En écoute : Metallica est de retour avec une réédition du Black Album (et des feats XXL)

En écoute : Metallica est de retour avec une réédition du Black Album (et des feats XXL)

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Plus de 50 artistes pour fêter les 30 ans d’une œuvre culte. Retour sur l’avènement d’un groupe historique.

Des morceaux d’un groupe de metal passent aux heures de grande écoute : c’est la révolution engendrée par le Black Album de Metallica, dont on fête les trente ans avec deux disques évènements. “Ça tournait en boucle sur les radios, ma sœur – qui n’était pas et n’est toujours pas une fan de metal – avait l’album et j’ai entendu parler d’eux la première fois comme ça”, se souvient pour l’AFP Ben Barbaud, patron du Hellfest. La boucle est bouclée : son festival français de metal à l’aura internationale programme en juin 2022 le quatuor californien.

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Le groupe, issu du trash metal, branche extrême, lève le pied avec ce disque sorti mi-août 1991, alors que la concurrence plonge dans la course à l’armement (jouer toujours plus vite, toujours plus fort). Et voilà les tubes instantanés, “Nothing Else Matters”, ballade inconcevable pour les puristes du trash, “The Unforgiven” et ses grosses guitares aux accents à la Morricone, ou encore “Enter Sandman”, comptine dévoyée aux riffs imparables.

Metallica soulève dès lors des stades remplis avec un public aussi venu du rock et plus seulement du metal. “Metallica a brisé le plafond de verre, ils deviennent des super rock-stars à partir de ce moment, fédérateurs : ils ne sont qu’une poignée de groupes comme ça, eux viennent du metal, on peut citer AC/DC qui vient du hard-rock”, synthétise Ben Barbaud.

Comme George Michael

“Il n’y a pas que des guitares tronçonneuses, ça pense, c’est pour ça que cet album est resté chez beaucoup de gens, a perduré”, renchérit pour l’AFP le puncheur-électro SebastiAn. L’artiste a été sollicité pour participer à l’album-hommage The Metallica Blacklist (avec une cinquantaine d’invités, de Miley Cyrus à Dave Gahan, leader de Depeche Mode), sorti vendredi aux côtés de la version remastérisée du Black Album. Pour rappel, ce 5e opus du groupe s’intitulait au départ sobrement “Metallica” mais est resté dans l’histoire sous ce nom par sa pochette noire.

SebastiAn offre la relecture la plus originale de Metallica avec “Don’t Tread On Else Matters”, collision jouissive de “Don’t Tread On Me” et “Nothing Else Matters”. Passé dans ses éprouvettes électro, le chanteur-grogneur James Hetfield sonne d’abord comme… George Michael sur fond disco ! Tour de passe-passe que SebastiAn réussit en isolant des pistes – voix et certains instruments – avant d’offrir une deuxième partie symphonique majestueuse puis un final rentre-dedans.

Le morceau obtenu n’a rien d’une pochade et révèle la richesse des arrangements des “Four Horsemen” (“les Quatre Cavaliers”), un des surnoms du groupe. “Quand j’ai demandé les pistes, j’en attendais 10-15 par morceaux, j’en ai reçu 100 par morceaux ! C’est léché partout, ça contredit les a priori sur le metal”, décrypte SebastiAn.

Plus de 30 millions d’albums vendus

Une observation qui permet d’évoquer la genèse du “Black Album” sous la direction du producteur Bob Rock, architecte du son. Ce Canadien au nom rêvé “applique la vieille recette du crossover” avec des “sons trash agressifs infiltrés de sonorités pop” comme l’écrit Nicolas Dupuy dans l’ouvrage Take One, les producteurs du rock.

Non sans mal. Les premiers mois d’enregistrement sont électriques dans tous les sens du terme… Il faut regarder l’hilarant et passionnant A year and a half in the life of Metallica (“Un an et demi dans la vie de Metallica”), making-of filmé. Hetfield feuillette ostensiblement des revues porno en studio quand Rock livre ses consignes, le guitariste solo Kirk Hammett boude et quitte les séances avant de revenir. Le batteur Lars Ulrich tente de jouer les médiateurs dans un tourbillon de “fuck” et “fuckin'” (“putain”, “merde”, etc).

Rock en a vu d’autres, comme avec Mötley Crüe, gang cumulard en clichés sexe/drogues/rock’n’roll. “J’en ai plus rien à foutre”, lance un jour le producteur aux chevelus de Metallica, jambes croisées sur sa table de mixage. Son technicien-adjoint, blême, ronge ses ongles. “Non, je ne crois pas”, rétorque Hetfield, amusé derrière sa moustache de viking. Le bras de fer débouche sur 30 millions d’albums vendus, record pour un groupe de metal.

Konbini avec AFP