La galerie Nathalie Obadia à Paris expose 27 danseuses de Degas aux formes et odeurs distinctes créées par le plasticien Antoine Renard. Le créateur français de 37 ans, dont la marque de fabrique est d’associer odeur et sculpture, avait déjà exposé une partie de ses œuvres olfactives au Palais de Tokyo en 2019.
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Marqué par son séjour avec des chaman·e·s au Pérou qui utilisent les plantes pour leurs odeurs, le plasticien a fabriqué lui-même chaque parfum et utilisé une imprimante 3D pour créer ses danseuses en céramique. “Avec ses yeux, on a la partie visible de l’œuvre, avec son nez, on découvre la partie invisible”, explique Eva Ben Dhiab, la directrice associée de la galerie Nathalie Obadia. Senteurs fleuries ou acides, de tabac froid ou même de plastique, les visiteur·se·s pourront tenter de deviner le parfum de chaque sculpture.
© Antoine Renard/Galerie Nathalie Obadia Paris-Bruxelles/Photo : Nicolas Brasseur
Si ces danseuses partent toutes du même modèle de la petite ballerine d’Edgar Degas, il ne s’agit pas de reproduction à l’identique. Chaque sculpture a une forme originale et plonge le public dans un monde étrange et inquiétant : torse et visage recouverts d’un métal qui semble dégouliner, cordon ombilical qui monte jusqu’à l’épaule, tige plantée au centre de la tête, organe masculin en lieu et place du visage…
Dans cette exposition intitulée “Amnesia”, l’artiste a aussi voulu questionner le rapport dominant·e/dominé·e en inversant le destin qu’a subi la Petite Danseuse de 14 ans d’Edgar Degas. Présentée en 1881 devant une assemblée d’hommes lors de la sixième exposition impressionniste, la sculpture représente “une adolescente qui se prostitue et qui danse, sculptée dans une pose très vulnérable”, souligne la directrice associée.
Les visiteur·se·s font face, seul·e·s, à trois rangées de sept danseuses, différentes. “Comme une revanche pour la petite danseuse qui, à travers son odeur et sa forme, n’est plus un objet. Elle ne fait qu’exister”, commente la spécialiste. Les musées sont fermés en France en raison de l’épidémie de Covid-19 mais les galeries restent ouvertes et ont connu un afflux de visites, des amateur·rice·s d’art en manque d’expositions et de salles de musées.
“Impressions, après Degas (#006)”, 2019, impression 3D de céramique, encre, immortelles séchées, fragrance (jasmin, muskarome). (© Antoine Renard/Galerie Nathalie Obadia Paris-Bruxelles/Photo : Bertrand Huet/Tutti image)
“Impressions, après Degas (#022)”, 2020, impression 3D de céramique, émail, fragrance (zedoaire, absynthe), caissette métallique. (© Antoine Renard/Galerie Nathalie Obadia Paris-Bruxelles/Photo : Bertrand Huet/Tutti image)
“Impressions, après Degas (#020)”, 2020, impression 3D de céramique, laiton, fragrance (muscarome), caissette métallique. (© Antoine Renard/Galerie Nathalie Obadia Paris-Bruxelles/Photo : Bertrand Huet/Tutti image)
“Impressions, après Degas (#015)”, 2020, impression 3D de céramique, fragrance (nitrile anisique, corps iris), caissette métallique. (© Antoine Renard/Galerie Nathalie Obadia Paris-Bruxelles/Photo : Bertrand Huet/Tutti image)
L’exposition “Amnesia” se tient jusqu’au 10 avril 2021, à la galerie Nathalie Obadia, à Paris.
Avec AFP.