’exposition croise les sources, les influences et les moments forts de la carrière de Jackson Pollock afin de restituer, d’un point de vue artistique et intellectuel, le contexte de l’émergence de son œuvre.
Jackson Pollock, The Moon Woman, 1942. (© Pollock-Krasner Foundation/ADAGP, Paris 2024)
Cela passe par son attrait pour les toiles de Picasso et la lecture de l’article “Primitive Art and Picasso”, du critique d’art John Graham, qui fait particulièrement écho chez le jeune peintre, s’intéressant alors de plus en plus aux cultures des peuples premiers. C’est d’ailleurs John Graham qui sera le premier à placer le nom de Pollock sur la carte, au travers d’une exposition collective en 1942 avec Matisse, Braque, Picasso, Lee Krasner…
Ces quelques années sont aussi celles où Jackson Pollock découvre l’exposition “Indian Art of the United States” au MoMA en janvier 1941 et où des peintures sont réalisées au sol, celles où il fréquente des membres français du mouvement surréaliste dans les années 1940, ou encore celles où il suit une cure psychanalytique auprès du psychologue jungien Joseph L. Henderson, qui le mène à réaliser ses dessins psychanalytiques.
Enfin, ces années sont aussi celles de la réalisation de son célèbre Mural (1943) initialement commandé par la collectionneuse Peggy Guggenheim, de son tableau The Key (1946) qui pourrait être inspiré de Guernica, et de ses expérimentations de matière, de geste et de technique, comme le montre Composition with Pouring II (1943). Ces années fondatrices, qui racontent la genèse de “Jack the Dripper”, sont à découvrir plus en détail dans l’exposition “Jackson Pollock. Les premières années”.
Jackson Pollock, Mask, 1941. (© Pollock-Krasner Foundation/ADAGP, Paris 2024)
“Jackson Pollock. Les premières années (1934-1947)” est à découvrir du 15 octobre au 19 janvier 2025 au musée Picasso (Paris).
Konbini, partenaire du musée Picasso.