La Française Julia Ducournau est devenue la deuxième femme à décrocher la Palme d’or à Cannes, a annoncé le président du jury Spike Lee dès le début de la cérémonie de remise des prix, prenant de cours les organisateurs.
À voir aussi sur Konbini
Spike Lee a fait cette annonce d’emblée, alors qu’il était censé annoncer le prix d’interprétation masculine. Julia Ducournau, récompensée pour Titane devient la deuxième réalisatrice couronnée de l’histoire du festival 28 ans après Jane Campion pour La leçon de Piano.
Cannes envoie un signal majeur d’ouverture en récompensant ainsi la benjamine de la compétition, 37 ans, et l’une des quatre seules femmes en compétition. Il récompense un cinéma transgressif et défricheur, empreint de féminisme.
Le film, avec une nouvelle venue bluffante, Agathe Rousselle, et l’acteur français Vincent Lindon, est furieusement contemporain et mêle à base d’hybridation femme/machine, d’amour pour les voitures et de quête de paternité. C’était le plus violent et trash de la compétition.
“Un de mes buts a toujours été d’amener le cinéma de genre ou des films ‘ovniesques’ dans des festivals généralistes pour arrêter d’ostraciser un pan de la production française”, a déclaré à l’AFP Julia Ducournau pendant le festival. “Le genre permet aussi de parler de l’individu et très profondément de nos peurs et de nos désirs”.
Titane s’ouvre par un accident de voiture dont est victime le personnage principal, Alexia, dans son enfance. Son père est au volant, elle manque de mourir et ne doit sa survie qu’à une plaque de titane qu’on lui insère dans le cerveau et qui se devine au-dessus de son oreille.
On la retrouve jeune adulte, jouée par une actrice débutante mais bluffante, Agathe Rousselle. La jeune fille fait littéralement l’amour avec des voitures, hommage à Crash de David Cronenberg, et tue des hommes, façon Sharon Stone dans “Basic Instinct” mais au pic à cheveux. Son corps est comme hanté par une masse de métal qui grandit dans son ventre tandis qu’elle sue et saigne de l’huile de moteur.
En fuite après ces meurtres, Agathe Rousselle, fera la connaissance de Vincent (Vincent Lindon), pompier qui entre deux piqûres de testostérone dans la fesse pleure son fils disparu enfant. Il peut lui offrir un refuge, elle peut réparer sa perte: sur une “terre brûlée”, un “amour inconditionnel” va naître, avait expliqué à l’AFP la réalisatrice qui joue volontiers avec l’esthétique viriliste des pompiers ou du tuning.
La réalisatrice avait déjà laissé un souvenir mémorable à Cannes avec son premier long-métrage, Grave, une histoire brute de décoffrage d’étudiante en médecine vétérinaire qui devient cannibale, qui lui permettait de devenir la cheffe de file d’un renouveau du film de genre tricolore.
Nous l’avions rencontrée peu avant sa venue à Cannes, pour parler de son cinéma, de la manière dont elle écrivait et pensait ses films :
De l’autre côté de l’Atlantique, la réalisatrice a été adoubée par un maître de l’épouvante, Night Shyamalan, qui lui a confié la réalisation de deux épisodes de sa série Servant et a déclaré ensuite qu’elle avait “tout déchiré”.
Konbini avec AFP