Prohibés depuis trente-cinq ans, les cinémas saoudiens vont à nouveau ouvrir leurs portes, malgré l’opposition des religieux ultraconservateurs.
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L’année 2018 sera synonyme d’ouverture culturelle en Arabie saoudite. En effet, comme le rapporte Le Monde ce lundi 11 décembre, le royaume va autoriser l’ouverture de salles de cinéma sur son territoire et délivrer quelques permis d’exploitation dès le début de l’année prochaine. Cette mesure, annoncée par le ministre de la Culture, Awad al-Awad, met fin à une interdiction instaurée il y a plus de trente-cinq ans.
En janvier, les salles de cinéma avaient été qualifiées, tout comme les salles de concert, comme des “lieux de dépravation” par le grand mufti. Ce dernier est la plus grande autorité religieuse du pays et donne son avis sur les affaires sociales et juridiques du pays. Le grand mufti avait notamment déclaré que ces lieux de divertissement “pourraient montrer des films libertins, obscènes, immoraux et athées car ils feront appel à des films importés pour changer [leur] culture”. Voyant dans l’autorisation des salles de cinéma “un appel à la mixité entre les sexes”, il avait appelé les autorités à “ne pas ouvrir la porte au diable”.
Soutenu par le prince héritier Mohammed ben Salmane, le gouvernement, qui fait face aux opposants ultraconservateurs, tente aujourd’hui d’offrir au public un accès à la culture, notamment aux concerts, aux spectacles et au septième art. Le ministre de la Culture a salué, dans un communiqué cette nouvelle proposition :
“C’est un moment clé dans le développement de l’économie culturelle dans le pays.”
Le cinéma saoudien existe pourtant déjà timidement à l’échelle internationale, avec des films comme Wadjda de Haifaa al-Mansour qui, en 2013, tentait sa chance aux Oscars dans la catégorie du meilleur film étranger ou The Poetess d’Andreas Wolff et Stefanie Brockhaus, présenté à la Semaine de la critique du Festival de Locarno. Plus récemment, rappelle l’AFP, Barakah rencontre Barakah de Mahmoud Sabbagh a été diffusé à la Berlinale 2016. Un premier film qui avait le courage de revendiquer un joli message de liberté :