Kirk Douglas est mort à 103 ans, emportant avec lui l’histoire entière du cinéma. L’acteur mythique a bien sûr joué dans Spartacus, Les Sentiers de gloire ou encore 20 000 lieues sous les mers. Mais sa carrière a traversé cinq décennies sans sourciller, devenant le dernier monstre sacré d’Hollywood.
À voir aussi sur Konbini
Afin de mieux appréhender cette incroyable traversée des époques, voici cinq films moins souvent cités mais tout aussi importants pour des raisons différentes, montrant toutes les facettes du jeu d’acteur de Kirk Douglas et son influence grandissante.
Ace in the Hole (1951), de Billy Wilder
Billy Wilder réalise ce film très noir juste après le succès de l’incroyable Sunset Boulevard. Pourtant il s’agira de son plus gros échec commercial. Ace in the Hole raconte l’histoire d’un journaliste opportuniste abonné à la rubrique des faits divers futiles. Joué par Kirk Douglas, il va découvrir par hasard un homme coincé dans une crevasse et va en faire un succès éditorial en repoussant son sauvetage et créant quasiment l’histoire.
Wilder et Douglas ont construit le futur Night Call avec Jake Gyllenhaal. Ils ont surtout prédit la toute-puissance des médias, des réseaux sociaux et du voyeurisme dans la société d’après guerre où l’actualité est devenue plus importante que la réalité. Très cynique et sombre, Ace in the Hole est aussi une énorme critique du maccarthysme extrême du début des années 1950. Il marque l’engagement sans faille de Kirk Douglas comme “plus gros emmerdeur d’Hollywood”, comme le nomme la profession. Kirk Douglas gardera cet esprit frondeur dans un des films les plus importants de sa carrière, le très politique Seven Days in May de John Frankenheimer avec son pote Burt Lancaster qui déconstruit tout l’anticommunisme de bas étage de la guerre froide.
Lonely are the Brave (1962), de David Miller
Kirk Douglas est aussi connu pour ses innombrables westerns devant la caméra d’Howard Hawks, John Sturges ou Robert Aldrich. Ce genre lui a apporté parmi ses plus grands succès comme Gunfight at OK Corral, The Big Sky ou There Was a Crooked Man. Mais c’est un film qu’il va produire lui-même en 1962 qui va redéfinir sa carrière : Lonely are the Brave, Seuls sont les indomptés.
L’histoire se déroule durant les années 1960 au Nouveau-Mexique. Kirk Douglas y joue John W. Burns, un cow-boy qui ne veut pas se soumettre aux contraintes du monde moderne. Le scénario est signé de son ami Dalton Trumbo qu’il impose partout depuis Spartacus malgré son bannissement d’Hollywood pour communisme. Kirk en fait une fresque sur les inadaptés, ceux que la société laisse sur le bord de la route. Quelque part, Kirk Douglas, Dalton Trumbo et David Miller réalisent un film sur les vétérans du Vietnam, avant même que la guerre ne commence. Kirk Douglas a annoncé que Lonely are the Brave était son film préféré de toute sa carrière. Une œuvre vraiment touchante et personnelle qui enterre le genre du western hollywoodien en même temps qu’une certaine vision du rêve américain.
The Heroes of Telemark (1964), d’Anthony Mann
Kirk Douglas est aussi abonné aux grandes épopées grandiloquentes comme Spartacus, 20 000 lieues sous les mers ou Les Vikings de Richard Fleischer. Mais un peu moins connu, Kirk a aussi été le rôle principal d’un très bon film de guerre des années 1960 à ranger à côté de Quand les aigles attaquent ou Les canons de Navarone.
Les Héros de Télémark (en français) traite de la résistance norvégienne avec beaucoup de détails, notamment sur tout le sabotage de la production d’eau lourde qui devait servir au régime nazi à créer la bombe atomique. Les paysages sont très enneigés et Kirk fait souvent du ski, ça suffit déjà beaucoup à en faire un très bon film du genre.
The Fury (1978), de Brian de Palma
En 1978, Kirk Douglas se frotte à un nouveau genre avec un spécialiste, Brian de Palma. Avec The Fury, le réalisateur du nouvel Hollywood cherche un après Carrie, entre fantastique, horreur et suspense à la Hitchcock, son modèle.
Kirk Douglas y joue un père qui découvre une machination gouvernementale pour enlever son fils parce qu’il a un pouvoir, la télékinésie. Accompagné de John Cassavetes et Amy Irving, un Kirk vieillissant obtient là un de ses derniers rôles marquants. Film plutôt mineur dans la carrière de De Palma, The Fury a pourtant toutes les très bonnes qualités de sa mise en scène, extrêmement angoissante avec un twist final du plus bel effet. L’entrée de Kirk dans le genre de la science-fiction horrifique se fait par la meilleure porte possible.
The Final Countdown (1980), de Don Taylor
Ce film fantastique raconte le parcours du Nimitz, navire de guerre des années 1980 propulsé en pleine attaque de Pearl Harbor grâce à un énorme orage électrostatique.
Pas vraiment un chef-d’œuvre, ce film a pourtant marqué les esprits pour son scénario hyper original, son traitement de la guerre et la performance de Kirk Douglas dans un de ses derniers rôles marquants.
Pour finir cette sélection, un superbe discours transformé en spectacle des amis de toujours, Burt Lancaster et Kirk Douglas. Les deux stars ironisent alors en 1958 sur leur non-nomination aux Oscars cette année-là. Kirk Douglas a obtenu cette fameuse récompense en 1995 uniquement, avec un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. Il méritait bien plus pour tous ces films très importants.