Chaque année, l’été ramène avec lui la canicule, les longues soirées et la saison des mariages. Les photographes reprennent du service dans des cérémonies souvent organisées au millimètre près, pour immortaliser des robes blanches, des costumes impeccables, des baisers contre le tronc d’un arbre et des pièces montées.
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Mais parfois, quelque chose se glisse dans les rouages d’une soirée préparée depuis des mois, voire des années, et vient tout faire foirer. Retour sur ces ratés, ces coups de pression et ces étrangetés qui font le sel de ces événements sous le signe de l’amour.
“J’ai fait pleurer la mariée.” – Thomas Vergeylen
“En 2020, en plein Covid-19, tous mes mariages avaient été annulés ou reportés, sauf un. Avec tout ce qu’il se passait, j’ai oublié de poser certaines questions aux marié·e·s comme je le fais habituellement, pour mieux les connaître. Le mariage débute, tout se passe super bien, il fait beau et l’ambiance est bonne. Au moment des photos de groupe, je demande à la mariée d’appeler ses parents pour une photo.
Ce que je ne savais pas, c’est qu’ils étaient décédés quelques semaines plus tôt à cause du Covid. Un silence s’est fait, j’ai senti le malaise s’installer et la mariée a commencé à pleurer. Des proches m’ont isolé du groupe pour me faire comprendre que j’avais manqué de professionnalisme. Ça restera la honte de ma vie et, désormais, je n’oublie jamais de prendre du temps pour apprendre à connaître les marié·e·s que je photographie.”
“La mariée a fait son entrée sur des sons de gun et de moteurs.” – Sébastien Plouzennec
“Il y a quelques années, j’ai couvert un mariage à la mairie en petit comité. Il était prévu que le marié et les invité·e·s s’installent dans la mairie et que la mariée fasse une entrée en musique. L’un des témoins était chargé de lancer une chanson sur une enceinte depuis une vidéo YouTube, ce qu’il a fait.
Sauf qu’au lieu de lancer une vidéo purement musicale, il a diffusé le clip, qui commençait par une intro à base de bruits de moteurs, de dérapages et de coups de feu. Trop stressée pour s’en rendre compte, la mariée a fait son entrée dès qu’elle a entendu du son et a marché vers son futur époux sous une salve de sons de gun. Quand la chanson s’est lancée, elle était déjà face à l’adjoint au maire depuis de longues secondes. Tout le monde était extrêmement gêné.”
“La mariée a fait son entrée en pleurs, le visage dégoulinant de mascara.” – Aude Schalk
“En 2019, j’ai couvert un mariage en pleine canicule. Mais entre le stress, la chaleur et son corset trop serré, la mariée n’a pas résisté et est tombée dans les vapes juste avant de faire son entrée dans la salle de réception avec son mari. Les pompiers voulaient tout annuler et l’embarquer aux urgences car ses constantes n’étaient pas rassurantes.
Mais les marié·e·s, tous les deux en pleurs, ne voulaient pas arrêter la cérémonie. Un peu d’eau sucrée et un coup d’éventail plus tard, elle s’est redressée, à moitié sonnée, pour faire son entrée coûte que coûte. Je m’en souviendrai toute ma vie, son mascara avait coulé partout sur son visage, c’était rock’n’roll.”
“J’ai perdu les alliances des marié·e·s.” – Titouan Rimbault
“J’aime bien prendre en photo les alliances seules en macro, sur une feuille, de la mousse, une pierre… Pour un jeune couple dans un joli domaine, j’ai pris les alliances et je suis allé dans le petit jardin situé derrière la grange, où j’avais repéré un petit arbuste sympa.
J’ai commencé à positionner les alliances sur une feuille et ce qui devait arriver arriva : les alliances sont tombées dans un amas de feuilles séchées qui était là depuis des saisons et des saisons. J’ai cherché, je me suis mis à quatre pattes et j’ai remué le tas, tout en sachant que plus je bougeais les feuilles, plus les bagues s’enfonçaient.
Un témoin qui passait a vu ma détresse et est venu me donner un coup de main. On les a retrouvées au bout de cinq minutes, mais ça m’a paru une éternité. Je ne l’ai raconté aux marié·e·s que lors de la remise des images quelques semaines plus tard, pour ne pas leur rajouter de stress. Ils étaient légèrement énervés au début, mais trois secondes plus tard, ils se sont mis à rigoler.”
“Je me débarrassais des pseudos photographes en les laissant prendre des photos ratées.” – Laurent
“J’ai commencé par des mariages dans les années 1980, et à l’époque, j’utilisais des pellicules de 12 poses, donc il ne fallait pas se planter. On n’avait pas encore de téléphone portable, et il y avait toujours un petit malin qui essayait de faire sa photo à côté de moi, une fois que j’avais passé 30 minutes à mettre en place les gens pour des photos de groupe.
C’est une astuce classique, mais je m’arrangeais pour faire mes photos en contre-jour : un photographe professionnel ou averti est capable de compenser le contre-jour avec un flash pour redonner de la lumière sur les visages, mais le type qui avait l’équivalent d’un Instamatic était planté et s’en sortait avec des photos toutes noires. Je le faisais assez régulièrement, ça m’évitait d’avoir à jeter les gens !”
“Une inconnue s’est incrustée au mariage.” – David Blateyron
“À l’occasion du mariage d’un jeune couple anglais, une petite mamie est venue se coller à moi pour photographier le couple. Malgré mes tentatives de dissuasion, elle persistait à se mettre constamment juste devant les marié·e·s pour les prendre en photos. J’ai fini par en faire un jeu en lui disant de me suivre et d’être toujours derrière moi pour être bien placée, ce qui était en réalité un moyen d’éviter qu’elle ne soit sur toutes mes photos.
Elle m’a littéralement suivi pendant tout le cocktail, puis m’a remercié au bout de deux heures pour ma gentillesse. Quand j’en ai parlé aux marié·e·s lors de la remise des images, ils m’ont dit qu’ils ne connaissaient absolument pas cette personne. Nous ne saurons jamais qui était cette paparazzi, ni ce que sont devenues ses photos.”