On vous a trouvé sept bonnes raisons d’aller voir Batman v Superman. Si, si.
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Une note de 29 % sur Rotten Tomatoes, 2,6/5 côté presse sur AlloCiné, des critiques acerbes, des déclarations difficiles, un Ben Affleck qui a même du mal à s’en sortir en interview à la question des réactions à la sortie des projections presse : le moins que l’on puisse, c’est qu’une semaine après sa sortie, Batman v Superman a surpris son monde. Le dernier rejeton de DC Comics a divisé le public, entraînant même une pétition sur Internet demandant à ce que Zack Snyder ne réalise pas le film Justice League. Bref, c’est la merde.
Huit jours après sa sortie, on a tenté de trouver sept points forts – comme les merveilles, lol – à un film qui restera, quoi qu’il arrive, dans les annales des productions de super-héros.
1. Batman qui vole : oui
“Encore, putain.” Voilà la réaction qu’ont dû avoir nombre de spectateurs au début du film. Et ce n’est pas étonnant si tout le monde a eu cette pensée à la seconde où l’on voit, comme dans un vieux film des années 1950, un Bruce Wayne enfant, accompagné de ses parents, sortir paisiblement d’un cinéma.
On sait exactement ce qu’il va se passer : un criminel qui sort de l’ombre, la demande d’argent, les coups de feu qui retentissent, le collier qui perd ses perles une à une sur le sol mouillé de Gotham. Ouais. On l’avait déjà vu, que ce soit il y a vingt-sept ans dans le Batman de Tim Burton, il y a dix ans dans Batman Begins (là, plus classes, ils sortaient d’un opéra) ou voilà un an dans la série Gotham. Sans compter les 10 000 autres occurrences visuelles du futur super-héros.
Mais cette fois-ci, l’histoire se poursuit, Bruce Wayne, toujours aussi jeune, prenant la fuite dans les bois. Comme dans Batman Begins, et aussi maladroit qu’un phoque, il tombe dans un puit. Comme dans Batman Begins, il est effrayé par une horde de chauve-souris qui viennent lui foutre la trouille de sa vie. Mais cette fois-ci, l’action est rêvée. Cette fois-ci Bruce Wayne, qui parle en voix off et raconte un rêve, voit son corps s’élever, comme aidé par les monstres dont il n’a plus peur. Un chouette raccourci de la maîtrise de sa partie obscure, oui.
Et pas seulement. Car pour rappel, on est dans un film qui s’appelle Batman v Superman. Et voir Batman, même en rêve, voler, ça n’a pas de prix.
2. Man of Steel à taille humaine
La fin de Man of Steel, prémices de Batman v Superman, était bordélique à souhait, l’incarnation d’un cinéma hollywoodien qui, dépassé par ses super-héros, n’arrivait plus à les suivre, tant il dépassait de l’écran, leurs muscles et pouvoirs (ici ceux de Superman et Zod) trop évolués pour être contenus dans les cadres des objectifs.
Comme pour mieux répondre scénaristiquement et, surtout, visuellement, à la démesure de la fin de Man of Steel, qui voyait, référence poussée au 11 Septembre, des bâtiments de Gotham s’effondrer comme un château de cartes et laissant des tonnes de poussière dans les rues, Zack Snyder introduit Batman à échelle humaine au début de Batman v Superman.
Face aux vaisseaux, un vieux 4 x 4 essayant tant bien que mal de naviguer dans les rues, entre épaves et vitres qui éclatent. L’impuissance d’un super-héros sorti de sa cave face à la puissance dévastatrice d’un alien qui, sans faire exprès, et de son regard de laser, coupe en deux un gratte-ciel appartenant au prince de Gotham. À travers une folle course-poursuite, et en laissant quelques contre-champs impressionnants au-dessus de la ville, Zack Snyder introduit à la perfection le dilemme de Batman v Superman : l’impuissance de l’homme face à la possibilité d’un dieu dit “bienveillant”, mais responsable de milliers de morts.
Et une fillette de montrer du doigt à Bruce Wayne là où sa mère était (vers le haut d’un immeuble). Et la caméra, lentement, de s’élever au-dessus des deux personnages, devenant de plus en plus petits. Des fourmis pour des super-héros gargantuesques. Une belle mise en situation.
3. Une mise en scène intelligente
Lorsqu’on voit pour la première fois Batman v Superman, on peut en ressortir avec un sérieux goût de trop plein d’effets spéciaux dans la bouche. Au deuxième visionnage, on comprend mieux là où voulait en venir Zack Snyder. D’une, les scènes de combat sont limitées. On en compte trois, pas plus : celle de Batman essayant désespérément de s’emparer de la kryptonite, celle du combat de Batman contre Superman, puis des prémices de la Justice League contre Doomsday.
Aussi, le cinéaste, habitué aux grosses productions, n’hésite pas à jouer de la rapidité du montage pour mieux installer des plans au ralenti. En témoigne la première rencontre de Batman et Superman dans la première moitié du film. Le Chevalier noir, qui tente tant bien que mal de récupérer la kryptonite avec une Batmobile surpuissante, voit sa course être stoppée nette par… un Superman planté comme un pion. On voit alors les deux visages en slow motion, l’un, arrogant, de Henry Cavill, l’autre, presque étonné, de Ben Affleck.
