“Pour ce mois d’Halloween, la rédaction de Konbini vous prépare une série horrifique. Des creepypastas aux films d’horreur méconnus, en passant par des malédictions venues d’ailleurs, un article quotidien vous fera frissonner jusqu’au jour des morts.”
Côté cinéma d’horreur, nous avons cherché à vous proposer une sélection un peu plus originale que celles que vous verrez ailleurs, en tout cas avec des films plus surprenants et rares. C’est pour ça que l’on attaque ce Spooktober cinéphile avec A Girl Walks Home Alone at Night, un long-métrage iranien horrifique, de vampires, en noir et blanc, féministe et en persan.
Cela vous fait peur (et pas dans le bon sens du terme) ? Faites-nous confiance, vous allez comprendre pourquoi c’est un grand film, accessible, fort et qui fait une parfaite mise en jambes halloweenienne.
Une petite anomalie dans le cinéma iranien
Globalement, nous ne regardons pas assez de films du Moyen et Proche Orient. Il y a pourtant des pépites — ce n’est pas Marjane Satrapi qui vous dira le contraire. Même dans le cinéma Iranien, qui demeure le plus connu, on ne retient souvent qu’Abbas Kiarostami ou Ashgard Farhadi — et ce malgré les pépites récentes, à savoir La Loi de Téhéran et Leila et ses frères (tous deux du même cinéaste, Saeed Roustaee), mais aussi Les Nuits de Mashhad ou encore Hit The Road. Si on regarde plus près, on peut y trouver des choses qui sortent des sentiers battus dans ces pépites dramatico-comiques.
C’est ainsi que sans crier gare, Ana Lily Amirpour (qui a par la suite réalisé The Bad Batch pour Netflix et le film Mona Lisa and the Blood Moon), une cinéaste britannique d’origine iranienne, a sorti son premier long en 2014, A Girl Walks Home Alone at Night. Revenons un peu plus longuement sur la description faite en introduction.
Pour commencer, il s’agit d’un film d’horreur. Enfin, un film de genre (si cette expression veut vraiment dire quelque chose). Or, on ne va pas se mentir : du côté du cinéma iranien, c’est extrêmement rare. Voire un cas unique. Dans ce sens, si vous trouvez que ce cinéma est particulièrement riche, A Girl Walks Home Alone at Night est une curiosité à ne pas rater.
D’autant plus qu’il semble être une anomalie dans la matrice. Si vous vous penchez sur l’histoire récente du cinéma iranien, qui est clairement l’un des plus excitants du moment, vous comprendrez très vite qu’il est très difficile de tourner en Iran. Souvenez-vous de ce que nous racontait Zahra Ami Ebrahimi il y a quelques semaines sur l’impossibilité de faire des tournages sur place sans subir la censure.
Or, ce que raconte A Girl Walks Home Alone at Night, c’est justement la misogynie de la société iranienne, du harcèlement subi par les femmes. Cette vampire est la métaphore de la vengeance des femmes, dans cette culture où la loi ne règne plus pour personne. Car cette vampire ne tue que des hommes ayant agressé ou abusé de femmes. Le fait que cette entreprise ait pu être tournée en Iran ressemble à un petit miracle.
Le tout dans une enveloppe de film d’art et essai, en noir et blanc, qui va autant traîner du côté du film d’amour que de l’horreur pure. C’est sans parler de la BO, de la jeune “cool kid” qui écoute des vinyles, fait du montage et de la photo, qui fait de A Girl Walks Home Alone at Night un objet unique et réussi qui mérite toute votre attention et un bon moyen de démarrer ce mois d’octobre.
Si vous avez aimé, vous aimerez aussi : jetez un œil à Under the Shadow, autre film d’horreur iranien Netflix, qui a une structure et une mise en scène plus “mainstream”, mais qui parle de possession sur fond de guerre entre l’Iran et l’Irak.
A Girl Walks Home Alone at Night est disponible en VOD, et en DVD/Blu-ray (plus rares néanmoins).