175 ans de photos dans 2 000 mètres carrés : cette expo photo nous balade à travers l’histoire

175 ans de photos dans 2 000 mètres carrés : cette expo photo nous balade à travers l’histoire

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© Helen Levitt/Film Documents LLC/Thomas Zander, Cologne

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Par Konbini avec AFP

Publié le , modifié le

Une expo qui vise à comprendre comment "les avancées techniques ont permis aux photographes de conquérir l’esthétique".

Des tout premiers clichés jusqu’à l’invasion de la couleur, en passant par les premières images de la Lune : le Centre Pompidou-Metz accueille depuis le 13 juillet dernier une balade esthétique à travers deux siècles d’histoire de la photographie. “C’est un rêve d’avoir Chiara Parisi [la directrice du Centre Pompidou-Metz] qui vient vous voir pour vous proposer de réaliser une expo photo sur 2 000 mètres carrés”, confie le commissaire de l’exposition Sam Stourdzé, spécialiste de la photographie.

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Plus de 250 œuvres, prêtées par une quarantaine d’institutions, et toutes des originales, retracent l’histoire de la photographie dans une “grande promenade esthétique”, selon Sam Stourdzé. On y découvre les premiers clichés des années 1850 jusqu’à des œuvres de 2024. Le défi semblait ardu, dit-il. “Ça se serait plus vu sous forme de livre que sous forme d’exposition, tant réunir autant de chefs-d’œuvre est difficile.”

Le but, pour le commissaire de l’exposition, n’était pas de réaliser une “relecture technique de la photographie” à travers les décennies, voire les siècles, mais plutôt de “voir comment les avancées techniques ont permis aux photographes de conquérir l’esthétique”. “La grande force de Sam Stourdzé, c’est de parler de l’image en mouvement mais de l’immobilité aussi de l’image”, salue Chiara Parisi, évoquant une exposition “pleine de poésie, d’imaginaire”.

Des “conquêtes” en trois temps

La notion de défi ou de conquête est présente tout au long du parcours. L’exposition, baptisée “Voir le temps en couleurs – Les défis de la photographie”, se déroule en trois étapes : la conquête “du voir”, la conquête “du temps”, puis celle de la couleur. Le besoin de reproduire le réel n’est pas récent, comme le montre au début du parcours une copie de la Joconde vieille de 300 ans. Quant à la photo, à ses débuts, elle restait la fille de la peinture : le photographe Gustave Le Gray reproduisait en noir et blanc les chefs-d’œuvre des peintres de son temps.

Viennent ensuite les conquêtes de l’infiniment petit, avec des photos prises au microscope ou de pattes de crevettes, et de l’infiniment grand. “En allant sur la Lune ou en haut des montagnes comme le mont Blanc ou l’Everest, il fallait que la photo existe, il fallait une preuve”, rappelle Sam Stourdzé. L’Observatoire de Paris a prêté au musée messin les tout premiers clichés de la Lune, pris au télescope par les frères Henry, dans les années 1890. L’autre défi “majeur” était de “fixer le temps”, avec cette “conquête de l’instant” qui a permis de décomposer le mouvement, comme les grands panneaux chronophotographiques d’Étienne-Jules Marey (1882). La couleur s’impose avec Louis Ducos du Hauron, le premier à prendre une photo en couleur, en 1877. S’ensuivent les Archives de la planète d’Albert Kahn et les clichés aux “qualités esthétiques burlesques, excentriques et féministes” de Yevonde Middleton (années 1930), pionnière de la photo couleur en Angleterre.

Place de la photo

“Il y a trente ou quarante ans, il y avait encore un grand débat pour savoir si la photographie pouvait être considérée comme une œuvre d’art ou un document”, rappelle Sam Stourdzé. Désormais, la question est tranchée. D’autant que la “grande force de la photo”, pour lui, est qu’elle représente désormais “notre culture visuelle”. Sont exposées les photographies d’Harold Edgerton, où l’on voit une balle de fusil traverser une pomme (1964) ou encore son cliché “Milk Drop Coronet” (1957) d’une goutte de lait qui tombe sur une surface.

Si l’exposition débute par les reproductions photographiques de peintures, elle se termine à l’inverse par des peintures réalisées sur la base de photographies par Gerhard Richter dès le début des années 1960. Quant à la révolution numérique, Sam Stourdzé estime qu’il s’agit “d’une conquête de plus”, pas abordée dans l’exposition car il est “peut-être encore un peu tôt pour y lire les avancées esthétiques”.

L’exposition est visible jusqu’au 18 novembre 2024.