4. Batman, un héros (ENFIN) agile
Zack Snyder filme Batman pour la première fois de sa vie. Quatre ans après The Dark Knight Rises et la fin de la trilogie Nolan, le voilà en charge de l’identité visuelle de DC Comics avec, dans ses mains, les deux plus grands super-héros de l’écurie concurrente de Marvel. La pression se compte en milliards de dollars. La pression se compte aussi moralement : devoir succéder au réalisateur Christopher Nolan – “executive producer” de ce film – quand on reprend une histoire qui a pris près sept ans de sa vie, on fait carrément attention.
Mais on a aussi la possibilité de donner une autre image du super-héros. Dans la trilogie Nolan, Batman est terre-à-terre. Mou. Lent. Costaud, avec un bon mètre quatre-vingt pour Christian Bale, mais lent, car ses ennemis ne volent pas. Ses combats ne sont pas rapides. Ils sont étudiés, malins, presque intellectualisés. Afin de donner un aspect “puissant”, Christopher Nolan use de peu de plans de coupe pour suivre les coups de masse de son Batman face à Bane. Face au Joker, du haut de son immeuble, même topo.
Zack Snyder s’en fout. À lui les combats rapides, osés, avec un même un méchant dont la tête finit, comme une autruche, entre deux planches de bois d’un entrepôt. Et ça, après la lenteur de Bale et la pâle efficacité des scènes de corps à corps dans les Nolan, c’est jouissif :
Une agilité qui permet aussi à Batman, foutrement impuissant, d’échapper comme un lâche à la rapidité du monstre Doomsday dans Batman v Superman.
5. Batman, cet cenfoiré de première
Vous l’aurez noté : ce Batman là (oui, encore lui), est franchement sombre. En d’autres mots, et sans prendre de pincettes, c’est un bel enfoiré.
Il se dit lui-même “criminel” devant un Alfred à deux doigts de s’étrangler, dépoussière tous les soirs sa cave à vin, couche avec des mannequins qu’il oublie du jour au lendemain (celle qui était dans son lit, là, c’est qui déjà ?), prend de haut une Wonder Woman en civil qui le jette en un regard, marque au fer rouge les méchants qui se trouvent sur son passage (une marque qui signe leur arrêt de mort en prison), fait croire qu’il n’a pas trouvé les chiottes alors qu’il est dans les salles des serveurs de Lex Luthor, utilise un logiciel d’espionnage façon NSA (si, si, quand il scanne l’entrepôt et qu’Alfred, au calme, le dépose en Bat-avion) et le fait en toute conscience (a contrario du Batman de The Dark Knight qui préfère le détruire sous la responsabilité de Morgan Freeman).
Pas étonnant, avec tout ça, que Bruce Wayne fasse quelques cauchemars la nuit.
6. La possibilité d’un Superman machiavélique
L’une des meilleures parties de Batman v Superman revient au rêve (putain, encore lui ?) de Bruce Wayne. Alors qu’il s’endort devant son écran d’ordinateur, craquant des données qui ne lui appartiennent pas, on le retrouve sur une Terre dystopique gouvernée par un Superman franchement flippant.
À la recherche d’un échantillon de kryptonite, Batman se fait piéger par une armée de mecs en brassards siglés “Superman”, façon garde rapprochée fasciste armée jusqu’aux dents, jusqu’à se retrouver, prisonnier, face au super-héros, les yeux rouge de colère, tuant au laser deux mecs qui se retrouvaient aux côtés de la chauve-souris et, ça c’est pas très Charlie, enfonçant sa main au niveau de son cœur.
Jusqu’à cet instant, le spectateur avait en tête une vision idéalisée de Superman : un être angélique, grand, le plus fort des hommes, sauvant des chèvres en détresse, remettant sur le droit chemin des trains en sortie de rail et venant au secours de n’importe quel habitant de Metropolis.
À travers cet interlude sombre, Zack Snyder émet la possibilité visuelle d’un Superman dictateur, usant de son pouvoir pour tuer après la disparition d’un être cher (Martha, c’est encore toi ?). Une belle imagination cinématographique qui nous donne envie – coucou le tombeau qui se réveille façon Inception – de voir la suite et de croire, encore, en la non-mort de Superman.
7. Le Joker, ce freak
Batman n’est pas tendre avec ses anciens ennemis, même ceux qui ont fait la gloire de Christopher Nolan. Lors de sa petite discussion autour d’un petit four avec Superman en personne – toujours aussi peu reconnaissable quand il met ses fameuses lunettes carrées et noires – le voilà en train de critiquer le méchant le plus iconique de l’univers DC Comics, aka le Joker, le traitant de “freak dressed like clowns” soit un “taré vêtu en clown”.
Par deux fois, Zack Snyder fait aussi référence à The Dark Knight. Une première en établissant une partie de la course-poursuite entre Batman et la kryptonite qui lui échappe dans un tunnel – coucou. Une deuxième, cette fois-ci sonore, peut être entendue quelques secondes après lors du dérapage de la Batmobile de Batman. Elle fait exactement le même son que les dérapages… de la Bat-Pod.