1989. La goélette Tara, imaginée par l’ingénieur français Michel Franco, est construite par l’explorateur Jean-Louis Étienne. Elle est d’abord nommée Antarctica, puis Seamaster, avant de devenir Tara en 2003, en même temps qu’est créée la Fondation Tara Océan. Depuis 2005, des artistes embarquent à bord du laboratoire flottant, le temps de résidences artistiques qui se déroulent en parallèle des expéditions marines. Sebastião Salgado, Elsa Guillaume, Pierre Huyghe : au total, quarante artistes exposeront leur travail réalisé en résidence sur les eaux dans l’exposition “La Grande Expédition”, visible au CENTQUATRE-PARIS, du 16 novembre au 2 mars 2025.
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“Après vingt années d’aventures, de recherches et de mobilisation pour rendre compte de l’état de santé de l’océan, il est plus que jamais essentiel de partager avec le plus grand nombre ces nouveaux regards. Le travail des artistes permet de questionner et d’enrichir nos perceptions tout en nous interrogeant collectivement sur le monde de demain”, explique Myriam Thomas, directrice du pôle culture de l’océan de la Fondation Tara Océan. La convergence de ces œuvres met en lumière la complexité et la fragilité de l’écosystème océanique, et s’attarde sur les enjeux environnementaux auxquels il est lié.
L’exposition, rétrospective, se divise entre quatre thématiques : le vivant, les paysages, la pollution et le sensible. Autant de sujets que les artistes explorent à travers différents médiums dont la peinture, la sculpture, la photographie et l’installation sonore, mais aussi au travers de leurs carnets de voyage qui croisent l’art au reportage et offrent un témoignage unique de l’expérience. L’exposition est également semée de données scientifiques, puisqu’elle rend compte des différentes expéditions menées à bord de Tara.
A Journey That Wasn’t, 2005, un film de Pierre Huyghe.
Informer, alerter, émerveiller
“Avant de partir en expédition en mer, beaucoup d’artistes ont une idée très précise de ce qu’ils souhaitent réaliser. Souvent, lorsqu’ils débarquent du bateau, tout a changé et ils ne projettent plus du tout la même chose ! Notre résidence est mouvante, comme le voilier”, poursuit Myriam Thomas. L’artiste Elsa Guillaume propose ainsi une installation de sculptures de nageoires de poissons et d’ailerons qui renvoie à des animaux mutilés, tandis que Lara Tabet, médecin biologiste et artiste, donne à voir un atlas intitulé Regnum Marine.
“C’est un répertoire, un inventaire d’images qu’elle a collectées à différents endroits lors d’une mission entre Pointe-à-Pitre et le Sénégal. Son œuvre fait la cartographie d’espèces planctoniques qu’elle représente selon une écriture photographique qui ressemble à des hiéroglyphes, des signaux”, détaille José-Manuel Gonçalvès, le directeur du CENTQUATRE-PARIS.
Alors que les connaissances sur l’Océan sont principalement façonnées par des récits de fiction dans l’imaginaire collectif, la collaboration entre le CENTQUATRE-PARIS et la Fondation Tara Océan ouvre des portes scientifiques et poétiques sur ces eaux qui recouvrent plus de 70 % de la surface de la Terre. Finalement, “La Grande Expédition” affiche un objectif simple mais majeur : “Que chacun prenne conscience que la planète est constituée majoritairement d’un océan, et de ce que cet océan représente dans nos vies”, résume José-Manuel Gonçalvès.
“La Grande Expédition” est visible du 16 novembre 2024 au 2 mars 2025 au CENTQUATRE-PARIS.
Konbini, partenaire du CENTQUATRE-PARIS.