Célèbre pour ses photos de mode, ses portraits de stars – Kate Moss, Kurt Cobain, Matthew McConaughey, Charlotte Rampling et beaucoup, beaucoup d’autres – et ses lumières crues, Juergen Teller s’apprête à faire son entrée au Grand Palais Éphémère. Ses photos, du moins. Du 16 décembre au 9 janvier 2024, l’institution rend hommage à 30 ans d’images du photographe allemand avec l’exposition “i need to live”, – dont le titre fait référence aux événements qui ont façonné sa vision de la vie. L’occasion de revenir sur l’histoire de trois images intemporelles et iconiques signées Juergen Teller.
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Alcoolisé et à poil sur la tombe de son père
Le portrait père-fils de Juergen Teller n’a rien des clichés de famille classiques où chacun·e se prend par la taille en affichant un sourire à demi figé. Déjà parce qu’en 2003, au moment de la célèbre œuvre de l’Allemand intitulée “Father and Son”, le père de l’artiste, Walter Teller, était décédé. Sur ce portrait de famille post-mortem, Juergen Teller se descend sereinement une bière sur la tombe de son père, complètement à poil et une clope en main. Sous son pied gauche, un ballon de foot unit le père au fils.
Father and Son, Bubenreuth, 2003. (© Juergen Teller)
Le foot n’a pourtant jamais été une de leurs passions communes et si Juergen Teller a réalisé un projet photographique sur les communautés de fans de foot, cet intérêt ne lui est pas venu de son paternel. Alcoolique et violent, le père de Juergen Teller s’est suicidé à 47 ans, alors qu’il n’avait déjà plus de contact avec son fils. L’artiste, qui n’a pas donné davantage de détails sur son intention (provocation ? ; revanche personnelle ? ; hommage ?), juge toutefois que c’est l’image la plus dérangeante qu’il ait jamais réalisée.
En 2015 sortait le livre Kanye, Juergen & Kim, qui réunissait des images du photographe allemand réalisées avec le couple de superstars dans le parc du château d’Ambleville en France, ou plutôt dans les alentours boueux du château. “Quand nous sommes arrivés sur place, j’ai trouvé que ce beau jardin français ressemblait trop à leur mariage en Italie. Ça ne me semblait pas bien. […] Puis, je vois toute la campagne autour et je me dis : ‘Je veux juste le faire là.'”, retrace le photographe au site Business of Fashion.
C’est comme ça qu’un shooting luxueux dans un domaine classé aux monuments historiques depuis 1945 s’est transformé en séance photo boueuse dans le Val-d’Oise, et que Kim Kardashian s’est sali les genoux en escaladant un monticule de gravats à quatre pattes. Cette image montre l’influenceuse, modèle, femme d’affaires et désormais actrice, paumée au milieu de nulle part, de dos, simplement vêtue d’une veste en fourrure et de sous-vêtements aux couleurs de sa peau.
“Je veux de l’aventure dans ma vie. Je veux faire des choses que je n’ai jamais faites auparavant. Ces gens d’Hollywood font tellement attention à leur image et à bien présenter, mais j’introduis un côté sauvage dans mes photographies. Je veux juste traverser des rivières, gravir des montagnes”, poursuit Juergen Teller, qui a dû convaincre le couple de se prêter au jeu.
Björk et son enfant en Islande
Björk and son, Islande, 1993. (© Juergen Teller)
Précisément 30 ans en arrière, Juergen Teller rend visite à Björk en Islande, son pays natal. La chanteuse, musicienne, actrice et productrice a alors 28 ans et son petit garçon Sindri – qu’elle a eu avec son ex-compagnon Eldon Jónsson des Sugarcubes – en a six. La chanteuse fait visiter quelques coins à Juergen Teller, et c’est dans les eaux du Lagon Bleu, situé dans la péninsule de Reykjanes dans le sud-ouest de l’Islande, que celui-ci réalise un cliché intimiste de son hôte et son fils.
“Nous étions tous dans l’eau, et une seconde après avoir pris cette photo, le garçon a éclaboussé mon appareil photo. Il y a des tonnes de sel dans ces sources chaudes, donc je n’étais pas très content. Mais je savais que j’avais une bonne image et je lui ai pardonné assez rapidement”, s’amuse le photographe auprès du Daily Telegraph. Il raconte avoir été frappé par la ressemblance entre Björk et son fils lorsqu’il les a rencontré·e·s.
Organisée avec le soutien de Saint Laurent par Anthony Vaccarello, l’exposition de Juergen Teller, “i need to live”, sera visible du 16 décembre au 9 janvier 2024 au Grand Palais Éphémère. Des places sont disponibles pour cette exposition dans le cadre du dispositif “Places aux jeunes” (sous réserve du nombre de places disponibles). Plus d’informations : ici.
Konbini, partenaire du Grand Palais Éphémère.