Oumar, Ousmane et Fodé, comme une vingtaine d’autres jeunes majeurs étrangers, arrivés mineurs d’Afrique, sont allés à l’école, ont appris un métier, avaient un travail. Mais à l’été 2022, ils ont reçu une OQTF, pour “obligation de quitter le territoire français”. Ils ont déposé des recours devant le tribunal administratif. Pour le moment, ils attendent.
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Mais pour Oumar, Ousmane et Fodé, l’histoire est un peu différente. Le collectif Réseau éducation sans frontières des Ardennes (RESF) dénonce dans un communiqué :
“Tragique ironie de l’histoire, et de l’Histoire : ceux, qui par leur participation au film avaient permis de rappeler l’ingratitude de la République française vis-à-vis de ceux qui ont dû combattre pour elle, sont aujourd’hui les victimes de ce qu’on peut considérer comme une autre forme d’ingratitude.”
Tragique ironie car les trois jeunes hommes, ainsi qu’un autre dont le nom nous est pour l’instant inconnu, ont été figurants sur le film Tirailleurs, de Mathieu Vadepied, tourné dans la région, avec Omar Sy dans le rôle d’un tirailleur sénégalais à l’épreuve de la Grande Guerre, sur le front des Ardennes. Eux-mêmes sont “petits-fils de tirailleurs, arrière-petits-fils de tirailleurs, jouant dans un film sur les tirailleurs, et aujourd’hui obligés de partir”, dénonce Amélie Lambert, membre du collectif RESF, au micro de France Bleu.
Ils ont des CAP ou bac pro en électricité, peinture ou restauration, des métiers considérés “sous tension”, ils sont soutenus par des associations mais aussi par des chefs d’entreprise. Contactée par France Bleu, la préfecture des Ardennes a indiqué qu’il n’y avait plus qu’un seul dossier en cours d’instruction, mais ignore pour le moment le résultat des décisions prises concernant les trois autres.
En début d’année, le gouvernement français a annoncé que la vingtaine des derniers tirailleurs sénégalais encore en vie pourront rentrer dans leur pays d’origine tout en touchant le minimum vieillesse.