Razzia sur les classiques, films du vendredi soir avec les enfants : cinéphiles avertis et amateurs ont fouillé les catalogues de l’Aquarium ciné-café de Lyon samedi, puisque le dernier loueur privé de DVD de la ville met fin à cette activité pour se consacrer à des ateliers.
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Le DVD n’a plus la forme face aux plateformes de streaming qui élargissent toujours plus leurs offres. Alors, après sept ans, l’Aquarium ciné-café tire le rideau sur la location de DVD pour se consacrer à son activité principale de projection et d’ateliers autour du cinéma. Décision a été prise de mettre en vente ses quelque 12 000 titres.
En 2016, l’association s’était lancée en acceptant de poursuivre l’activité de vidéoclub du propriétaire précédent, “tant qu’on pouvait”, explique Clément Seguin, un des cinq salariés qui tenaient les rênes de l’activité de location, avant de poursuivre :
“On a tenu sept ans, parce qu’il y avait de moins en moins de loueurs. Mais cela nous prenait du temps, de la gestion, cela commençait à nous coûter de l’argent et ne se stabilisait pas.”
Il est de cette génération qui a grandi avec le DVD, à une époque où Internet n’était pas encore devenu le premier mode de diffusion de films. Clément regrette :
“Ce qui est dommage, c’est qu’il devrait y avoir la place pour tous les types d’usage. Ce mode reste la seule solution physique.”
Dans la boutique-café-salle de projection, Pierre-Yves Moulin choisit L’Étrange Affaire Angélica de Manoel de Oliveira. Ce cinéphile a environ 200 DVD chez lui et apprécie le côté “patrimonial” de sa collection. “Pour les films plus récents, on a les plateformes”, estime ce professeur d’histoire de 55 ans.
Selon les chiffres du CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée), la vidéo à la demande représentait en 2021 88 % du marché de la vidéo, contre seulement 12 % pour le secteur de la vidéo physique.
Et le métier de loueur de DVD est en voie de disparition en France. À Lyon, il restera le réseau public, à savoir bibliothèques et médiathèques.
“Un truc chouette”
Sur la même ligne, le géant américain Netflix, qui fait figure aujourd’hui de vétéran du streaming, a annoncé en avril mettre fin à son service historique de location de DVD par courrier, lancé il y a vingt-cinq ans, en arguant de “la diminution de cette activité”.
“Le DVD, c’est quand on ne trouve pas sur les plateformes”, explique Caroline Ruech, cadre informatique de 38 ans, venue en famille, qui fait partie des dizaines de personnes qui ont défilé à l’Aquarium samedi matin.
“Quand on trouve un truc chouette à regarder à la bibliothèque, on prend”, dit-elle en épluchant le catalogue “famille” du vidéoclub. Ses faveurs vont aux héroïnes qui n’ont pas froid aux yeux : La Revanche d’une blonde avec Reese Witherspoon et La Fille de d’Artagnan avec Sophie Marceau.
Mathis Arderighi, 21 ans et aspirant acteur, en profite pour peaufiner sa culture cinématographique : Respiro, La Forêt oubliée, Arako, Et au milieu coule une rivière… Il se confie ainsi :
“J’ai de la chance d’avoir des parents qui ont beaucoup de culture ciné. Ça me pousse, ça me passionne de regarder ces films. D’avoir le toucher du DVD, physique, ça se perd, c’est dommage.”